Jiri Stivin, un grand enfant qui adore jouer

Jiri Stivin, le monstre sacré de la musique tchèque, a fêté, ce week-end, son 60e anniversaire. Ce maître de l'improvisation jazz, qui joue de différentes sortes de flûtes, de clarinettes et de saxophones, a donné un concert au palais de Rodolphinum, à Prague. Une occasion pour Magdalena Segertova de brosser son portrait.

On dit de Jiri Stivin qu'il sait jouer de tout objet, dans lequel on peut souffler : d'un peigne, il s'en fait un harmonica, un simple tube en métal, qui sert à accrocher des rideaux, il le transforme en flûte traversière...

Cameraman de profession, il commence à jouer de la flûte à bec à 21 ans ! Il n'est jamais trop tard, affirme-t-il. Mettant de côté le cinéma, Jiri Stivin suit des cours chez les meilleurs flûtistes tchèques et, tout seul, apprend à jouer du saxo. A la fin des années 60, il étudie une année à l'Académie Royale de Londres. "Depuis toujours, j'étais fasciné par la musique qui prête à l'improvisation. Et... c'est avant tout le jazz. (...) Plus tard, j'ai découvert que même dans la musique baroque et renaissance, on peut improviser, y apporter soi-même quelque chose", explique le multiinstrumentaliste, compositeur, auteur d'une trentaine d'albums, membre et fondateur de plusieurs formations de jazz. Jiri Stivin s'amuse, toute sa vie, à mélanger styles, genres et époques. D'un côté Bach et Vivaldi de l'autre le jazz, combiné avec le rock, le folk et même le folklore... Si, à l'époque, son pays n'était pas libre, Jiri Stivin, lui, il l'était toujours. Sa joie de la musique, sa légèreté d'interprétation, son humour, son ludisme, sont contagieux. Il sait les transmettre à ses amis musiciens, qui l'accompagnent, au public qui l'admire, et à ses élèves qui fréquentent, dans un petit village près de Prague, ses ateliers. "Je ne leur apprend rien", dit Jiri Stivin. "On joue ensemble en on essaye de trouver ce qui se cache au fond de chacun. Il ne faut pas se faire maîtriser par les notes. Il faut révéler sa personnalité et se dire : ce que j'entends, je le joue."

Auteur: Magdalena Segertová
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