Ivan Lendl de retour dans sa ville natale

Ivan Lendl, photo: CTK

Même s’il ne s’agira que d’un match exhibition, c’est un grand moment de sport que vont vivre les amateurs de tennis à Ostrava ce vendredi. De retour dans sa ville natale trente ans après y avoir disputé son dernier match, Ivan Lendl va y affronter une autre légende du jeu, le Suédois Bjorn Borg. Les deux hommes ne se sont plus rencontrés depuis la finale de Roland Garros en 1981.

Ivan Lendl,  photo: CTK
Un an avant cette finale perdue (2-3) à Paris, la première de sa carrière dans un tournoi du Grand Chelem, Ivan Lendl avait encore disputé à Ostrava le championnat de Tchécoslovaquie. Depuis, le meilleur joueur tchèque de l’histoire n’a plus joué dans la ville industrielle de Moravie du Nord qui l’a vu donner ses premiers coups de raquette et dont il supportait à l’époque l’équipe de hockey sur glace.

Cette anomalie de l’histoire sera donc réparée vendredi. Dans la même salle où l’équipe de France s’est inclinée contre la République tchèque en Coupe Davis la saison dernière, 7 000 personnes vont assister aux retrouvailles entre Ivan Lendl et Bjorn Borg. Avant eux, deux autres monstres sacrés des inoubliables années 1980, le Slovaque Miloslav Mečíř et le Suédois Mats Wilander s’affronteront également. Mais tous n’auront d’yeux que pour Ivan Lendl, même si celui-ci se défend d’être la principale attraction à l’affiche :

« Ça fait très longtemps que je n’ai pas joué contre Bjorn et ça fait même très longtemps que je ne l’ai pas vu. Mais nous n’avons pas tellement joué l’un contre l’autre, nous n’en avons pas eu l’occasion. Bjorn a arrêté assez vite sa carrière, il n’avait que 26 ans, tandis que moi, j’étais encore jeune et je commençais la mienne. Je ne sais donc pas trop quoi attendre du match de vendredi. Mais une chose est sûre : même si Bjorn devait jouer seul, les gens devraient venir le voir. »

Longtemps handicapé par un dos douloureux qui l’a contraint à mettre un terme à sa carrière en 1994, Ivan Lendl, qui a fêté ses 50 ans en mars dernier, a disputé six matchs depuis son retour sur les courts au printemps sans encore remporter la moindre victoire. Il entend donc bien signer son premier succès devant les siens à Ostrava. Et pour y parvenir, Lendl, fidèle à sa réputation de professionnel à toute épreuve, a pris les choses très au sérieux. Non seulement il a maigri de 16 kilos, mais il a également passé toute la semaine écoulée en République tchèque, notamment afin de pouvoir s’entraîner. Car même si le résultat n’est plus une priorité absolue désormais, Ivan Lendl estime qu’il ne peut prendre du plaisir qu’en retrouvant un niveau de jeu digne de son immense palmarès et de son statut d’ancien indétrônable numéro un mondial :

« Cela faisait 15 ans que je n’avais plus joué. Je ne peux pas dire que je suis resté tout ce temps sans jamais tenir une raquette car je m’occupais parfois de l’entraînement de mes enfants. Mais bien entendu cela n’a rien à voir avec le fait de réellement jouer. Quand je m’y suis donc sérieusement remis, j’ai d’abord eu de très mauvaises sensations. Il m’a fallu six mois à raison de 2 à 3 entraînements par semaine pour que je recommence à bien sentir la balle, à la mettre au moins dans la direction souhaitée. Je ne parle pas ni de la vitesse, ni de la puissance, mais d’un minimum de précision. Mais je continue à progresser régulièrement, avec le temps, c’est de mieux en mieux. »

Dimanche dernier,  il a ainsi assisté à un match de Vitkovice,  l'équipe locale vice-championne en titre de République tchèque de hockey sur glace,  photo: CTK
Au-delà du tennis, Ivan Lendl a également cherché à se faire plaisir cette semaine. Dimanche dernier, il a ainsi assisté à un match de Vitkovice, l’équipe locale vice-championne en titre de République tchèque de hockey sur glace. Et c’est une évidence à le voir et à l’entendre en conférence de presse, Ivan Lendl se sent de mieux en mieux dans son pays d’origine. Naturalisé Américain en 1992, il réfléchit même à l’éventualité de demander un nouveau passeport tchèque. Il explique pourquoi :

« Je viens de plus en plus souvent ici. Je me plais bien dans ce pays dans lequel je suis né. Et j’aimerais venir encore plus souvent. Les gens me demandent souvent comment je me sens ici et je leur réponds que je me sens chez moi. Mais revenir à la maison avec un passeport américain est un sentiment étrange. En fait, je me sens comme un citoyen du monde qui est né en Tchéquie et qui vit aux Etats-Unis. »

En attendant d’obtenir éventuellement la nationalité tchèque, Ivan Lendl, qui affirme détester voyager, ne sait pas combien de temps durera son retour sur les courts. Jeudi, il a annoncé qu’il prendrait une décision sur la suite qu’il entendait donner à sa « nouvelle carrière » de joueur vétéran de tennis en milieu d’année prochaine. Une incertitude qui est une raison supplémentaire pour profiter de le voir une nouvelle fois à l’œuvre.