À bout de souffle, la Nouvelle scène du Théâtre national va fermer pour deux ans
Inaugurée en novembre 1983 sur l’Avenue nationale (Národní třída), la Nouvelle scène du Théâtre national compte assurément parmi les édifices les plus originaux et les plus controversés du centre de Prague. L’édifice brutaliste connu notamment par sa façade composée de 4 000 pièces en verre soufflé, doit subir une importante rénovation prévue pour 2025-2027. Le projet a été récemment présenté par le ministre de la Culture.
Le 17 novembre 1989, pendant l’entracte, les comédiens du Théâtre national ont suivi depuis ce bâtiment le déroulement de la manifestation qui allait déclencher la révolution de Velours. Les témoins de l’époque se souviennent même avoir vu les grandes vedettes du théâtre tchèque saluer les étudiants qui allaient être, peu après, encerclés par la police et tabassés.
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Six ans plus tôt, jour pour jour, le président Gustáv Husák et plusieurs autres hauts dirigeants communistes avaient visité la Nouvelle scène, la veille de son inauguration solennelle avec la première du « Cornemuseur de Strakonice » de Josef Kajetán Tyl, une pièce parmi les plus célèbres du répertoire tchèque. La Nouvelle scène a été construite à l’occasion du centenaire du Théâtre national. A côté du bâtiment néo-Renaissance de celui-ci, le célèbre architecte Karel Prager a construit un édifice post-moderne dont la forme rappelle celle d’un cristal.
Ce qui attire l’attention, c’est notamment sa façade, composée de milliers de pièces en verre soufflé (œuvre des grands verriers tchèques Jaroslava Brychtová et Stanislav Libenský). Ces pièces recouvrent un autre matériau de construction : une sorte de marbre vert importé de Cuba. On retrouve d’ailleurs le marbre et le cristal aussi à l’intérieur du bâtiment, tout aussi impressionnant que son extérieur et conçu dans le style des années 1970.
Dès sa construction, le bâtiment de la Nouvelle scène a suscité, et suscite d’ailleurs toujours, des réactions controversées. Mais surtout, des problèmes techniques ont rapidement été repérés : il s’est avéré que l’édifice majestueux était, curieusement, peu propice à la mise en scène de grand projets artistiques.
« Le plus grand problème de ce théâtre, c’était la mauvaise acoustique. À l’époque, c’était catastrophique. Aujourd’hui, nous en sortons grâce aux microphones et une technique plus sophistiquée. Mais à vrai dire, ce théâtre, c’est un musée aujourd’hui. Il faut s’habituer à la manière dont il fonctionne. Cela s’apprend », explique le technicien en chef de la Nouvelle scène, Tomáš Studnička.
Depuis plusieurs années, la Nouvelle scène est le siège de la Lanterne magique, premier théâtre multimédia au monde. Le théâtre est donc ouvert à la comédie, à la danse, au cirque nouveau et aux formes alternatives d’arts plastiques et de musique. Déclaré monument culturel, le bâtiment fermera en 2025 pour des travaux qui devraient durer deux ans, comme l’explique le ministre de la Culture, Martin Baxa :
« La rénovation du théâtre est prévue depuis plusieurs décennies. Nous avons enfin réuni l’argent nécessaire et sélectionné un projet de qualité. Effectivement le coût des travaux sera élevé : plus de 2 milliards de couronnes. Mais c’est un projet qui permettra de réaliser ici des spectacles de qualité dans les années à venir. C’est sans doute un bon investissement. »
Le projet prévoit la création d’une scène variable avec une salle de 500 places, ainsi que, par exemple, l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit du bâtiment, ou encore la rénovation du café du théâtre, très prisé des Pragois et des touristes car il offre une superbe vue sur l’Avenue nationale : une fois le chantier achevé, il devrait être relié avec la place Václav Havel adjacente.
