Au MAE à Prague, une fenêtre tristement célèbre et des archives constituées de nombreux documents historiques

Le Palais Černín (Černínský palác), photo: Ondřej Tomšů

Le Palais Černín (Černínský palác) a la réputation d’être le plus grand palais baroque de Prague. Il est depuis 1934 le siège du ministère des Affaires étrangères (MAE ou MZV en tchèque pour Ministerstvo zahraničních věcí) et a connu certaines des heures les plus riches et les plus sombres de la Tchécoslovaquie. En témoignent, sous les combles du bâtiment, les impressionnantes archives de la diplomatie nationale. Direction les hauteurs de la capitale pour une petite visite.

Le Palais Černín  (Černínský palác),  photo: Ondřej Tomšů

La fenêtre tristement célèbre,  photo: Alexis Rosenzweig
Pour une bonne partie de la population tchèque aujourd’hui, cet impressionnant bâtiment reste lié à un événement tragique survenu juste après le Coup de Prague de février 1948 : la mort du chef de la diplomatie Jan Masaryk, retrouvé mort en mars après être une chute de la fenêtre. Une mort toujours pas élucidé et qui fait aujourd’hui à nouveau l’objet d’une enquête tout juste rouverte.

Pour accéder à cette tristement célèbre fenêtre située dans une des salles de bains du dernier étage, il faut traverser l’ancienne chambre à coucher du ministre et son bureau, après être passé par la plus grande salle de l’étage inférieur – celle où le Pacte de Varsovie a officiellement été démantelé en 1991.

Les archives sont situées de l’autre côté du bâtiment. Helena Balounová en est la responsable :

« Nous sommes ici dans les archives du ministère. Ce grenier a été aménagé dans les années 1930 et il y a ici environ 4,5 kilomètres linéaires d’archives qui remontent à la création de la Tchécoslovaquie en 1918, mais nous avons aussi des documents plus anciens, dont le plus vieux remonte à la fin du 18è siècle. »

Archives parisiennes
Parmi les fonds les plus fournis se trouvent dans ce grenier les archives parisiennes de la Tchécoslovaquie. Elles font partie des plus précieuses et sont donc dans une chambre forte climatisée, fermée à double tour.

En ouvrant au hasard un des grands classeurs, on découvre comment une bonne diplomatie ne peut être que facilitée par la bonne chère : dans une lettre adressée en janvier 1919 au ministre tchécoslovaque Edvard Beneš, la diplomatie française l’informe de son projet d’accorder aux membres des délégations des Puissances Alliées présentes à la Conférence de la Paix « l’exemption des droits de douane et d’octroi sur les vins, les alcools et les produits alimentaires ».

Le bâtiment n’a pas été le siège de la diplomatie pendant tout le siècle et les quelques mois qui séparent cette fin d’année 2019 de la création de la Tchécoslovaquie.

Helena Balounová
Helena Balounová : « Le Palais Černín a été à partir de 1939 le siège du dirigeant nazi Karl Hermann Frank, et toutes les archives ont été transportées à Berlin à ce moment-là pour faire l’objet d’un contrôle. Tout a été ramené à Prague mais il y a eu des pertes et des destructions, c’est certain. »

Il est aujourd’hui possible de faire des recherches dans ces archives diplomatiques pragoises. Etudiants et chercheurs peuvent y trouver de nombreuses ressources sur les liens entretenus par la Tchécoslovaquie avec le reste du monde. Quelques dossiers sont classés par nom, comme celui concernant Vladimir Vochoč, consul à Marseille entre 1938 et 1941 et récemment devenu Juste parmi les Nations à titre posthume.

Helena Balounová : « Tout le monde ayant un thème lié à notre fonds peut venir faire des recherches dans nos archives. La seule restreinte est qu’il n’est pas possible de circuler librement dans le Palais Černín, donc il faut obtenir un accord et prendre rendez-vous avant de venir. En général, ce sont des étudiants qui viennent ici pour écrire leur mémoire. Mais nos archives intéressent également des chercheurs aguerris et des auteurs. »

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