Coupe Davis : les Tchèques s’offrent les nouveaux mousquetaires
L’équipe de République tchèque de tennis a battu la France (3-2) à l’occasion du premier tour de la Coupe Davis. Devant leur public d’Ostrava, Radek Štěpánek et Tomáš Berdych, excellents tout au long du week-end, ont remporté les trois points nécessaires pour éliminer une jeune équipe de France dont on attendait beaucoup. Qualifiés, les Tchèques recevront désormais l’Argentine en juillet prochain et peuvent espérer aller plus loin encore dans la compétition.
« Ce qui est dur, ce n’est pas la défaite en elle-même, c’est de regarder ses potes, même s’ils sont là et derrière moi, et de se dire qu’en ayant perdu mes des matchs, je les empêche de poursuivre l’aventure. Même si on est tous solidaires, c’est un poids pour moi difficile à porter. »
-Štěpánek est un joueur compliqué à jouer et vous ne vous en êtes jamais sorti…
« Oui, c’est joueur difficile à maîtriser. Mais je pense qu’en termes de niveau de jeu, sur tout le match, je n’ai rien eu à lui envier. Simplement, il a répondu présent dans les moments importants et moi un peu moins. A tous les moments chauds du match, c’est lui qui est passé et pas moi. Pourtant, je n’ai pas eu l’impression qu’il jouait vraiment beaucoup mieux que moi. »De son côté, Radek Štěpánek s’est présenté avec son maillot frappé du lion de Bohême imbibé de champagne, « français », a-t-il précisé avant de livrer son sentiment :
« Je suis d’abord content que mon partenaire de doive pas disputer de cinquième match décisif. Ce sont des sensations fantastiques difficiles à décrire, c’est beaucoup d’émotions. Nous n’étions pas favoris, les Français forment une des équipes les plus fortes au monde avec des joueurs en très grande forme. Nous sommes pourtant parvenus à les battre. Pour moi, le match d’aujourd’hui était d’autant plus important après ma défaite contre Tsonga vendredi, où il avait été trop fort pour moi. Mais hier nous avons fait un très bon double avec Tomáš, et ce match m’a redonné beaucoup de forces, de la confiance, et je suis content de l’avoir montré aujourd’hui. »
A l’issue de la première journée, vendredi, les deux équipes étaient à égalité un point partout, la victoire de Berdych aux dépens de Simon ayant été effacée par celle de Jo-Wilfried Tsonga contre Radek Štěpánek. Un Tsonga impressionnant de force et de précision qui a balayé son adversaire en trois petits sets, alors qu’il n’était pas dans une position facile, contraint de s’imposer pour redonner espoir à l’équipe de France.« Oui, il y avait un peu de tension. J’ai regardé le match de Gilles dans ma chambre d’hôtel puis ici au stade avant d’entrer sur le terrain. Ce n’était pas facile de voir Gilles en difficulté. J’aurais bien sûr préféré jouer en menant 1-0. Maintenant, le fait qu’il ait perdu m’a aussi donné un coup de boost plutôt que de me mettre la pression. Je suis vraiment rentré sur le terrain avec la volonté d’égaliser et de nous redonner nos chances de qualification. Dès le début du match je me suis senti bien, comme c’est le cas depuis plusieurs semaines. Finalement, j’ai fait la même prestation aujourd’hui que ces derniers temps et ça s’est bien passé. »
Comme souvent décisif en Coupe Davis, le double de samedi s’est, lui, moins bien passé pour les Français. Face à Radek Štěpánek et Tomáš Berdych, habitués à évoluer côte à côte, la paire composée de Richard Gasquet et Michael Lldora jouait pour la première fois ensemble. Un élément qui n’explique toutefois qu’en partie la victoire tchèque en quatre sets, car Štěpánek et Berdych ont l’un comme l’autre livré une partie de très haut niveau face à une équipe française séduisante sur le papier, comme le reconnaissait le capitaine français Guy Forget :« L’équipe tchèque était très séduisante aussi. On y a cru jusqu’au bout mais les Tchèques ont été objectivement un peu plus forts que nous aujourd’hui, un peu plus constants, un peu plus performants au service. De notre côté, même s’il y a eu des passages, notamment dans le deuxième set, où nous avons archi-dominés, ça n’a pas été assez stable et constant. C’est notamment là-dessus qu’on perd ce match. Mais le score pourrait aussi être inversé, le sort du match se joue sur trois points. Ce n’est pas grand-chose mais c’est aussi toute la différence qui existe parfois entre une défaite et une victoire. »
Tout en n’oubliant pas, lui non plus, de féliciter les Tchèques pour leur prestation, Richard Gasquet regrettait certains passages cruciaux du match :
« C’est le mauvais scénario : on perd à 5-4 dans le troisième set le jeu qu’il ne faut pas perdre et c’est pareil au début du quatrième set où on se fait breaker après quelques fautes d’inattention mêlée à la réussite tchèque. Après tout s’enchaîne très vite sur cette surface très rapide. Les Tchèques se connaissent bien, ils ont bien joué et servi presque 90 % de premières balles, ce qui est incroyable. Mais ça reste quand même très dur de perdre… »En s’inclinant contre les Tchèques, l’équipe de France, au sein de laquelle figuraient quatre joueurs appartenant à l’élite mondiale, a subi une grosse désillusion. Mais le directeur technique national Patrice Dominguez se voulait optimiste pour l’avenir de ces jeunes un peu trop rapidement présentés comme « les nouveaux mousquetaires » par les médias français.
« On voit bien que la jeune génération a encore ses preuves à faire par rapport à ce qui s’est passé et aux anciens qui, eux, avaient gagné la Coupe Davis ou étaient allés loin dans la compétition. On ne s’improvise pas joueur ou équipe de Coupe Davis en un week-end. Il faut leur laisser du temps. On savait avant de venir que ce serait un match difficile. Berdych et Štěpánek ont le potentiel pour faire partie du Top 15 mondial, on ne jouait donc pas contre des ‘charlots’ et ils l’ont montré. Je trouve que les Tchèques ont été formidables. »En battant une des meilleures équipes au monde, les Tchèques peuvent envisager le proche avenir et la suite de la compétition avec optimisme. En juillet prochain, ils recevront l’Argentine, qui avec Del Potro et Nalbandian possède également deux joueurs appartenant à l’élite mondiale. La mission ne sera pas simple, mais à Ostrava, on sait depuis ce week-end que tout est possible.