Santé : le ministère veut lutter contre les déserts médicaux

Photo:  Filip Jandourek, ČRo

En Tchéquie, des régions comme la Vysočina ou certains territoires montagneux sont menacés par la désertification médicale : ils souffrent du manque de médecins généralistes. Et comme le nerf de la guerre, c’est le portefeuille, le ministère de la Santé indique vouloir lutter contre cette situation avec notamment la création d’un fonds de soutien qui doit aider financièrement les nouveaux praticiens.

Svatopluk Němeček,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Tout le monde n’est pas forcément propriétaire d’une voiture personnelle, tout le monde n’est pas mobile. Nous nous apercevons que les gens décident de rester là où ils vivent en fonction de l’accès, non seulement à des écoles et à un réseau de base de bureaux de postes, mais également à un médecin. »

Le constat du ministre de la Santé Svatopluk Němeček n’est pas nouveau. En plus de la pénurie de personnel médical dans les hôpitaux, dont Radio Prague faisait récemment état (http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/sante-les-hopitaux-tcheques-toujours-face-a-la-penurie-de-personnel-medical), le maillage territorial des cabinets de médecine générale n’est pas satisfaisant en République tchèque. Certains territoires, isolés des grands centres urbains, peinent ainsi à attirer des médecins généralistes.

D’autant plus que dans certaines régions, la moyenne d’âge des praticiens est pour le moins élevée ; elle atteint 56 ans par exemple dans le secteur de Vyšší Brod, en Bohême du Sud, à la frontière avec l’Autriche. La situation menace donc de s’aggraver avec le départ à la retraite de ces professionnels. Président de la région Vysočina, région du centre de la Tchéquie largement concernée par cette problématique, le social-démocrate Jiří Běhounek explique :

« Il est incontestablement prouvé qu’il y a un nombre suffisant de généralistes dans les grandes agglomérations mais que sur le terrain nous manquons de docteurs. Dans plusieurs secteurs, des postes sont laissés vacants malgré certaines aides déjà existantes car les médecins ne veulent pas les occuper. Dans notre région de Vysočina, il y a certaines localités, comme par exemple Černovice, où nous proposons des postes de façon répétée à des médecins généralistes. Nous avons essayé en collaboration avec l’hôpital de Pelhřimov mais malheureusement, il est difficile d’y attirer des docteurs. »

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Pour lutter contre la désertification médicale, la Caisse d’assurance maladie avait déjà annoncé cet été une série de mesures qui doivent prendre effet en 2016. Le ministère de la Santé passe à son tour à l’action avec la création future d’un fonds de soutien à ces médecins qui décident de s’installer dans les régions en manque de professionnels. Le ministre a expliqué :

« A partir du moment où ces médecins auront assez de clients et qu’ils seront en mesure de gagner leur vie, le ministère leur accordera un soutien financier. J’aimerais associer à cette démarche l’Association des régions tchèques. En plus de cela, il y a également cette bonification de la Caisse d’assurance maladie à hauteur de 30% pour favoriser les stages et les débuts de carrière dans ces secteurs où on ne parvient pas depuis longtemps à pourvoir des postes de médecins généralistes. »

Une aide vue d’un bon œil par l’Association des médecins généralistes et que la Caisse d’assurance maladie dit vouloir assurer pour une période de cinq années. Dans un second temps, le ministère envisage par ailleurs d’étendre le champ de compétences des généralistes avec cette idée de les encourager à migrer des villes vers les campagnes.