Festival de films indépendants de Prague : une « plateforme pour que les artistes puissent s’exprimer sans peur »
Le Palais Lucerna accueille depuis le 5 août le Festival de films indépendants de Prague. Des longs et courts métrages internationaux peu connus y sont présentés à cette occasion, ainsi que des documentaires et des clips musicaux originaux. Radio Prague a assisté à la soirée d’ouverture du festival.
« J’ai fait ce film pour que tout le monde puisse le voir, y compris les fans de grosses productions, et j’espère qu’ils le verront. Ils le verront peut-être chez eux, sur Internet, peut-être qu’ils le loueront, mais ils ne le verront sûrement pas au cinéma, parce que la plupart des cinémas ne le mettront pas à l’affiche, simplement parce qu’il n’y a pas de grandes stars et beaucoup d’argent investi dedans. Si vous présentez un bon film aux Etats-Unis, vous ne pouvez le présenter nulle part parce qu’aucun grand cinéma n’est disponible à cause des grands studios qui paient pour que leurs films soient diffusés en priorité. Ce que fait ce festival, et ce que font les festivals de films indépendants en général, c’est qu’ils offrent une plateforme aux artistes dans laquelle ils peuvent s’exprimer sans peur, pour parler des sujets dont ils ont envie et se faire connaître. Ces festivals ont le courage de jouer ce type de films pour un public. La question est plutôt de savoir si le public est suffisamment intéressé pour venir les voir. »
A Prague, force est de constater en effet que le public reste peu nombreux : il remplit seulement la petite salle du cinéma Lucerna. Pourtant, selon Graham Streeter, la réception des films indépendants par le public européen demeure plus positive qu’aux Etats-Unis :« Je pense qu’en général en Europe le public apprécie plus les films indépendants, probablement parce qu’ils sont plus confrontés que les Américains à différentes langues et cultures. Je pense que c’est une force que les Européens ont. Les Américains apprécient un film s’il est en anglais, en particulier s’il a été fait aux Etats-Unis et c’est donc plutôt limitant. En conséquence, il existe un style américain qui correspond au format classique des studios avec un rythme réglé à la seconde près. Il n’y a pas de place pour la différence dans le cinéma américain. Les films indépendants tentent au contraire de détruire ce modèle. »
Dans I May Regret, Graham Streeter aborde un thème plutôt original et touchant : la démence d’une vieille dame et sa relation avec son infirmière à domicile. L’histoire se déroule dans un huis-clos et le réalisateur a choisi pour décor un étage d’un immeuble abandonné. Le style de Graham, qu’il qualifie lui-même d’ « exponentiel » en raison de la montée en puissance des intrigues dans ses films, a agréablement surpris Scarlett, une jeune Française qui s’est portée volontaire pour aider à l’organisation du festival :
« J’aime beaucoup le jeu de mots avec le titre parce que ‘May’ est à la fois le mois de mai en anglais, mais aussi le nom du personnage principal. Ce personnage est très riche. Je n’avais encore jamais vu ce style de films où dès le début on a toutes les réponses, on sait qu’il va se passer quelque chose mais on ne sait pas quoi. Au fur et à mesure, on tombe et on suit le personnage. On se demande même si ce type d’histoire ne pourrait pas nous arriver parce que la démence peut arriver à tout le monde, sans qu’on le sache. Au niveau de la technique, j’ai trouvé la manière de filmer très intéressante et évolutive au long du film. La musique est aussi incroyable. »Pour ceux qui souhaiteraient voir d’autres films indépendants et avoir l’occasion de discuter avec des cinéastes de divers pays, le festival diffusera encore ce mardi soir un long métrage roumain, et quelques courts-métrages, avant de se terminer par une cérémonie de remise des prix.
Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur le site sur Prague Independent Film Festival : http://www.prague-film-festival.com/index.php