Le cinéma tchèque devrait bénéficier de financements publics
A côté des paillettes et des flashs des appareils photos qui vont de pair avec le rendez-vous cinéma annuel à Karlovy Vary, ce week-end a été l'occasion pour metteurs en scènes et hommes politiques de s'attabler autour de questions plus pragmatiques : le financement du cinéma tchèque, jusque-là pomme de discorde.
Pour un peu, le seul film tchèque en compétition au Festival de Karlovy Vary, Kraska v nesnazich, réalisé par le populaire Jan Hrebejk aurait même pu ne pas être présenté ce week-end. Début juin, le producteur Ondrej Trojan avait envisagé de le retirer, en signe de protestation tout comme d'autres metteurs en scène tchèques l'avaient fait dans d'autres festivals internationaux. Rappelons que récemment à Cannes, les professionnels tchèques du pavillon de la Pologne-Slovaquie-Tchéquie avaient ainsi fermé boutique. En cause : le rejet en mai dernier de l'amendement à la loi sur le Fonds de soutien à la cinématographie par la Chambre des Députés, après que le président Klaus lui-même y a opposé son veto. Un amendement qui devait apporter des financements bien plus importants aux créations « alternatives » et « minoritaires » notamment, et donc attendu avec impatience par le monde du cinéma. Des professionnels qui n'avaient donc guère goûté les remarques du président tchèque qui estimait que le cinéma n'était qu'une activité commerciale comme une autre et qu'il pouvait très bien se débrouiller sans financement public. Ce week-end, les tensions semblent s'être un peu calmées : la table ronde réunissant Vaclav Klaus et des représentants du monde du cinéma a apporté quelques avancées, de même que la rencontre qui a suivi avec les représentants de la future coalition gouvernementale. D'après Miroslav Topolanek, candidat au poste de Premier ministre, les discussions ne sont pas revenues sur l'amendement à la loi : « Nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'une des priorités du gouvernement à venir sera de mettre en place une loi sur la cinématographie. La loi sur les fonds n'en serait qu'une partie. Nous pouvons d'ores et déjà promettre que dès qu'un cabinet sera formé, une équipe d'experts se chargera de la cinématographie et nous essayerons de trouver les 400 millions manquants au cinéma tchèque pour l'année prochaine », a donc promis le chef du parti de la droite libérale. Les représentants du cinéma tchèque se sont félicités de l'aspect constructif de la rencontre organisée à l'initiative du directeur du festival Jiri Bartoska. La réalisatrice Helena Trestikova s'est dite confiante malgré le fait que pour l'heure aucun gouvernement n'ait encore vu le jour : d'après elle, les contours d'un nouveau projet de loi ont été esquissés. La potentielle ministre de la Culture, Michaela Sojdrova, estimait pour sa part dans un entretien accordé au quotidien économique Hospodarske noviny que la loi sur la cinématographie devrait mettre en place un fonds de soutien qui serait alimenté par les distributeurs, la publicité, sur le modèle d'autres pays européens. Elle prend pour exemple le voisin polonais notamment.
Depuis 1989, le cinéma n'est plus financé directement par l'Etat. Cela n'a pas empêché par exemple, le film Roman pro zeny, inspiré du roman de Michal Wievegh, de se hisser en haut de l'échelle en 2005 en termes de nombre de spectateurs.