George Robertson, l'ancien secrétaire général de l'OTAN, a tenu sa promesse: il a rendu visite à un « jeune Havel » de Plzen

David Hodan, George Robertson and Bela Gran-Jensen, la fondatrice d'organisation Stonozka

George Robertson était en République tchèque, mardi. Si des rencontres avec le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères étaient inscrites à son programme, c'est la visite d'une école primaire à Plzen, en Bohême de l'ouest, et plus particulièrement d'un de ses élèves, qui constituait le temps fort de la journée de l'ancien secrétaire général de l'OTAN.

David Hodan,  George Robertson et Bela Gran-Jensen,  la fondatrice d'organisation Stonozka
A l'occasion du sommet de l'OTAN qui s'était tenu à Prague en novembre 2002, un grand concours littéraire à l'intention des enfants avait été lancé à travers tout le pays. Ce concours, c'est David Hodan qui l'a remporté. A la question « Que ferais-je si j'étais le secrétaire général de l'OTAN ? », le jeune homme, âgé de 13 ans, avait répondu en faisant partager, dans une composition longue de cinq pages, sa vision d'une époque misérable caractérisée par la violence, l'indifférence et l'imbécilité :

« Cher monsieur Robertson, je vais vous dire ce que je ferais si j'étais le secrétaire général de l'OTAN. Assurément, je me représenterais un monde meilleur, parce que le monde dans lequel nous vivons n'est pas normal. Le monde d'aujourd'hui est rempli de sang et de haine. Je pense que trop peu de gens « normaux » réfléchissent à ce qu'est la guerre. Je pense que ça devrait s'arrêter. Personnellement, je donnerais n'importe quoi pour que le monde soit meilleur. Tuer des gens à cause de leur couleur de peau ou de leur croyance est, selon moi, la plus grande bêtise qui soit. Chacun d'entre-nous est comme il est. Et c'est pourquoi l'OTAN existe : pour freiner, empêcher les guerres. Lord Robertson, la guerre est la pire chose qui puisse exister. »

Pourtant, entre les lignes, c'est aussi un message de confiance en un monde plus sage qu'il faisait passer. « C'est l'avenir qui m'intéresse, car c'est là que j'entends passer le reste de ma vie », avait-il ainsi écrit, reprenant en cela une citation de Charlie Chaplin. Cette simpicité lui avait permis, en tant que lauréat, de faire la connaissance, en mai 2003, à Prague, de George Robertson. A la fin de leur rencontre, David avait alors invité le chef de l'OTAN à venir lui rendre visite, un jour, dans sa ville natale de Plzen, chose que le lord écossais lui avait promis de faire. Mardi, à l'école de David, ils ont donc pris le petit-déjeuner ensemble. Un moment que George Robertson a goûté avec bonne humeur, comme en témoignaient ses efforts au moment de répondre en français :

« C'est un grand plaisir d'être ici, à Pilsen, et de faire la connaissance de David, un jeune homme très sage qui a rédigé un « discours » pour moi. C'est une grande école ici, tant pour les écoliers « normaux » qu'handicapés. La musique est fameuse, j'ai d'ailleurs le Compact Disc. Je suis fier de connaître une telle école. »

-Comment s'est passée votre rencontre avec David et l'avez-vous trouvé changé depuis un an ?

« David est un jeune homme « spécial ». Il possède déjà la sagesse d'un homme plus âgé. Surtout, il est très gentil... Ca suffit... » (Souriant, George Robertson coupe, bien décidé à mettre fin à la « torture » en français.)

-Juste une dernière question. Qu'est-ce qui vous a plu dans le texte de David ?

« Le texte est spécial car c'est une vision de l'avenir. La fin est une confession de... No ! (Il s'excuse en anglais) You know... (En français), c'est facile de faire une déclaration de guerre, mais il m'est encore impossible de commander une boisson dans un restaurant. »

-Juste encore une seule question.

(Il rit.)

George Robertson,  David Hodan et  Bela Gran-Jensen,  la fondatrice d'organisation Stonozka
-Ne pensez-vous pas que le regard d'un enfant manque parfois aux institutions comme l'OTAN ?

(Il éclate de rire.) « Je ne sais pas. »

David, pour sa part, ne se lassait pas de relater, toujours et encore, sa composition aux micros et caméras des journalistes qui défilaient devant lui :

« L'idée principale est que je ne sais pas ce que je ferais si j'étais le chef de l'OTAN. Je n'arrive pas à m'imaginer occupant une fonction aussi importante et ayant un tel pouvoir sur autant de choses et une telle organisation. »

Selon lui, c'est la sincérité de ses propos qui, parmi le millier d'autres réponses, avait retenu l'attention du chef de l'OTAN :

« Sa réaction a été spéciale, particulière, parce qu'il ne s'attendait sans doute pas à ce que qu'on lui écrive quelque chose comme ça. Il était surpris par cette réponse, que quelqu'un, et je ne veux pas me complimenter, soit capable, dans un certain sens, d'apprécier de cette manière son travail. »

Comme toutes les retrouvailles entre amis, la rencontre entre David et George Robertson ne pouvait se passer sans un échange de cadeaux. Pour David, originaire de Plzen, l'idée était toute trouvée :

« Lors de notre rencontre à Prague l'an dernier, vous m'aviez posé des questions sur la bière. Je vous avais alors répondu que je pensais que pour un homme de votre importance ce n'était pas un cadeau convenable. Cette année, j'ai donc réparé tout ça et je vous ai apporté la vraie bière, l'originale, de Pilsen. »

Un témoignage d'attention que George Robertson, en bon Ecossais qu'il est, n'a pas manqué d'apprécier :

« Je ne connais pas beaucoup de politiciens qui n'aiment pas la bière. Quand j'ai dit aux gens que j'allais venir à Plzen, tous m'ont dit qu'il y avait de l'excelleente bière. Mais je leur ai dit que c'était aussi la ville de laquelle David est originaire. Merci beaucoup, donc, David. Tout le monde sait que c'est la meilleure bière au monde. La meilleure bière est de République tchèque et le meilleur whisky est d'Ecosse. »