La pénurie de médecins persiste en République tchèque
La République tchèque fait face à une pénurie chronique de personnel médical. Selon les données de la Chambre médicale tchèque, chaque année près de 200 médecins et autant de personnes fraîchement diplômées quittent le pays pour l’étranger. Selon les syndicats, la hausse des salaires de 5% dans le domaine médical en vigueur depuis le début du mois de janvier ne risque pas de freiner la fuite des cerveaux.
En ce qui concerne les diplômés des facultés de médecine, dont le cursus universitaire complet coûte à l’Etat près d’un million de couronnes par étudiant, un cinquième d’entre eux décident d’aller directement à l’étranger. Si pour le ministre de la Santé, il est tout à fait irréel que l’on puisse stopper le flux des médecins tchèques quittant le pays, Svatopluk Němeček, a tenu à mettre en garde contre cette situation :
« Je crois que la situation actuelle est une grande menace pour l’avenir. Il existe trois facteurs qui vont déterminer si les praticiens restent dans le pays ou vont y retourner par la suite. En premier lieu, il s’agit de la réforme du système d’enseignement, dont le projet de loi se trouve actuellement en procédure interministérielle. La deuxième question est celle des salaires. A ce sujet, je dois dire que nous disposons d’un personnel médical de très bonne qualité pouvant concurrencer les autres pays. Et puis, il est également nécessaire de prendre en compte l’ambiance sur les lieux de travail. »Dans ce sens, Michal Křemen, spécialiste en médecine interne, qui a passé dix ans aux États-Unis et s’est installé en 2013 à Genève, a précisé quelles ont été les raisons qui l’ont poussé à quitter le pays pour exercer sa profession:
« Je crois qu’en tant que médecin qui débutait dans le métier, je ne voulais pas plonger dans le climat des hôpitaux tchèques que j’avais bien saisis pendant mes études. Très tôt j’ai réalisé que je ne voulais pas débuter et apprendre dans ce mauvais système d’enseignement spécialisé et dans une atmosphère quelque peu hostile. »
Un autre problème est donc également lié à un système d’enseignement et de formation qui peine parfois à fonctionner. Un nouveau projet de loi devrait prochainement permettre aux étudiants en soins infirmiers de pouvoir plus rapidement intégrer en pratique les milieux hospitaliers. Le projet prévoit également de donner plus de compétences aux infirmiers et aux aides-soignants, qui n’avaient jusqu’à présent qu’une compétence limitée dans certains soins. Toutefois, l’Association des infirmiers souhaite que le nombre de places au sein des Facultés de médecine soit lui aussi augmenté. Dimanche, le ministre de la Santé, Svatopluk Němeček, a indiqué que son département comptait demander au gouvernement la somme additionnelle de près de 4,5 milliards de couronnes (soit 163 millions d’euros), une somme destinée à l’augmentation des salaires.