Cyclisme : le Giro plutôt que le Tour pour Kreuziger en 2011

Roman Kreuziger, photo: CTK

Après cinq saisons passées sous le maillot de l’équipe italienne Liquigas, Roman Kreuziger a donné une nouvelle impulsion à sa carrière en rejoignant Astana à l’intersaison. Neuvième des deux derniers Tours de France, le meilleur coureur tchèque actuel a rejoint la formation kazakhe d’Alexander Vinokourov avec le Tour d’Italie pour principal objectif en 2011, comme il l’a confirmé lors de son passage à Prague la semaine dernière.

Roman Kreuziger,  photo: CTK
Roman Kreuziger a véritablement lancé sa saison 2011 avec Paris-Nice il y a deux semaines. Une course au cours de laquelle le Tchèque ne s’est pas montré sous son meilleur jour et n’a pas répondu aux premières attentes, tant celles de sa nouvelle équipe que celles du public ou des médias. 17e du classement général à l’arrivée sur la Promenade des Anglais à l’issue de la 8e étape, à 7’10’’ du vainqueur, l’Allemand Tony Martin, Roman Kreuziger a fait moins bien que la saison dernière. A l’époque, il avait terminé 4e à Nice avec le maillot blanc de meilleur jeune sur les épaules.

Des épaules, justement, il en faudra de solides à Kreuziger pour supporter la pression qui pèsera sur lui tout au long de sa première année de contrat chez Astana. Car si Alexander Vinokourov, le capitaine de route de l’équipe kazakhe, a fait appel à lui, c’est ni plus ni moins pour remplacer un certain Alberto Contador, le triple vainqueur du Tour ayant rejoint les rangs de la Saxo Bank. Pour autant, bien qu’un peu déçu par ses performances sur Paris-Nice, Roman Kreuziger affirme ne pas être inquiet :

« C’est vrai que j’attendais un peu plus. Heureusement, l’équipe a remporté une victoire d’étape, le bilan n’est donc pas complètement négatif. De mon côté, j’ai accumulé les kilomètres de course, j’ai maintenant quelques jours de repos avant d’enchaîner avec un nouveau stage de préparation. Je reste serein, car j’ai la confiance de l’équipe. J’ai participé à mes premières courses avec ma nouvelle équipe dans laquelle je me suis bien adapté, et c’est aussi très important. »

Malgré la réputation sulfureuse de sa nouvelle équipe, Roman Kreuziger est pour l’heure particulièrement satisfait d’avoir franchi le pas et d’avoir rejoint Astana :

« Il ne nous manque rien, tout est fait pour nous mettre dans des conditions optimales. C’était déjà le cas auparavant. Mais par rapport à Liquigas, je ressens chez Astana une plus grande confiance. Ils me laissent tranquille. Je suis un professionnel et je sais me préparer seul chez moi. Chez Liquigas, nous avions beaucoup de stages, ils nous contrôlaient même au petit déjeuner. Quand j’arrivais sur une course, j’étais déjà fatigué avant d’en prendre le départ. Chez Astana j’ai plus de liberté et, grâce à ça, j’ai le sentiment d’avoir plus d’énergie. Mais en échange ils attendent plus de leurs coureurs sur les grandes courses. »

A 24 ans, Roman Kreuziger entend bien franchir un palier dans sa progression. Vainqueur notamment des Tours de Romandie en 2008, de Suisse en 2009 et de Sardaigne en 2010, le Tchèque souhaite désormais se mêler à la lutte pour le podium également sur un des trois grands Tours. Pour cette saison, sa priorité sera donc le Tour d’Italie, sans doute au détriment du Tour de France. Mais pour atteindre ses objectifs et éventuellement endosser le maillot rose de leader, Roman Kreuziger aura fort à faire sur les routes du Giro :

« Les objectifs sont élevés, l’attente de l’équipe est grande aussi. Nous sommes convaincus de pouvoir nous mêler à la lutte pour les premières places, même si la concurrence sera cette année peut-être encore plus forte que sur le Tour de France. Si Contador est autorisé à prendre le départ, il sera assurément le favori numéro un. Mais il y aura aussi Menchov, mon ancien équipier Nibali, Rodriguez et Scarponi. »

Dans le peloton, les voix de certains coureurs se sont élevées pour critiquer les parcours jugés trop difficiles des grands Tours, et notamment de celui d’Italie, extrêmement montagneux cette année. Un avis partiellement partagé par Roman Kreuziger, qui estime cependant que la longueur et la difficulté de certaines étapes nuit d’abord à la qualité du spectacle :

« Tout le monde dit que le Giro cette année est encore plus dur que celui de l’année dernière. Mais cela dépendra surtout du rythme que les coureurs s’imposeront eux-mêmes. La longueur des étapes n’est sans doute pas idéale. Je pense que pour les spectateurs, les étapes de 200 kilomètres maximum sont plus intéressantes. Il vaut mieux que les coureurs abordent la dernière ascension encore relativement frais. La course est alors plus mouvementée que lorsque les coureurs ont encore un col à gravir après avoir déjà parcouru 230 kilomètres. Cette année il y aura sur le Giro 7 étapes longues de plus de 230 kilomètres. C’est beaucoup mais c’est l’affaire des organisateurs : ce sont eux qui décident quel type de course ils veulent proposer au public. Il faudra de la résistance, mais ça ne me fait pas peur. »

Avant le Tour d’Italie, qui s’élancera, le 7 mai, Roman Kreuziger participera également au Tour du Trentin et au Tour de Romandie en avril. En revanche, aucune classique ardennaise ne figure à son programme. Or, l’Amstel Gold Race et plus encore La Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège possèdent des parcours presque taillés sur mesure pour les qualités du Tchèque :

« A l’avenir j’entends bien à ce que ces courses deviennent des objectifs. Mais il était difficile de les intégrer dans mon programme de préparation en vue du Giro. Il faut être prêt à 100 % pour avoir une chance dans les classiques. C’est pourquoi nous avons choisi d’autres courses en avril, plus calmes aussi. Mais cela n’enlève rien au fait que je regrette de ne pas participer à ces classiques. »

Si le public ne verra donc pas Roman Kreuziger à l’œuvre dans les Ardennes, il ne le verra sans doute pas non plus sur le Tour de France. Après le Giro, le Tchèque devrait en effet être laissé au repos avant d’enchaîner avec les Tours d’Autriche et de Pologne, deux courses d’une semaine en juillet et août qui devraient lui permettre de peaufiner sa forme en vue du troisième grand Tour de la saison, la Vuelta espagnole, fin août – début septembre.