Karel Kramář – une des premières grandes figures de la politique tchécoslovaque
Ce lundi 27 décembre, 150 ans se sont écoulés depuis la naissance de Karel Kramář, une des figures politiques les plus marquantes de la fin du XIXe et des trois premières décennies du XXe siècle. Il est connu comme l’un des co-fondateurs du premier Etat tchécoslovaque, en 1918, et le chef de son premier gouvernement.
Issu d’une famille très aisée, homme érudit et diplômé de plusieurs universités, Karel Kramář s’est initié tôt dans la vie politique. Dès les années 1890, il est élu député et devient le leader du Parti des Jeunes tchèques (« mladočeši »). L’historien Vratislav Doubek rappelle :
« On peut dire qu’il se préparait à une carrière politique depuis sa tendre jeunesse. Il s’y préparait comme s’il s’agissait d’une véritable profession. Il aimait même prétendre qu’il faisait des études pour devenir député. C’était effectivement un homme qui voulait faire de la politique et qui s’y préparait de manière systématique. »
La lutte contre le centralisme de Vienne et le danger de la germanisation de la nation tchèque, une approche coordonnée des nations slaves dans le cadre de l’empire austro-hongrois. Tels étaient les principaux piliers de la conception politique qu’il cherchait à mettre en valeur.
Pendant la Première Guerre mondiale, Karel Kramář s’est engagé dans la résistance nationale. Ses démarches et déclarations publiques lui ont valu en 1915 d’être arrêté, d’être condamné pour haute trahison à la peine capitale, une peine à laquelle il a échappé grâce à une amnistie.
Rentré à Prague en héros, il a fondé avec Alois Rašín une formation politique qui allait s’appeler plus tard le Parti démocrate national tchécoslovaque. Un mois à peine après la création de l’Etat tchécoslovaque en octobre 1918, il s’est retrouvé à la tête du premier gouvernement de ce nouvel Etat. Son cabinet étant tombé huit mois plus tard, il ne sera alors plus que député. Il s’opposera dès lors à la politique du Château, représentée par Edvard Benes et Tomáš Garrigue Masaryk.
Marié pendant près de quatre décennies à une femme russe, Karel Kramář a fait édifier de son vivant trois somptueuses villas : en Crimée où les époux aimaient passer avant la guerre leurs vacances d’été, à Vysoké nad Jizerou, ville natale du politicien, et à Prague, en face du Château de Prague. Cette dernière villa, appelée à l’époque en raison de sa situation et des positions de Kramář « château-résistance », sert aujourd’hui de résidence des chefs de gouvernement tchèques.
Dépourvu à la fin de sa vie de toute influence politique, Karel Kramář est mort en avril 1937.