Une aventurière bordelaise en reconnaissance d'une Tchéquie en quête dereconnaissance

Brno

Anne Saffore est comédienne professionnelle à Bordeaux, sa ville natale. C'est aussi, depuis quelques années, une amoureuse de la Bulgarie, un pays qui, selon elle, reste un mystère pour beaucoup de Français, indifférents à son sort. L'année dernière, Anne, aidée par des amis sur place, s'était donc rendue en Bulgarie, avec pour objectif de préparer une exposition-témoignage sur ce pays qui souffre d'une réputation par trop négative pour pouvoir refléter objectivement la réalité. Récemment, et alors que plusieurs pays d'Europe centrale et orientale s'apprêtent, en mai 2004, à intégrer l'Union européenne, elle s'est lancée dans la même entreprise pour la Pologne et la République tchèque. Ce mercredi, cette aventurière curieuse et dynamique était de passage dans les locaux de Radio Prague, après un séjour et un voyage de deux semaines à Prague, mais aussi dans d'autres villes de Bohême et Moravie. Elle nous a fait part de son premier regard, enthousiaste et empli de surprise, qu'elle pose sur la Tchéquie :

Brno
« Pour l'instant, en fin de compte, ce que je perçois, c'est une joie d'être reconnus en tant que tel, en tant que Tchèques, et non pas en tant que « amalgame pays ex-communistes ». Je crois que les gens soufrrent beaucoup de ça. Il y une révolte, un sentiment d'injustice. J'essaie d'en expliquer le pourquoi. Les gens que j'ai rencontrés sont ouverts, ils s'intéressent. Par exemple, hier (mardi), à Brno, j'ai rencontré une jeune cantatrice qui est à l'alliance française pour apprendre à chanter en français. Pourtant, elle parle déjà couramment l'talien, l'allemand et le russe. Là, ça fait quatre mois qu'elle apprend le français, je répète juste pour chanter, et on pouvait déjà converser avec facilité. Quel est le Français qui ferait ça ? Je pense que nous sommes tellement assis sur nos lauriers, nous n'avons plus rien à nous prouver... mais le courant des gens de l'Est qui vont venir chez nous pour travailler ou, tout simplement, découvrir notre culture ou amener la leur... je crois que ça va être un véritable choc, mais je ne suis pas sûre que nous serons les gagnants. Il y a un tel décalage au niveau de la curiosité, de l'apprentissage... c'est vraiment terrifiant. On ne peut qu'être humbles, et j'espère que ce sera une sorte de moteur pour nos pays, pour se raccrocher à ces wagons qui ont encore le sang frais, qui ont l'impression d'avoir tout à prouver, alors qu'ils n'ont rien à prouver. Mais, par contre, espérons que cette richesse qui est la leur aujourd'hui ne va pas s'enliser dans une sorte d'habitude et dans un pseudo-capitalisme qui bafoue tout. »

-Votre découverte de la République tchèque ne s'est pas limitée à Prague, puisque vous avez évoqué la capitale de la Moravie, Brno. Pourriez-vous nous dire quelques mots de ce voyage ?

Ostrava
« Avant d'aller à Brno, je suis allée à Kolin, ensuite à Kutna Hora, qui est une ville magnifique aussi, appremment un peu délaissée par le tourisme, tant mieux d'une certaine manière, mais c'est une richesse énorme. Je suis allée également à Olomouc et à Ostrava, parce que je souhaitais voir un petit panel. Je pense que la Moravie du nord est une partie beaucoup plus industrialisée. C'est vrai que ce qui est choquant, même si on ne peut pas trop se vanter d'être à l'abri avec ce qui s'est passé avec l'explosion de l'usine AZF à Toulouse, ce sont les cheminées industrielles très proches des villes. Pour moi, avec ma vision française - et en plus on souligne ce problème à l'heure actuelle, c'est assez inquiétant. Alors, je ne sais pas dans quelle mesure l'entrée dans l'Union européenne de la République tchèque va pouvoir enrayer ce phénomène. Mais sinon, certes, le niveau de vie est au top à Prague, mais je n'ai pas véritablement trouvé trop de différences avec les autres villes. Oui, on sent que l'investissement n'est pas le même, mais il y a une qualité de vie malgré tout, il y a un souci d'aménagement au niveau des habitations... les tramways, les bus fonctionnent extrêmement bien, je pense que le pays est beaucoup mieux desservi que la France, par exemple. Non, vraiment, c'est un pays très plaisant et très varié. Par contre, il y a apparemment beaucoup moins d'élevages bovins que chez nous, mais il y a la joie de voir des cigognes, des biches quand on voyage en train. C'est un pays plein de charme, quoi ! »