Michel Swierczewski parle de ses collaborations avec Magdalena Kozena, Dagmar Peckova et Prague Philharmonia
En ce début de saison musicale, je vous présenterai un orchestre pragois, jeune et ambitieux, La Philharmonie de Chambre de Prague - ensemble qui fête son 10e anniversaire. Deux personnalités, deux chefs tchèque et français sont à sa tête : Jiri Belohlavek, son fondateur, et Michel Swierczewski, son chef principal invité que vous entendrez dans un instant...
"Notre collaboration a commencé il y a six ans, lors d'un festival en France, où nous avons présenté, avec la Philharmonie, aussi un programme du XXe siècle : on a joué Schöngerg, Berg, Webern... Nous nous sommes très bien entendus avec les musiciens, ils ont souhaité que je revienne souvent, ce qui s'est passé. Ensuite, il y a eu l'enregistrement chez Deutsche Grammophon avec Magdalena Kozena et puis une collaboration régulière depuis l'année dernière. Nous nous sommes fixés, avec l'orchestre, deux objectifs : revisiter les interprétations classiques et les premiers romantiques (Haydn, Mozart, Beethoven), sous l'image des instruments spécialisés qui ont redéfini un peu ses interprétations et d'appliquer ses idées sur instruments modernes. Et puis, une chose qui me tient à coeur et qui est très importante à Prague : commencer une vraie saison de musique du XXe siècle, de musique contemporaine et susciter l'écriture de pièces nouvelles pour l'orchestre."
La Philharmonie de Prague fêtera son 10e anniversaire par un concert solennel, le 22 novembre prochain au Rodolphinum. Des solistes tchèques de renommée internationale y sont invités : le violoniste Josef Suk, la clarinettiste Ludmila Peterkova, le violoncelliste Jiri Barta ou la soprano Eva Urbanova, pour n'en citer que quelques-uns. Mais la première rencontre de la Philharmonie avec son public, c'est, je le répète, dans quelques jours : le 4 octobre. Le concert sera dirigé par Michel Swierczewski.
"C'est pour moi un concert typique de ce que je souhaite faire avec l'orchestre. Donc un travail sur La Pastorale de Beethoven (on va essayer de gommer les vieilles traditions) et puis la Symphonie de chambre de Schönberg qui vraiment ouvre cette période de musique du XXe siècle... C'est une oeuvre charnière, où Schönberg va quitter la tonalité pour aller vers l'atonalité et la musique sérielle."Vous avez collaboré avec Magdalena Kozena, mais cette année, vous allez accompagner une autre grande dame de l'opéra tchèque, Dagmar Peckova. Est-il possible de comparer ces deux personnalités ?
"Dagmar Peckova est un peu le feu, alors que Magdalena serait plutôt l'air... Bien qu'elles peuvent avoir un répertoire qui se croise légèrement, leurs voix sont fondamentalement différentes. Celle de Dagmar est plus sombre, c'est une mezzo-soprano qui est très impliquée dans le répertoire allemand, en particulier Wagner. Magdalena est beaucoup plus tournée vers la musique baroque, Mozart et la musique française. Moi, j'adore accompagner les solistes. Evidemment, j'ai beaucoup plus travaillé avec Magdalena, parce que les circonstances ont été comme ça... Mais l'année dernière, j'ai donné un concert avec Dagmar Peckova, elle a chanté les Folk Songs de Luciano Berio, et nous nous sommes très bien entendus. C'est une personne formidable."
Sous l'impulsion de Michel Swierczewski, la Philharmonie de Chambre de Prague participera, en mai 2005, au festival Les musiques de Marseille, avec une oeuvre créée pour elle par le Français Tristan Murail, spécialisé en composition assistée par ordinateur et chef de fil de ce qu'on appelle l'école spectrale...
"Le festival de Marseille est un centre axé sur l'interprétation des oeuvres mixtes, où la composition est soit assistée par ordinateur, soit avec des transformations en temps réel, mais en tout cas, l'électronique y est toujours présent. C'est à mon avis très important pour Prague Philharmonia, parce que la composition musicale a toujours évolué avec la technologie et maintenant, pour accroître la palette sonore de l'orchestre, l'électronique est absolument indispensable."
Avant de vous quitter, je vous passe un extrait du CD Le belle immagini, avec la musique de Mozart, Gluck et Myslivecek, disque que Magdalena Kozena a enregistré, en 2001, avec Michel Swierczewski et la Philharmonie de Chambre de Prague. Tous les renseignements sur les concerts de la Philharmonie sur www.pkf.cz.