La plus petite ville tchèque
On parle souvent des grandes villes, de la capitale, des villes thermales, enfin de tout ce qui attire le touriste. Pourtant, des villes, il y en a des milliers et, parmi elles, des toutes petites. Par exemple, sauriez-vous quelle est la plus petite ville de la République tchèque ? Non ! Hé bien apprenez qu'elle se nomme Rabstejn, et qu'elle se trouve en Bohême de l'Ouest, pas très loin du chef-lieu bien connu de la région, la ville de la bière Plzen. C'est de Rabstejn, cette mini-ville, que nous allons parler dans l'édition de cette semaine de notre rubrique touristique.
Rabstejn, c'est une ville petite mais très ancienne. Dans un coin perdu de la Bohême de l'Ouest, entre la grande ville de Plzen, et les communes de Zlutice et Kralovice, se trouve vraiment la plus petite ville tchèque. A l'origine, ce n'était qu'un petit hameau qui avait grandi sous le château fort qui s'élevait au-dessus de la rivière Strela, dont il portait d'ailleurs le nom. En 1337 pourtant, le hameau devenu un bourg plus important fut élevé au rang de ville. Aujourd'hui, Rabstejn ne compte que quelques dizaines d'habitants seulement. C'est la plus petite ville tchèque, mais aussi, d'après certains guides, la plus petite ville d'Europe. La ville est composée d'une seule rue qui, en montant, s'élargit pour former la seule place de la commune. La rue copie le tracé de l'ancienne voie de communication qui reliait Prague à Cheb, à la frontière allemande. Elle était très fréquentée et cela avait permis à Rabstejn de s'épanouir.
Avec le temps, et la volonté du régime communiste de dépeupler les régions qui se trouvaient trop près du monde libre à l'ouest, la ville a perdu son importance, mais aussi ses habitants. En suivant la route qui traverse Rabstejn, on arrive à un joli pont en pierre qui date du XIVe siècle. Sa construction en grès et granit enjamble la rivière Strela, un peu avant l'entrée de la ville. La statue de Jean Népomucène ornait l'une des extrémités, mais aujourd'hui, elle se dresse sur un rocher un peu plus loin. Le destin de Rabstejn, c'est un peu le destin de toutes les agglomérations qui jalonnent les anciennes voies de communication. Avec les temps modernes, les automobiles, le transport férroviaire, les autoroutes, les grandes routes de jadis ont été reléguées au rang de communication secondaires. En plus de cela, ce coin de la Bohême de l'Ouest n'est pas très actif sur le plan économique et on a assisté, au cours des années, à l'exode des habitants. Dans la région, les maisons servent plus de résidences secondaires que de domiciles fixes. La plus petite ville tchèque n'est pas une exception, les communes voisines subissent le même sort. Heureusement, l'environnement est magnifique. Rabstejn même, s'étend avec son unique rue, sur le flan d'une colline, au bord d'une rivère tranquille en été, mais qui devient un fougueux torrent avec l'arrivée des pluies. Son nom, Strela (ce qui veut dire tir ou le projectile) en dit long sur son caractère. Mais allons voir Rabstejn d'un peu plus près.
A arrivant au pont, il faut grimper la rue qui vous conduit au centre. On passe sous un rocher surmonté d'une petite chapelle. On traverse, ensuite les vestiges d'une porte pour entrer sur la place bordée de maisons à colombages. On sent que la frontière avec l'Allemagne est proche. En haut de la place, sur une sorte de terrasse, on peut visiter l'église Saint-Marie-des-Douleurs, une construction baroque, et l'ancien couvent. Le bâtiment ne sert plus aux moines, mais à des fins touristiques. L'église a été construite par le très connu architecte italien, Carlo Lurago, une commande de la noblesse locale. Cette dernière a ordonné, jadis, le remaniement du château fort d'origine, qui a été transformé en palais baroque. Du château fort, il ne reste que le donjon circulaire et les ruines des remparts. Le château n'est pas habité, mais sert de centre de formation, de conférences ou aux séminaires les plus divers. Rabstejn offre une atmosphère très hospitalière, mais il n'y a pas beaucoup de possibilités de restauration - un seul café (pas étonnant avec le nombre d'habitants) et pas d'hôtel ou autres possiblités d'hébergement. Pour cela, il faut aller dans les environs...
Pour visiter les environs, il y a un chemin touristique tracé. Il vous conduira dans une carrière de schiste. De là proviennent les ardoises qui recouvrent les toits de la cathédrale Saint-Guy, à Prague. Du haut de la colline, le visiteur découvre un magnifique panorama qui lui donne envie de visiter toute la région. On peut le faire à vélo, en suivant les nombreuses pistes qui la traversent. Le vieux cimetière juif vaut aussi la peine de s'y arrêter, pendant un moment. Attention quand même, si le temps n'est pas au beau : sur le sentier touristique, un obstacle vous attend ! Il y a un gué qui traverse la rivière Strela et si, en été, il ne représente pas un problème, après un gros orage (fréquent dans la région), ce ne sera pas si simple que cela !
De Rabstejn, on peut descendre le long du cours de la rivière Strela, jusqu'au confluent avec le torrent de Manetin, ou jusqu'à la commune de Mladotice. On traverse une réserve naturelle, qui présente le caractère d'un véritable canyon. La vallée est jalonnée de petits groupes de maisons secondaires, dans le passé des moulins à eau et des forges. Il est possible d'y camper dans les endroits indiqués, mais attention, pas de camping sauvage, car on est dans un site naturel protégé. Si vous arrivez jusqu'à Manetin, nous vous recommandons de visiter le splendide château de la ville, célèbre pour le nombre de ses statues et groupes de statues baroques. Vous pourrez aussi y déjeuner ou dîner convenablement. Hé bien ! Vous voyez, même dans la plus petite ville tchèque, un touriste ne s'ennuiera pas !