Les caprices du temps
Un 8 janvier avec une température de 13,7 degrés au-dessus de zéro, c'est ce que nous avons vécu, ce samedi, à Prague. Un début d'année pas comme le veut la tradition et qui rappelle, plutôt, le printemps.
Le samedi 8 janvier entrera dans l'histoire, car il a été le plus chaud depuis il y a 230 années. Pourtant, le thermomètre n'est pas monté le plus haut à Prague, mais en Bohême du sud, à Ceske Budejovice : 16,3 degrés au-dessus du zéro ! Ainsi donc, au lieu de se retrouver sous la neige, comme nous le représentent les anciennes cartes postales, dont celles du célèbre peintre et illustrateur, Josef Lada, la grande majorité du territoire tchèque présente une toilette presque printanière. Dans certaines régions, les pâquerettes montrent leurs premières fleurs, tout comme les pissenlits, sur les bords de l'Elbe, au nord de Prague. Les arbres commencent à former leurs bourgeons et, quand on fait une petite promenade dans les bois ou dans les vergers, on est surpris par le chant des oiseaux, inhabituel en cette saison. Le paysage est, quand même, différent dans les régions montagneuses, où les amateurs de sports d'hiver peuvent encore s'en donner à coeur joie. Pourtant, la neige fond très rapidement, pendant la journée, et les canons à neige ne peuvent pas tellement être employés, car il leur faut des gelées nocturnes, au moins, pour être efficaces. Pour l'instant, les stations de sports d'hiver sont encore pleines, mais les hôteliers et propriétaires de téléskis, téléphériques et divers autres équipements, scrutent le ciel avec appréhension. Surtout que les prévisions météorologiques ne sont pas très encourageantes. En effet, le temps printanier que nous vivons, en ce début de janvier, devrait durer encore jusqu'au 20, et ce n'est que vers la fin du mois qu'un refroidissement pourrait avoir lieu. Les spécialistes ne prévoient pas de fortes gelées, ni même d'abondantes chutes de neige. Ces caprices du temps, de cet hiver, ce sont aussi les agriculteurs qui s'en préoccupent. Ils craignent un réveil trop précoce des plantes, surtout des arbres fruitiers, comme les abricotiers et les pêchers, qui pourraient se mettre à bourgeonner ou même fleurir. Si, après, de grands froids arrivaient, ce serait la catastrophe. Si le redoux ne dure pas trop longtemps, les plantes retourneront à leur sommeil d'hiver. Par contre, ce ne sera pas le cas des ours, par exemple, qui semblent être sortis de leur hibernation, dans certaines régions de Moravie du nord. Selon les experts, ces animaux pourraient devenir dangereux, comme le disent les chasseurs « parce qu'il auront eu un mauvais sommeil ». Pour les jardiniers, un hiver trop doux, comme celui que nous vivons, est un mauvais hiver, car il favorise la reproduction des parasites, des rongeurs, enfin de tout ce petit monde qui leur cause des soucis pendant toute l'année. Malheur des uns, bonheur des autres : bon nombre de Pragois, mais aussi d'habitants des autres grandes villes tchèques, ont profité du soleil printanier pour s'adonner aux promenades. A la campagne, on est plus réservé, depuis toujours : pas question, encore, de commencer les travaux du printemps.