Des migrants vénézuéliens d’origine tchèque sont accueillis en République tchèque
Jusqu’à un millier de Vénézuéliens d’origine tchèque pourraient être prochainement accueillis à Prague en raison de la crise à la fois économique, sociale et politique qui continue de frapper le pays. Certains d’entre eux sont même déjà arrivés en République tchèque.
Il y a une semaine de cela, Jerina Sykorova vivait encore à Caracas. Dentiste de métier, elle a quitté la capitale vénézuélienne avec sa famille pour s’installer plus ou moins provisoirement en République tchèque, comme elle l’a expliqué récemment à un journaliste de la Radio tchèque qui s’est rendu à Červená nad Vltavou, dans les environs de Písek (Bohême du Sud), où se trouve un centre d’accueil pour les « Tchèques de l’étranger » en provenance de différents pays :
« Nous avons pris la décision de venir en République tchèque pour l’avenir de nos enfants et leur donner une chance. C’est un sacrifice parce que nous avons tout laissé là-bas. Mes parents sont restés seuls au Venezuela, la situation s’empire de jour en jour, ce n’est donc pas facile. »
Comme l’explique Jerina, ses grands-parents ont quitté la Tchécoslovaquie après la Deuxième Guerre mondiale au moment de l’arrivée au pouvoir des communistes. Son père s’est marié au Venezuela, qui comptait dans un passé pas si lointain parmi les pays les plus riches d'Amérique latine, sans ne jamais apprendre le tchèque à ses enfants.
Toujours selon Jerina, tout manque aujourd’hui au Venezuela, de la nourriture aux médicaments en passant par les services, et sur les routes de la Colombie voisine, le drame de ses migrants, qui à pied avancent pas à pas vers un avenir qu’ils espèrent meilleur, se poursuit. On estime ainsi qu’en quatre ans, conséquence des réformes entreprises par les présidents socialistes, le PIB du Venezuela est tombé de 40 %, tandis que selon l’opposition au gouvernement de Nicolas Maduro, le taux d’inflation a grimpé jusqu’à 223 % rien que pour le seul mois d’août.
Mari de Jerina, Edgar Toro, avocat de formation dans un pays où il affirme que l’Etat de droit n’existe plus, explique qu’il élevait et vendait des perroquets pour faire vivre sa famille ces derniers temps. Leurs deux enfants, une fille de 16 ans et un garçon de 20 ans, entendent donc désormais bien s’en sortir dans leur nouveau pays d’accueil.Les premières familles vénézuéliennes d’origine tchèque sont arrivées en République tchèque l’année dernière. Selon les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, leur nombre s’élève actuellement à une cinquantaine et une vingtaine d’autres devraient arriver à Prague dans les semaines à venir. Pour pouvoir être accueillis et être placés dans un centre où une aide complexe leur est fournie le temps d’au moins trois mois, ces « migrants dont on veut bien » doivent être en mesure de prouver la nationalité tchèque de leurs ancêtres ou avoir entrepris par le passé des démarches auprès de l’ambassade tchèque démontrant qu’ils se réclamaient de leurs origines.