IXe Festival des théâtres des régions d'Europe de Hradec Kralové
Ce lundi prend fin la neuvième édition du Festival des Théatres des régions d'Europe de Hradec Kralové, en Bohême de l'est. A un an de son dixième anniversaire, étape phare et symbolique dans la vie d'un festival, la manifestation, qui, presque trop modestement et respectueusement, se veut être un Avignon aux dimensions tchèques, à l'image du festival français que les organisateurs de Hradec se plaisent à citer en modèle, a désormais bel et bien trouvé sa place dans le calendrier parfois surchargé des manifestations culturelles en République tchèque. Et le Festival et la ville de Hradec Kralové mériteraient sans nul doute une plus grande reconnaissance encore, tant pour la richesse et la diversité du programme proposé cette année que pour l'atmosphère festive, bon enfant et familiale qui aura régné autour de la Grande Place tout au long des dix jours du Festival. Le théâtre français, belge et africain n'aura pas manqué, comme d'habitude, au rendez-vous. Trois compagnies françaises étaient présentes. Par ordre d'apparition, la Compagnie l'Oiseau-Mouche de Roubaix (voir rubrique « Faits et événements » du 24.06.2003), la Compagnie Axe Sud (voir article du 25.06.2003) et le Théâtre parisien « La gaité Montparnasse » avec Annie Girardot en tête d'affiche. La Belgique, elle, était représentée par l'Ensemble bruxellois Leporello. Enfin, deux pièces d'auteurs d'origine ivoirienne étaient présentées, justement par deux des troupes françaises. Une des journées du Festival ayant été consacrée à la communauté rom, c'est la musique du groupe tchèque Cilagos, en concert à ~cette occasion, qui nous accompagnera au cours de ce Magazine culturel.
Lucie Nemeckova est chargée de la dramaturgie du Festival. Souriante et disponible, Lucie est amoureuse du théâtre français. Elle nous en dit un peu plus sur le Festival de Hradec, sur sa passion pour Avignon et sur les choix qu'elle a fait pour cette année :
Résumé : « Le Festival grandit et gagne en popularité d'année en année. Nous aimons dire que c'est un petit Festival d'Avignon tchèque. Nous savons qu'il y a des différences entre Avignon et Hradec, mais l'atmosphère qui y règne est la même. C'est moi qui ait choisi les deux troupes françaises pour cette année, je les ai remarquées justement l'an dernier à Avignon. J'ai choisi le thème de l'Afrique et de la France. »
« Bintou », de l'auteur d'origine ivoirienne Koffi Kwahulé, était la première des deux pièces africaines présentées au public de Hradec Kralové et adaptées par une troupe française. Ce sont les comédiens de la Compagnie l'Oiseau-Mouche de Roubaix qui en étaient les interprètes. Mais qui est donc ce singulier Oiseau-Mouche venu du Nord qui migre depuis plus de vingt ans à travers la France entière et désormais même le monde entier? Bruno Decruydt, son chargé de production :
Résumé: "La Compagnie l'Oiseau-Mouche est une troupe de 23 personnes handicapées mentales qui sont formées dans le cadre d'un Centre d'Aide par le Travail (CAT) aux métiers de comédien, de danseur et de metteur en scène. Ce sont des professionnels. Depuis la création de la troupe en 1981, il y a eu 23 spectacles créés et plus de 1000 représentations dans le monde entier. Le travail avec les comédiens se passe tout simplement, notamment en faisant des ateliers de théâtre. Il y a des problèmes liés à l'aprentissage des textes, car certains ne savent ni lire, ni écrire, mais c'est compensé par un formidable naturel sur scène. »
Dans un tout autre registre, l'Ensemble belge Leporello a également eu beaucoup de succès auprès du public de Hradec Kralové avec son adptation d'"Un Tartuffe" de Molière. Koen Monserez, comédien flamand de la troupe, interprétait justement ce Tartuffe :
Résumé: « L'Ensemble Leporello est une troupe de Bruxelles qui joue en flamand comme en français. On est vraiment une troupe de théâtre belge parce qu'on aime jouer dans les deux langues, et ce aussi bien en Wallonie qu'en Flandre et aussi, bien entendu, à l'étranger. La mise en scène est l'élément le plus important pour notre ensemble. C'est le comédien qui fait presque tout, il n'y a pas de décors. En Tchéquie, le rapport avec le public est très chaleureux, même avec les sous-titres. L'accueil de la ville est incroyable. »
