Cyclisme : 6e du Giro, Roman Kreuziger doit encore franchir un palier pour viser plus haut
Largement dominé par l’Espagnol Alberto Contador, le 94e Tour d’Italie s’est achevé dimanche. Ce Giro était aussi un des grands objectifs de la saison pour Roman Kreuziger. Même s’il a terminé loin derrière le maillot rose au classement général final et n’est pas monté sur le podium, comme il l’entendait, le coureur tchèque n’a pas déçu en Italie, ralliant Milan, ville d’arrivée, à la 6e place avec le maillot blanc de meilleur jeune sur les épaules. Mais pour espérer encore mieux à l’avenir et tutoyer les sommets en compagnie des Contador, Schleck et autres Nibali sur les grands Tours, Roman Kreuziger devra encore progresser.
Un podium sur lequel n’est donc finalement pas monté Roman Kreuziger, comme il l’espérait pourtant avant le départ de la course. Le Tchèque, qui avait fait du Tour d’Italie le principal objectif de sa saison, doit se contenter de la 6e place au classement général, avec 11’28’’ de retard sur le maillot rose et 4’34’’ sur le troisième. Septième avant le dernier contre-la-montre individuel, Roman Kreuziger croyait cependant être encore en mesure de devancer l’Espagnol Joaquim Rodriguez et le Colombien Rosé Rujano et ainsi de grignoter deux places au classement général, comme il l’a confié à l’arrivée :
« Personnellement j’espérais finir dans les cinq premiers. Malheureusement il m’a manqué une vingtaine de secondes. Joaquim Rodriguez a fait un meilleur contre-la-montre que ce que je pensais. Mais ce classement final reste un bon tremplin pour les prochaines années. »
Jamais auparavant dans l’histoire du cyclisme tchèque, un coureur n’avait fait mieux sur un des trois grands Tours que cette 6e place décrochée par Roman Kreuziger à l’issue d’un Giro très montagneux. A cette place d’honneur s’ajoutent également le maillot blanc de vainqueur du classement du meilleur jeune (coureurs de 25 ans et moins) et une victoire avec Astana au classement par équipes. Autant d’éléments positifs selon Roman Kreuziger au terme de plus de 3 500 kilomètres de course :« Si l’on se tient compte de la dureté de la course et de la qualité du plateau de coureurs présents cette année, je pense que je peux être plutôt content de ma performance d’ensemble sur ce Giro. Par rapport à la concurrence, cette 6e place représente pour moi un meilleur résultat que mes 9es places aux deux derniers Tours de France. Tous les coureurs du Tour de France étaient là et il ne manquait personne. »
Si cette 6e place finale est effectivement un bon résultat et si la concurrence était assurément plus relevée que lors des éditions précédentes, Roman Kreuziger se trompe toutefois quelque peu dans son analyse, puisque, mis à part le Tchèque lui-même, seuls Alberto Contador, le Russe Denis Menchov (3e) et l’Espagnol Joaquim Rodriguez (8e), présents en Italie cette année, figuraient parmi les dix premiers du classement général final du Tour de France l’année dernière. Et pas moins de quatorze des vingt premiers coureurs de la Grande Boucle 2010 manquaient à l’appel au départ du Giro…
Comme lors des trois dernières éditions du Tour de France (12e en 2008 et 9e en 2009 et 2010), il a toutefois encore manqué un petit quelque chose à Roman Kreuziger sur les routes d’Italie pour pouvoir lutter pour une place sur le podium, son objectif initial. Souvent présent dans le groupe de tête en compagnie des autres favoris dans les ascensions des cols, le Tchèque se voit encore reprocher par certains observateurs un manque d’obstination et de constance dans les moments-clefs des étapes décisives. Un jugement avec lequel le coureur n’est pas tout à fait d’accord :« Nous sommes sur la bonne voie et il faut continuer dans ce que nous faisons actuellement avec mon équipe. Je pense que si tel est le cas, j’aurai à l’avenir une chance réelle de lutter pour une victoire finale dans un grand Tour. »
Bon grimpeur et bon spécialiste du contre-la-montre, sans toutefois exceller dans aucun des deux domaines, Roman Kreuziger dispose certainement, même si certains critiques commencent donc un peu à en douter, d’un potentiel qui pourrait l’amener à lutter un jour pour les premières places sur le Tour, le Giro ou la Vuelta. Mais à 25 ans, il lui reste pour y parvenir encore un palier à franchir. Le prochain Tour de France, auquel il participera finalement bien, mais probablement dans le rôle d’équipier d’Alexandre Vinokourov, constituera peut-être la première étape de cette nécessaire progression.