Le magazine musical de Pâques

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Comme tous les ans, il existe un magazine musical qui n'est pas comme les autres. En effet, « Un peu de musique quand même » est diffusé en première, le lundi soir et, une fois par an, ce lundi est un jour de fête. En l'occurrence, le lundi de Pâques, comme le présent, en 2005. A quoi d'autres consacrer ce magazine, ces minutes de la chanson et de la musique, sinon aux chansons et à la musique donc qui retentissent, un peu partout en République tchèque. Heureux de vous présenter Un peu de musique... de Pâques, quand même !

Alors qu'il existe un grand nombre de musique et de chants religieux pour les fêtes de Noël, il y en a quand même moins pour les fêtes de Pâques. Mais ce n'est pas à cette musique que nous allons nous intéresser en ce lundi de Pâques. En effet, cette journée est un peu spéciale en Tchéquie, les anciennes coutumes s'y sont en grande partie conservées, surtout dans les différentes régions à la campagne. Le lundi de Pâques, c'est le jour des étrennes pascales, des traditions et coutumes, des chants populaires... Le lundi de Pâques, les jeunes font le tour des villages et rendent visite aux femmes et surtout aux jeunes filles. Pas de rendez-vous galant, mais la coutume de fouetter gentiment les jeunes filles et les ménagères avec une tresse confectionnée avec des rameaux de saule. « Pour qu'elles soient courageuses et laborieuses pendant toute l'année. En récompense, les jeunes gens, mais aussi des messieurs plus âgés, reçoivent des oeufs peints ou décorés de toutes les façons possibles. Naturellement aussi, quelque chose à se mettre sous la dent et un petit verre pour rafraîchir le gosier... si l'eau de vie de prune, en Moravie par exemple, est vraiment capable de rafraîchir ! La quête aux étrennes est naturellement accompagnée de chants.

Il faut dire que les textes de cette chanson varient selon les régions. Je vous propose sa première strophe comme on la chante au pays du vin, la Moravie du sud :

En cortège, fêtez, fêtez,

Un oeuf rouge à nous donner !

Si rouge vous n'en avez,

Un blanc même pourra aller,

Un autre poulette l'a laissé,

Dans le coin de la cheminée...

Photo: Radio Prague
Comme vous le voyez, les chansons des étrennes de Pâques sont un peu des chansons sur les oeufs, les oeufs de Pâques bien sûr, mais en Tchéquie la tradition des oeufs de chocolat n'est pas la principale, elle existe, mais on y préfère souvent les oeufs peints, décorés de dentelles, de découpage en papier, de cire, de paille etc... Il existe, d'ailleurs, de véritables artistes en la matière, dont les oeuvres font même l'objet d'expositions. Une chanson de Pâques, voici une partie du texte d'une autre que l'on chante aussi en Moravie du sud :

Ce petit oeuf que j'ai peint,

mon petit coeur c'est dans ma main,

avec amour je te le donne,

ne me le rends pas jeune homme...

Comme on l'entend dans la chanson, les oeufs de Pâques sont offerts par la jeune fille au jeune homme... Mais les textes des chansons des étrennes de Pâques peuvent être des plus divers.

Nous vous avons présenté les chants de la Moravie du sud. Comme nous l'avons dit, les textes des chansons diffèrent selon les régions de la République tchèque, la Bohême, la Moravie et la Silésie. De la Moravie allons donc faire un tour, à Pâques, en Bohême pour voir, ou plutôt entendre ce qu'on y chante.

Le lundi de Pâques, c'est surtout l'affaire des jeunes gens, filles et garçons, bien que dans les villages surtout, tous les habitants se joignent à la fête, une fête que craignent plutôt les fillettes, jeunes filles et ménagères, puisque ce sont elles qui sont fouettées et qui doivent pour ce qui n'est pas un châtiment, mais un encouragement, récompenser leurs « tortionnaires » entre guillemets. Les chants des étrennes de Pâques sont aussi différents. Il y en a pour les garçons :

Ma tresse j'ai confectionné,

Vraiment la plus belle elle est.

Toutes les filles que je connais,

je visiterais et fouetterais.

Avant que de beaux oeufs elles me donnent,

Souffrir un peu elles devront les bonnes.

Le texte d'un autre chant des étrennes de Pâques est pour les filles et jeunes filles :

Ma petite poulette tachetée,

de blancs oeufs me pondait,

de couleurs vives je les peindrais,

à tous les garçons les donnerais,

de beaux rubans je vais couper,

et sur leurs tresses les fixer.

Comme nous le disions, après avoir été bien fouettées, les petites filles, les jeunes filles et les maîtresses de maison, enfin toutes les femmes, se doivent de récompenser ceux qui les ont, ne disons pas molestées, mais plutôt encouragées à être laborieuses et habiles. Un petit verre pour se rafraîchir et quelque chose à se mettre sous la dent, car les petits verres sont souvent nombreux, surtout à la campagne ! Qu'est-ce que les ménagères offrent le plus souvent ? Hé bien ce que l'on prépare pour les fêtes de Pâques, déjà bien avant. Par exemple, un morceau de la Farce de Pâques qui ne doit manquer dans aucun foyer tchèque, en Bohême, en Moravie ou en Silésie ! Qu'est-ce donc que cette farce ?

La farce pascale est un plat traditionnel des fêtes de Pâques. Elle est préparée selon les coutumes régionales, avec de la viande fumée, mélangée ou non avec de la viande de porc, du boeuf ou du veau. On y ajoute des oeufs sans trop regarder au nombre. C'est un plat printanier, donc il doit contenir un peu de verdure, de jeunes orties, du persil, de la ciboulette, ou du cerfeuil. On ajoute encore de la mie de pain, du lait et des épices selon les goûts. On sert la farce le samedi de Pâques, au dîner. Mais il en reste toujours un peu pour les chanteurs des étrennes ! Vous trouverez la recette sur notre site internet.

Les ménagères sont aussi fières de leur art culinaire en matière de pâtisserie. Pour cela elles offriront aussi à ceux qui les ont fouettées un peu, certes, mais surtout apporté la gaîté dans la maison, un morceau du traditionnel agneau de Pâques. Attention, cela n'est pas un reste du plat de viande qu'on a mangé la veille !

Le symbole de l'agneau existait déjà avant le christianisme, dans toute la civilisation méditerranéenne, dominée pendant des siècles par les bergers. Dans la religion chrétienne, l'agneau est devenu le symbole de l'Agneau de Dieu - le Christ.

Dans les montagnes de la Sumava, en Bohême du sud-ouest, on croyait que la bénédiction de l'agneau aidait les voyageurs à retrouver leur chemin, dans les profondes forêts. La viande de mouton a pratiquement disparu de la cuisine tchèque mais, dans la majorité des foyers, l'agneau ne manque pas au repas pascal, mais sous la forme d'un gâteau dont voici la recette :

Ingrédients :

300 gr de farine, 300 gr de sucre, 4 jaunes d'oeuf, deux oeufs entiers, cinq blancs d'oeuf battus en neige, du sucre à la vanille, des raisins secs, des amandes, 30 gr de beurre, un zeste de citron.

Préparation :

Mélanger les jaunes d'oeuf avec le sucre, ajouter le sucre à la vanille, un peu de zeste de citron râpé, les amandes hachées et les raisins secs. Ajouter la farine, bien travailler et, à la fin, ajouter les blancs battus en neige. Enduire la forme de l'agneau avec le beurre, soupoudrer de farine, y mettre la pâte et faire cuire à feu moyen. Après la cuisson, laisser refroidir, soupondrer de sucre en poudre ou glacer.

Et après avoir bien manger et bien bu, quoi de mieux que de chanter encore l'un de ces beaux chants des Pâques ?!