La filiale tchèque de Siemens embauchera prochainement une vingtaine de sans-abri. Coordonné par l’Armée du salut, ce nouveau projet tend à aider les personnes sans domicile fixe à retrouver une vie normale.
Eduard Palíšek, photo: Siemens
La resocialisation des sans-abri est devenue un grand thème pour de nombreuses organisations non gouvernementales tchèques, telles que l’Armée du salut, la Charité ou Naděje (Espoir). C’est justement l’Armée du Salut qui est à l’origine du projet lancé en coopération avec Siemens, un projet qui propose un emploi à une vingtaine de sans-abri sélectionnés selon un certain nombre de critères. L’entreprise met l’accent surtout sur le casier judiciaire vierge et la motivation du candidat. Pendant la période d’essai longue d’un an, celui-ci sera également logé et son contrat pourra ensuite être prolongé pour une durée indéterminée. Directeur de la filiale tchèque de Siemens, Eduard Palíšek poursuit :
« Nous proposons des positions notamment dans la production et dans l’administration. Parmi les sans-abri il y a de nombreux constructeurs mais on trouve aussi par exemple des personnes avec une formation juridique. »
Ancien agent d’usinage des métaux et client de l’Armée du salut, Libor Slonka a fini dans la rue en raison de dettes qu’il a contractées après avoir été la victime d’un grave accident. Pionnier du projet, il a commencé à travailler en juillet dernier à Mohelnice. Interrogé par la Télévision tchèque, il a confié qu’il appréciait cette forme d’aide, et notamment le soutien au logement :
Photo: Site officiel de l'Armée du salut
« L’entreprise résout cela pour moi. Je dois me débarrasser de mes obligations envers mes créanciers avant de pouvoir souffler librement. Maintenant, je me sens soulagé. Je revis, car quand on est au chômage ou que l’on vit dans la pauvreté, ce n’est plus une vie. »
Le directeur de Siemens a indiqué qu’une prochaine augmentation du nombre d’emplois proposé à des sans-abri était possible. L’Armée du salut, qui aide les candidats dans leur préparation aux entretiens d’embauche, espère pour sa part que d’autres entreprises s’inspireront du projet et ouvrirons elles aussi leurs portes aux sans-abri. Directeur de l’Armée du salut, Jan František Krupa précise :
Jan František Krupa, photo: Kristýna Maková
« En l’espace d’un mois seulement, nous avons reçu vingt-quatre curriculum vitae répondant aux besoins. Je crois que cela confirme que ces gens-là possèdent un vrai potentiel. »
Quelque 30 000 sans-abri vivent actuellement en République tchèque, parmi lesquels 5 000 travaillent légalement. Pourtant, les projets visant à leur réintégration sociale se multiplient rapidement. Le plus connu de tous reste la vente de « Nový prostor », un magazine bimensuel consacré notamment à la culture, à l’écologie, aux droits de l’homme ou aux questions sociales et qui est vendu par les sans-abri dans les couloirs du métro et dans la rue depuis bientôt 16 ans.
Photo: Pragulic
Ces dernières années, c’est surtout « Pragulic », un projet qui propose des visites de Prague par des sans-abri, qui a éveillé l’attention du public, remportant même le prix Social Impact Award. La société propose aujourd’hui les services de huit guides qui présentent des endroits plus ou moins connus de la capitale tchèque à des milliers de Tchèques et d’étrangers.
Photo: Facebook de Homeless Wi-fi Charity
Enfin, une nouvelle initiative intitulée « Wifi 4 Life » a été récemment créée afin d’aider des sans-abri à changer leur mode de vie et de leur réapprendre à travailler. Une borne Wi-Fi avec elles, ces personnes, qui portent un tee-shirt spécial, proposeront une connexion gratuite aux passants dans les endroits les plus fréquentés de Prague. Cet emploi à temps plein sera rémunéré en logement, nourriture, vêtements et argent de poche. Les responsables du projet proposeront à leurs employés également une formation informatique. Après six mois de travail, ces personnes obtiendront un certificat de recommandation qui devrait les aider dans la recherche d’un emploi régulier.
A l’aide, au départ, d’un financement participatif, cette campagne cherche actuellement des sponsors. A compter de novembre prochain, six personnes seront employées, un nombre qui pourrait ensuite augmenter. Le premier participant travaille actuellement du mercredi au dimanche à la station de métro Dejvická.
