Il y a 35 ans, 15 alpinistes tchécoslovaques périssaient dans les Andes péruviennes
Le 31 mai 1970, un des séismes les plus violents de l'histoire frappait le Pérou et provoquait la mort de près de 70 000 personnes. Parmi les victimes, quatorze alpinistes tchécoslovaques qui s'apprêtaient à se lancer dans l'ascension du Huascaran, point culminant des Andes au Pérou et deuxième sommet d'Amérique du Sud avec ses 6768 m. Aujourd'hui encore, l'expédition reste la seule dans l'histoire de l'alpinisme dont aucun membre n'est jamais revenu. Radio Prague rappelle les circonstances de cette tragédie.
Tout commença en novembre 1968. Une équipe d'alpinistes de Liberec, en Bohême du Nord, se met alors en tête de gravir le plus haut sommet d'Amérique du Nord, le Mont McKinley et ses 6194 m. Mais quelques mois à peine après l'écrasement du Printemps de Prague et en pleine période de normalisation, le régime ne perçoit pas d'un bon oeil cette expédition. « Il n'est pas opportun de voyager sur le territoire des Etats-Unis », estiment les fonctionnaires communistes. En échange, la Fédération d'alpinisme leur propose d'accepter une invitation en provenance du Pérou.
C'est ainsi qu'au lieu de l'Alaska initialement envisagée, quinze alpinistes tchécoslovaques prennent la direction de la cordillère des Andes pour une expédition baptisée « Pérou 1970 ». En avril, après avoir atterri à Santiago du Chili, l'équipe rejoint Lima, puis la Cordillère blanche, chaîne de montagnes la plus haute des Andes. Ses membres établissent leur camp de base à 3850 mètres d'altitude dans un lieu idyllique au milieu de lacs à l'eau turquoise, dans la vallée séparant la face nord du volcan Huascaran et le Huandoy, autre géant aux pics enneigés dont l'ascension par la paroi sud constituait également l'un des objectifs de l'expédition.
Mais quelques jours avant le séisme, Ivan Bortel, leader et alpiniste le plus expérimenté de l'expédition, est victime d'une chute mortelle de plus de trente mètres lors d'une sortie d'acclimatisation à l'altitude. Le moral en berne et désorientés, les quatorze aventuriers restants revoient leurs plans. Ils renoncent à escalader le Huandoy pour se concentrer uniquement sur la conquête du Huascaran par sa face est, la voie la plus classique.
Le jour du drame, le 31 mai 1970, l'expédition se trouvait au camp de base lorsque la terre se mit à trembler. Le séisme, d'une intensité de 7,75 sur l'échelle de Richter, entraîna l'effondrement d'un glacier et d'une paroi rocheuse du Huascaran. Une avalanche se mit alors en branle, entraînant sur son passage des millions de mètres cubes de boue, de pierre et de glace qui ensevelirent pour toujours les villages et leurs habitants dans la vallée. Parmi les milliers de disparus, les quatorze alpinistes tchécoslovaques...
