Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères du Maroc : « Jamais le Maroc n’installera un camp de réfugiés sur son territoire »
Le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar était en visite en République tchèque ces jeudi et vendredi. Il a été notamment reçu par son homologue Lubomír Zaorálek, mais aussi par le président tchèque Miloš Zeman. Au menu des discussions notamment, la crise migratoire et les questions sécuritaires dans la région, mais aussi le renforcement des échanges commerciaux entre les deux pays. Alors que la République tchèque voit dans l’économie marocaine l’une des plus prometteuses d’Afrique du Nord, Radio Prague a demandé à Salaheddine Mezouar quels étaient les domaines dans lesquels la République tchèque pouvait envisager des débouchés :
J’allais y venir justement… Est-ce que pour le Maroc, le marché tchèque est un marché attractif ?
« C’est au-delà d’un marché, c’est aussi un hub, une plateforme pour la région. Le Maroc s’intéresse à l’Europe centrale. C’est une région qui a développé des atouts intéressants. Il y a un savoir-faire qui s’est développé dans certains secteurs, comme dans le domaine de l’énergie. C’est aussi un marché intéressant pour nos entreprises en termes d’exportation. Nous sommes également deux pays qui ont des atouts dans l’industrie automobile. Le Maroc est également une plateforme pour l’Afrique dans le secteur automobile. L’Europe est une région inscrite dans nos priorités stratégiques. On a développé des relations avec beaucoup de pays européens. L’Europe centrale reste assez timide, même si sur les cinq, six dernières années, on assiste à une croissance significative de nos échanges, avec des rythmes de croissance de presque 25% chaque année. Cela montre qu’il y a du dynamisme, de l’intérêt et de l’échange. »
La République tchèque, et d’autres pays de l’Union européenne, ont émis l’idée d’installer des camps de réfugiés au Maroc, pour les migrants qui veulent entrer sur le territoire de l’Union européenne. Quelle est la position du Maroc par rapport à cette idée ?
« Jamais le Maroc n’installera un camp de réfugiés sur son territoire. Ce n’est pas dans l’esprit et la culture du Maroc. Le Maroc est un pays d’accueil de l’immigration subsaharienne. On était un pays de transit, on ne l’est plus. On est un pays qui intéresse de plus en plus les pays africains et leurs citoyens. En 2014, nous avons intégré plus de 20 000 personnes de l’Afrique subsaharienne qui bénéficient des mêmes droits que les Marocains. Nous continuons à le faire en 2015. La vision du Maroc est totalement différente de cette vision-là. Le Maroc a apporté une forte contribution pour freiner l’immigration clandestine, parce que derrière il y a des mafias et des réseaux. Le Maroc a donc assumé sa responsabilité vis-à-vis d’un partenaire stratégique comme l’Europe pour freiner à ses frais et avec ses moyens l’immigration illégale. L’Europe a rarement contribué à tout ce qui a trait à l’immigration subsaharienne. Donc le Maroc ne s’inscrira jamais dans cet esprit. Vous imaginez un camp de réfugiés ? Je pense que ce n’est pas une idée ingénieuse. Autant l’éviter… »Le président tchèque Miloš Zeman a officiellement invité le roi du Maroc, Mohamed VI à venir en République tchèque. Le roi du Maroc va-t-il répondre favorablement à cette invitation ?
« Oui, Sa Majesté avait inscrit sur son agenda la visite en novembre dernier. Mais dans la vie des chefs d’Etat, les contingences les obligent à modifier leur agenda. Il y a un intérêt fort de Sa Majesté pour ce pays, pour la région. Il compte toujours effectuer sa visite, car c’est un message par rapport à ce pays qui est un pays ami. C’est une région qui nous intéresse donc forcément, cette visite aura lieu. Nous nous attelons à préparer toutes les conditions nécessaires pour que la visite de Sa Majesté soit un facteur d’impulsion d’une nouvelle dynamique de partenariat entre nos deux pays et au-delà avec l’ensemble de la région. »