Deux soirées minimalistes au Théâtre des Etats

man_and_boy_dada1.jpg

La musique minimaliste a envahi, ce week-end, le Théâtre des Etats, scène qui fait partie du Théâtre national de Prague. On y a présenté la première de l'opéra de Michael Nyman, intitulé "Man and boy : Dada" et aussi deux petits opéras néo-baroques interprétés par l'ensemble Damian.

En lisant la synopsis de Man and Boy on n'arrive pas à croire qu'un tel sujet puisse donner une base solide pour la composition d'un opéra. Le livret raconte l'amitié entre le peintre dadaïste allemand, Kurt Schwitters, et un jeune garçon à Londres, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, mais évoque aussi des thèmes plus généraux comme l'amitié, la compréhension et l'incompréhension, les ravages que la guerre laisse dans les âmes. Pourtant, le compositeur Michael Nyman, un des plus grands représentants du minimalisme en musique, a créé une oeuvre cohérente et parfois émouvante sur la solitude d'un artiste trop original pour être compris. Les protagonistes de l'opéra, James Clark dans le rôle de Schwitters, Jirina Markova-Krystlikova - la mère, et Karolina Berkova - le garçon, ont trouvé, ce samedi, au Théâtre des Etats, les accents nécessaires pour donner vie à cette oeuvre dont le caractère exclusif ne la prédestine cependant pas à être appréciée par le large public.

La soirée de dimanche, au Théâtre des Etats, a été réservée à l'ensemble Damian. On a longtemps applaudi ce groupe de jeunes chanteurs et instrumentistes tchèques, passionnés de l'opéra du XVIIIe siècle, et qui marient les inspirations baroques avec les principes de la musique moderne. Ce minimalisme néo-baroque leur permet de créer, avec peu de moyens, des spectacles charmants où la musique domine, mais qui sont assaisonnés de trouvailles scéniques et d'humour. Ils aiment mettre en musique les livrets d'opéras anciens. Tel est aussi le cas du livret de l'opéra Coronide, créé en 1731, au château de Kromeriz en Moravie. L'histoire de la nymphe Koronis, tuée par son amant Apollon, qui se venge ainsi pour une prétendue trahison de sa bien-aimée, a été transfigurée par la musique de Vit Zounar et le public a écouté cette nouvelle version de la vieille tragédie avec plaisir et complicité.

Le compositeur et musicologue, Vit Zounar, né en 1966, collabore régulièrement avec l'ensemble Damian et avec son chef Tomas Hanzlik (1972). Ce dernier est auteur de l'opéra basé sur un texte latin de 1728, écrit par les frères du Couvent piariste de la ville d'Olomouc et intitulé "Yta Innocens - L'Innocente Yta". Le style de Tomas Hanzlik ressemble beaucoup à celui de Vit Zounar. On y trouve la même expressivité, la même fraîcheur d'invention. Le discours musical est disséqué en d'innombrables petites figures répétitives qui n'en sont pas moins capables de tenir le public en haleine, de l'envoûter et de créer l'illusion des grands sentiments et des grands conflits.