Cyclo-cross – Mondiaux de Tábor : Ferrand-Prévot – Van der Poel, nouveau couple de beaux champions
Le week-end sportif en République tchèque a été marqué par la tenue à Tábor, en Bohême du Sud, des championnats du monde de cyclo-cross, premier des quatre grands événements internationaux qui se tiendront dans le pays cette année. Un an après le troisième titre de Zdeněk Štybar, les coureurs tchèques n’ont cette fois décroché de médaille dans aucune catégorie, une triste première depuis 2012. Heureusement pour le nombreux public qui avait répondu présent, les deux jours de compétition ont été marqués par les victoires de deux représentants de la génération montante : la Française Pauline Ferrand-Prévot et le Néerlandais Mathieu Van der Poel, petit-fils d’un certain Romain Poulidor…
« Cela a été une course fantastique pour moi. Je suis très heureuse. Je ne m’attendais pas vraiment à gagner aujourd’hui, je n’étais pas la favorite, donc ce résultat est quand même incroyable. Au moment du sprint, je me suis juste dit qu’il fallait foncer, ne pas me retourner sur mon adversaire et appuyer le plus fort possible sur les pédales pour essayer de gagner. »
Pauline Ferrand-Prévot est déjà bien plus que la nouvelle championne du monde de cyclo-cross. Et les médias pragois, friands de cette discipline traditionnelle en République tchèque, n’ont d’ailleurs pas manqué de remarquer l’ascension de la Champenoise déjà sacrée championne du monde sur route en septembre dernier en lui consacrant une place de choix. A 22 ans, Pauline Ferrand-Prévot, également spécialiste du VTT, est devenue la première Française à la fois championne du monde sur route et de cyclo-cross chez les professionnelles. Pas même la légendaire Jeannie Longo n’a jamais fait mieux ! Autant dire que, une fois nettoyée de la boue qui avait recouvert son visage à l’arrivée d’une course éprouvante disputée sous la neige et sur un terrain particulièrement glissant, Pauline Ferrand-Prévot, tout sourire, pouvait laisser briller le petit diamant collé sur une de ses dents :
« C’est mon deuxième titre de championne du monde en quelques mois… Pour moi qui ne suis pas une spécialiste du cyclo-cross et qui n’ai jamais gagné une épreuve de Coupe du monde, c’est presque incroyable. Je savais que j’étais en forme, donc j’y croyais quand même un peu. Mais… Je ne sais pas vraiment quoi dire, si ce n’est que c’est super pour moi de gagner ici. »
Gagner ici, entendez à Tábor, devant son public, était aussi le rêve de Kateřina Nash. Habituée aux places d’honneur dans les Mondiaux, avec notamment une médaille de bronze en 2011, la Tchèque pensait bien vivre cette fois le plus beau jour de sa carrière. Mais victime de deux chutes dans le dernier tour alors qu’elle était à la lutte pour la troisième place, Kateřina Nash n’a fini qu’à la cinquième place finale avec 36’’ de retard sur la vainqueur française.
« Cela fait malheureusement partie de la carrière d’un sportif. Je me suis entraînée comme il le fallait tout au long de la saison, qui a d’ailleurs été très bonne. J’ai tout donné aujourd’hui pour ce qui était mon grand objectif, mais un championnat du monde est une course d’un jour et il est difficile de tout prévoir. J’étais un peu moins bien que sur d’autres courses cette saison pour lesquelles j’étais moins préparée. Dans le dernier tour, je ne suis pas tombée par hasard. Le parcours était très compliqué : c’était un mélange entre la surface qui était gelée et la boue. Nous étions trois à la lutte pour la troisième place, il fallait prendre des risques et j’avais les mains gelées. Cela aurait été de toute façon serré jusqu’à l’arrivée, et malheureusement, cela ne m’a pas souri. »
Cinquième donc de la course chez les femmes, et très déçue, Kateřina Nash n’en a pas moins signé le meilleur résultat tchèque de ces Mondiaux de cyclo-cross. En l’absence du triple champion du monde (2010, 2011, 2014) Zdeněk Štybar, insuffisamment remis d’une blessure à l’épaule contractée lors d’une chute en octobre dernier, il ne restait plus grand-monde, pas plus dans la catégorie Elite que chez les juniors et les moins de 23 ans, pour reprendre le flambeau.
L’entraîneur de la Reprezentace, Stanislav Bambula, a d’ailleurs été le premier à reconnaître que s’il espérait bien que l’un des siens décroche « une petite médaille » lors de ce week-end à Tábor, il fallait aussi être réaliste. « Les choses sont comme elles sont », a-t-il constaté, laconique.
Du coup, c’est de la 13e place de Michael Boroš dont les supporters tchèques ont dû se contenter dimanche après-midi au terme d’une course dominée de la tête et des épaules et remportée en solitaire par le jeune Mathieu Van der Poel. Le Néerlandais, petit-fils de Raymond Poulidor, son grand-père maternel, et également fils d’un Ari Van der Poel dont les vrais amateurs de cyclisme se souviendront, s’est imposé en solitaire avec 15’’ d’avance sur le Belge Wout Van Aet et son compatriote Lars Van der Haar. Agé de 20 ans, Mathieu Van der Poel est ainsi devenu le plus jeune champion du monde de l’histoire dans la catégorie Elite, le premier champion hollandais aussi depuis 1988. Et à Tábor, c’est un bien beau jeune couple en maillot arc-en-ciel et plein d’avenir que Pauline Ferrand-Prévot et Mathieu Van der Poel ont constitué. Car quelque chose nous fait dire que ce n’était pas la dernière fois qu’on les voyait ensemble tout en haut d’un podium.