Les médecins et le personnel hospitalier tchèques déplorent une baisse de leurs salaires

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Pour la première fois dans l’histoire de la République tchèque, les salaires des médecins et plus généralement des professionnels de la santé ont baissé en 2013, selon les données publiées récemment par l’Institut des informations sur la santé et des statistiques (ÚZIS). C’est pourquoi le personnel hospitalier réclame au ministère de la Santé une augmentation d’au moins 5%, et les médecins de 10%, pour l’année prochaine. Une réunion entre le ministre Svatopluk Němeček, qui affirme être conscient de l’urgence de la situation, et les syndicats est prévue la semaine prochaine.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
30 174 couronnes (un peu moins de 1 100 euros) : tel a été le montant du salaire mensuel moyen brut pour l’ensemble des personnes employées dans le secteur de la santé en République tchèque en 2013. Pour les médecins et les dentistes, ce montant s’est élevé au double (60 635 couronnes, soit environ 2 205 euros), mais seulement au prix de centaines d’heures supplémentaires effectuées durant l’année. Quant aux infirmières et aux aides-soignantes, elles ont touché en moyenne 28 706 couronnes (près de 1 045 euros). Comparé aux données de 2012, il s’agit donc d’une baisse de 0,8% de leurs revenus.

Quatre ans après la mobilisation des médecins du secteur hospitalier, qui avaient exprimé leur ras-le-bol publiquement en lançant une vaste opération intitulée « Merci, on s’en va » (« Děkujeme, odcházíme » en tchèque), la situation n’a donc guère évolué. Tous, des aides-soignantes aux docteurs les plus qualifiés, restent excédés par leurs conditions salariales médiocres. En 2010, Vít Mortaň, jeune médecin dans un hôpital du centre de Prague qui a effectué plusieurs stages en France, avait dressé, pour Radio Prague, un état des lieux à travers sa situation personnelle :

« Ma spécialité est la médecine interne et la néphrologie. Je travaille depuis trois ans ici et mon salaire est de 800 euros. Si on compare avec ce que touchent nos collègues en Europe de l’Ouest, c’est ridicule. En République tchèque, cela équivaut au salaire moyen. C’est à peu près ce que touche une secrétaire de banque. »

Au moment du lancement de leur pétition à l’automne 2010, en pleine période de crise économique et face à un gouvernement plus soucieux de mener à bien sa sévère politique de rigueur budgétaire, plusieurs milliers de médecins tchèques avaient menacé de démissionner et de partir à l’étranger si la grille des tarifs de leurs salaires n’était pas rapidement revue à la hausse. Peine perdue, semble-t-il, même si, finalement, aucun exode massif, notamment en Allemagne et en Autriche voisines prêtes à les accueillir à bras ouverts, n’a été à déplorer depuis.

Aujourd’hui, les médecins sont moins virulents dans leurs revendications. Pourtant, ils entendent bien parvenir à leurs fins. S’ils réclament une augmentation de 10% de leurs salaires à compter de janvier prochain, les syndicats, eux, espèrent obtenir une hausse de 5% pour les autres professions du secteur, une hausse semblable à celle qu’ont obtenue les policiers et les pompiers. Et à entendre le ministre de la Santé, Svatopluk Němeček, tout laisse à penser que leur souhait sera exaucé :

Svatopluk Němeček,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« C’est effectivement une variante dont je suis prêt à discuter. L’intérêt du ministère est d’augmenter les salaires de l’ensemble du personnel de la santé. »

Mais le ministre ne discutera pas seulement des grilles de salaires, mais aussi des heures supplémentaires qu’accumule l’ensemble du personnel des hôpitaux publics du pays. Toujours selon les chiffres de l’ÚZIS, nombre de médecins ont ainsi déjà effectué plus de 800 heures supplémentaires depuis le début de l’année, alors que la législation européenne autorise un nombre total maximal de 416 par an, soit une moyenne hebdomadaire de huit heures. En faisant quelques comptes rapides, on comprend donc mieux que les médecins tchèques en aient parfois plein le dos.