La justice aveugle en République tchèque ?

La justice tchèque est-elle vraiment infaillible ? Les spécialises dans le domaine n'en sont pas sûrs. Dans les années 90, les juges tchèques auraient commis plusieurs dizaines d'erreurs judiciaires. Information par Magdalena Segertova.

"En République tchèque, les erreurs judiciaires ne sont pas extrêmement fréquentes. Mais elles existent...", peut-on lire dans le quotidien Mlada fronta Dnes, qui consacre, ce lundi, plus d'une page à ce phénomène à la fois intéressant et angoissant. Parmi les erreurs les plus flagrantes, commises par les hommes de loi tchèques, par exemple l'histoire d'une famille rangée de Brno, qui s'est vue, un bon matin, confisquer ses biens, alors qu'elle ne devait rien à personne. L'huissier s'était, tout simplement, trompé de nom de famille. La confusion de noms est, malheureusement, assez courante en République tchèque: il y a cinq ans, la police de Brno est venue chercher, à domicile, un voleur, condamné à 12 mois de prison. En arrivant à une autre adresse, les policiers ont failli arrêter un homme innocent. Une autre fois, les juges ont, par erreur, expatrié un criminel tchèque, en le prenant pour un Slovaque. Rappelons aussi l'histoire d'une Pragoise, qui a, un jour, appris que son mari, qu'elle voyait tous les jours à la maison, était, officiellement, en détention préventive, et ceci depuis plusieurs mois. En réalité, il s'agissait d'un criminel qui, avant de se faire arrêter, avait volé le passeport de son mari. Capturé par la police, il a fait passer les papiers de ce dernier pour les siens. La police, elle, ne s'est même pas aperçue, qu'elle avait affaire à des documents falsifiés...

Ces affaires, dans la plupart des cas, ont vécu une bonne fin : les bévues des juges et des policiers ont été expliquées, les fautes ont été réparées. Et les grands criminels tchèques de ces dernières années ? Eux aussi, ils sont très nombreux à refuser leur culpabilité. Comme, par exemple, le quintuple assassin, Ivan Roubal. Ou encore l'un des prisonniers les plus populaires du pays, Jiri Kajinek, condamné à perpétuité pour double meurtre, qui s'était enfui, il y a plus d'un an, de la prison de Mirov. Lorsque Kajinek a été capturé, le ministre de la Justice d'alors a décidé de réexaminer son dossier. Or, son innocence n'a pas été prouvée.

Coupables ou non, les détenus tchèques ont tous un espoir : la grâce présidentielle. Plusieurs fois déjà, Vaclav Havel a profité de la possibilité que lui donne la Constitution, c'est-à-dire de libérer, sans explication, un prisonnier. On se souvient encore de sa grâce, faute de preuves, d'une femme, condamnée à une peine de 13 ans, pour avoir causé la mort de son enfant. Et aussi de la libération, toujours à l'initiative du Président, de Zdenek Ruzicka, auteur présumé d'un double meurtre. Une grâce qui a valu, à Vaclav Havel, une critique virulente de la part des juges et de ses collègues politiciens.

Auteur: Magdalena Segertová
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