Jakes et Lenart inculpés de haute trahison
A ce jour, personne en République tchèque n'a été traduit devant le tribunal dans une affaire ayant trait à l'invasion des troupes du pacte de Varsovie, en août 1968. Cette situation pourrait, bientôt, changer. Jarka Gissubelova.
Les anciens hauts fonctionnaires communistes - Milous Jakes, dernier secrétaire général du PCT, avant la chute du régime, en 1989, et Jozef Lenart, de 1963 à 1968, Premier ministre tchécoslovaque, sont inculpés de désintégration de la République et de haute trahison. Le parquet municipal de Prague les rend coupables d'avoir engagé, au lendemain de l'invasion, des négociations avec l'ambassade soviétique à Prague sur la création d'un gouvernement ouvrier et paysan qui légaliserait l'occupation soviétique. Les deux fonctionnaires inculpés devraient être membre de ce gouvernement anticonstitutionnel. Selon Jan Kalous, du Bureau de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme, qui a porté plainte, le dossier contient suffisamment de preuves, dont une étude de l'Académie des sciences dressant un bilan des événements de 1968 et de leurs conséquences pour le pays.
La présente inculpation n'est pas la première. Les trois précédentes ont, cependant, été renvoyées ou suspendues. Milous Jakes, âgé de 79 ans, et Jozef Lenart, 78 ans, passent tranquillement leur retraite dans leurs villas du quartier pragois de luxe, Hanspaulka. Leur avocat, Kolja Kubicek, met l'affaire en doute, estimant que la partie plaignante manquera de preuves. Celles réunies par le Bureau de documentation sont inutilisables et de nouvelles preuves ne peuvent pas être réunies, faute de témoins.
L'inculpation est saluée par les anciens prisonniers politiques. Mieux vaut tard que jamais, dit Karel Plocek, de la Confédération des prisonniers politiques, selon lequel, la punition de la haute trahison sera un legs aux générations futures.