Crise gazière entre la Russie et l'Ukraine : Prague n'est pas loin...
La Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, l'Autriche... Certains pays d'Europe centrale et orientale indiquent avoir été touchés par le différend gazier qui oppose actuellement Moscou à Kiev. La République tchèque, quant à elle, ne signale pas avoir rencontré de problèmes de livraison de gaz via l'Ukraine. Pourtant, l'évolution de la situation y est suivie de près.
Une nouvelle alarmante pour toute l'Europe, une preuve d'immaturité morale et politique de la Russie, un geste de pouvoir qui fait du gaz et du pétrole des armes politiques. C'est ainsi que la presse tchèque commente la décision des autorités russes de couper le gaz à l'Ukraine, suite à l'échec des négociations entre les deux pays portant sur la hausse considérable des tarifs de livraison demandée par Moscou. Selon le quotidien tchèque Lidove noviny, la Russie devrait reconnaître publiquement qu'elle entend dorénavant influencer, sanctionner, intimider et manipuler tous ceux qui ont besoin de ses réserves impressionnantes de gaz. Lidove noviny rappelle aussi que, paradoxalement, depuis le 1er janvier 2006, la Russie préside le G8, groupe des pays les plus industrialisés. D'après le journal économique Hospodarske noviny, sa stratégie appliquée envers l'Ukraine est en contradiction directe avec ses ambitions de devenir membre à part entière de ce groupe d'élite. D'après le commentateur du journal, il n'y a pas encore lieu de parler d'une crise économique et politique en Europe. Mais le fait qu'on évoque d'ores et déjà d'éventuels scénarios de crise, au cas où même l'Occident serait touché par les restrictions russes, témoigne des frictions existantes entre Moscou et ses clients desservis en gaz.
Lundi matin, alors que la Hongrie a affiché une diminution de 40% du volume des livraisons et que la Slovaquie et la Pologne ont enregistré, elles aussi, une baisse de pression, l'unique importateur de gaz en République tchèque, la société RWE Transgas, a parlé d'une « situation tout à fait normale ». Rappelons que la Tchéquie consomme environ 9,6 milliards de mètres cubes de gaz par an. La majorité est fournie par la Russie, un seul tiers est importé de Norvège. Au cas où les approvisionnements russes seraient limités, la République tchèque pourrait compenser ce déficit grâce à ses réserves de gaz, et ceci pendant environ six semaines.