Le palais Thun
Notre promenade d’aujourd’hui sera touristique et historique à la fois. Nous vous inviterons au palais Thun dans le quartier de Malá Strana, un monument au passé mouvementé où s’est écrite l’histoire du parlementarisme tchèque : à partir de 1803, en effet, le palais Thun a été le siège de l’assemblée des Etats tchèques. En 1918, le palais a accueilli la première séance de l’Assemblée nationale au cours de laquelle la République tchécoslovaque a été proclamée, la dynastie habsbourgeoise destituée du trône de Bohême et Tomáš Garrigue Masaryk élu premier président du nouvel Etat. Depuis 1993, date de la création de la République tchèque, le palais Thun est le siège de la chambre basse du Parlement.
Les visites des intérieurs du Palais Thun sont possibles sur commande. Mais avant d’entrer, la guide Emilie Pikešová attire notre attention sur l’imposante façade ornée de deux portails baroques :
« La façade du palais Thun qui donne sur la rue Sněmovní fait partie des plus longues façades à Prague. On peut voir qu’elle a été remaniée dans le style du classicisme du début du XIXe siècle. »
Le fronton ovale au milieu des portails porte les armoiries de l’Etat tchèque : le lion et la couronne de Saint-Venceslas. Les armoiries sont soutenues par deux cornes d’abondance. A droite, on aperçoit la statue d’Apollon en tant que protecteur des richesses spirituelles, et la place à gauche du fronton est occupée par la statue de la déesse Pallas Athéna représentée ici comme protectrice des richesses matérielles.
Le palais Thun a été érigé sur les vestiges de maisons médiévales. Aujourd’hui encore, on trouverait dans ses fondations les murailles massives d’anciennes caves gothiques. Le rez-de-chaussée de la partie centrale de l’actuel palais conserve quant à lui des voûtes Renaissance. En 1694, le comte Maxmilian Thun entreprend la construction du palais. Les travaux prendront plus de 20 ans et leur auteur demeure inconnu. Certaines sources attribuent la bâtisse à l’architecte Santini-Aichel, d’après le style du Baroque tardif de ses portails. Emilie Pikešová :
Un incendie a mis fin à l’existence du théâtre au palais Thun. Ses locaux seront aménagés en salles d’assemblées :
« L’histoire de l’assemblée commence à s’écrire en 1803. Elle est précédée par un incendie qui se déclare en 1794, probablement du fait de l’imprudence de l’un des acteurs. Complètement détruit par le feu, le palais est vendu en 1801 par la famille Thun au comité royal des Etats tchèques. »
Peu après, le bâtiment est reconstruit dans le style du classicisme. Après 1860, sa construction est prolongée et le palais est doté d’une nouvelle salle, actuelle salle des séances. Depuis 1803, le palais est pratiquement sans interruption le siège de l’assemblée, dit notre guide :
« Depuis le début du XIXe siècle, les Etats tchèques y ont siégé, et cela jusqu’à la création de la République tchécoslovaque où l’Assemblée nationale les a remplacés. Dans les années 1920, le Sénat nouvellement constitué y avait son siège. Le 29 février 1920, la Constitution de la nouvelle République tchécoslovaque y est adoptée. Sous le Protectorat de Bohême-Moravie, le ministère de la propagande a occupé les locaux. Entre 1968 et 1992, le palais a accueilli le Conseil national tchèque et depuis 1993, il est le siège de la Chambre des députés du Parlement tchèque. »
Accompagnés de notre guide, nous commençons la visite des intérieurs du palais Thun. Très peu de choses se sont conservées de l’architecture baroque d’origine, victime de l’incendie dévastateur. En premier lieu, l’escalier baroque monumental et quelques fragments de fresques dans les salles. Par l’escalier historique, nous montons au premier étage :
« Nous voilà dans les salles dite des actes de l’Etat. Le style date des années 1980, date des travaux de restauration complète des intérieures du palais. Les lustres ont été fabriqués dans les verreries de Kamenický Šenov et Nový Bor, les tapisseries créées dans l’atelier d’Alexandra Rudova évoquent certaines figures marquantes de l’histoire tchèque comme Charles IV. »
Dans les vitrines au couloir sont exposés les fac-similés des documents de première importance de l’histoire de l’Etat tchèque, comme la Bulle d’or, la charte de fondation de l’Université Charles, le document sur l’abolition du servage ainsi que plusieurs exemplaires des Registres provinciaux.
A part les aménagements que le palais a subis dans les années 1980, les locaux sont ornés d’œuvres d’art plus anciennes dont le tableau monumental de Václav Brožík : l’Election de Georges de Poděbrady, roi de Bohême. Dans l’atrium, on peut admirer la sculpture du Lion de Stanislav Hanzík, baptisé Combat. La principale salle des séances avec deux galeries de balcons, aménagée au XIXe siècle dans le style de néo-renaissance, est ornée de stucs dorés et de plastiques sculptées en bois. Au-dessus des deux entrées de la salle, il y a le lion tchèque et les rameaux de tilleul et de chêne symbolisant qu’autrefois, les députés tchèques et allemands siégeaient ensemble dans les bancs. C’était aussi au milieu du XIXe siècle que les encriers étaient remplacés par installations de vote.
Une curiosité, la passerelle qui relie la Chambre des députés aux palais voisins :
« La petite rue Thun est enjambée par un pont reliant le palais Thun au palais Sternberg. L’édification de ce pont remonte à l’année 1903, lorsque les palais voisins Smiřický et Sternberg ont été reliés au palais Thun, en rapport avec un élargissement des locaux de l’assemblée. »
C’est ici que s’arrête la visite du palais Thun portant le nom de la famille aristocratique Thun de Hohenstein venue en Bohême depuis le sud du Tyrol. A part des visites sur commande, il est possible de visiter les locaux du palais, siège de la chambre des députés, à l’occasion des Journées portes ouvertes qui ont lieu régulièrement le 8 mai et le 28 octobre.
