L'unité de décontamination chimique bientôt appelée à intervenir ?
Bien que bloquées, ces mardi et mercredi, par une violente tempête de sable et la résistance irakienne, les forces américano-britanniques ne sont plus néanmoins désormais qu'à quelques kilomètres de Bagdad. Mais de même que l'attaque prochaine de la capitale irakienne par les troupes de la coalition n'est sans doute plus qu'une question de jours, voire d'heures, le risque de voir la Garde républicaine de Saddam Hussein recourir aux armes de destruction massive grandit lui aussi. Une éventualité à laquelle se prépare, non sans craintes, l'unité de décontamination chimique tchèque, pour l'instant toujours basée au Koweït.
« L'unité poursuit sa mission en dépit d'alertes aériennes de plus en plus nombreuses. Le risque que l'Irak utilise les armes de destruction massive augmente avec la marche des alliés sur Bagdad. Nous possédons aussi des indices fournis par les services d'espionnage indiquant que Saddam Hussein pourrait y avoir recours. Tout le monde sait, en effet, que l'Irak continue à posséder des missiles à longue portée qui pourraient contenir du sarin ou de l'anthrax. Acculée dans une impasse, la direction de l'armée irakienne peut utiliser tous les moyens à sa disposition pour se défendre. C'est pourquoi les Koweïtiens nous ont demandé d'intensifier le monitoring sur leur territoire".
Le général Lupuljev s'est également prononcé sur l'état psychique de ses troupes. Il a notamment mis en relief le soutien du ministère qui a, entre autres, organisé une rencontre à Liberec à laquelle étaient invités à participer les familles et les amis des membres de l'unité tchèque au Koweït. Selon le général Lupuljev, une telle manifestation de soutien est une grande source de motivation pour tous les soldats: «Chaque jour, nous recevons des centaines de messages par courrier électronique ou téléphone portable. Les Tchèques, mais aussi les Slovaques, nous écrivent pour nous apporter leur soutien. Souvent, ils nous font part de la fierté que leur procure notre présence au Koweït. Jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune réaction négative. Je voudrais donc, encore une fois, remercier ces gens. Pour nous, c'est un grand soutien ».Les conditions climatiques que les soldats tchèques, mais pas seulement eux, doivent subir dans le désert koweïtien ne sont pas toujours faciles à affronter. Une tempête de sable est un phénomène naturel très désagréable mais, d'après les propos du général Lupuljev, les membres de l'unité s'en sortent bien :
«Les tempêtes de sable se répètent plus ou moins régulièrement, nous en avons déjà vécus plusieurs et nous sommes préparés à les affronter. Les soldats sont équipés de masques et de lunettes anti-poussière spéciaux. La technique, elle-aussi, est adaptée à cette situation. Nous sommes déjà habitués ».Toujours concernant les opérations militaires, signalons que sept bombardiers américains B-52, qui avaient décollé d'une base en Grande-Bretagne, ont profité, ce mardi, du couloir aérien au-dessus de la République tchèque pour se rendre en Irak. Ces avions, qui sont notamment équipés de huit moteurs et pouvent contenir jusqu'à trente et une tonnes de bombes, avaient déjà été utilisés par l'Armée américaine lors de la guerre du Vietnam ou lors de la première guerre du Golfe. Bien que la République tchèque ne fasse pas partie de la coalition anti-irakienne, le gouvernement autorise, depuis janvier, le survol de son territoire à l'aviation américaine.
Mais déjà, la République tchèque pense à l'après-guerre et à l'aide humanitaire qu'elle apportera au peuple irakien. Ainsi, suite à une demande émanant de Grande-Bretagne, le Conseil de sécurité de l'Etat tchèque s'est déclaré favorable à l'envoi éventuel d'un hôpital de campagne en Irak. Et ce mardi, à l'unanimité, députés et sénateurs se sont prononcés en faveur de l'envoi de celui-ci lorsque les négociations de paix auront été engagées. Une opération d'aide qui devra toutefois être placée sous le mandat de l'ONU. Mais selon l'ambassadeur tchèque en place à New York, Hynek Kmonicek, les Etats-Unis voudraient que la gestion du dossier irakien soit au plus vite de nouveau à la charge des Nations Unies. Le ministre de la Défense, Jaroslav Tvrdik, a, pour sa part, indiqué que, d'un point de vue militaire, l'hôpital pourrait être prêt à partir pour une mission à l'étranger après le 1er avril. Reste toutefois à résoudre le problème financier, les Tchèques souhaitant que les alliés participent aux frais engendrés par le fonctionnement de l'hôpital dans un pays dévasté par la guerre comme l'Irak. Un soutien pécunier de l'ordre de quinze millions de dollars que les Tchèques pourraient bientôt obtenir des Etats-Unis.