La mendicité à Prague

Récemment encore, on rencontrait beaucoup de mendiants dans les rues de Prague. Aujourd'hui ils se font plutôt rares. Une explication de Vaclav Richter.

Sous le communisme, la mendicité n'existait pratiquement pas dans les villes tchèques parce qu'elle était réprimée sévèrement par la police. L'avènement de la démocratie en 1989 a fait resurgir ce phénomène surtout à Prague et les mendiants dans les rues de la capitale sont devenus une chose courante. Parmi eux il y avait un certain nombre de handicapés authentiques mais aussi beaucoup de faux malades qui cherchaient à éveiller la générosité des passants par des simulacres de handicaps plus au moins réussis. Des mendiants arrivaient également de l'étranger et notamment de l'Europe de l'Est et amenaient avec eux des enfants en bas âge. Pour émouvoir les gens, ils obligeaient ces enfants à demander l'aumône pendant de longues heures, assis sur le trottoir malgré le froid et la pluie. La mendicité tolérée devenait ainsi une source de revenus non négligeables et le phénomène risquait d'envahir les rues. La police et la municipalité ont essuyé de nombreuses critiques pour leur indifférence face à ce problème. Finalement, en juin dernier, le Conseil municipal a interdit la mendicité dans la majorité des rues importantes du centre-ville ainsi que dans les transports urbains, dans les gares et dans la proximité des écoles et d'autres institutions. Depuis, les agents de la police municipale ont infligé aux mendiants presque 300 amandes et ils ont presque réussi à les repousser du centre de Prague. Selon le directeur-adjoint de la police municipale, Miroslav Stejskal, avant l'interdiction, il y avait chaque jour dans la Voie royale, principale artère touristique de la ville, près de 120 mendiants. Aujourd'hui, ils ne sont que 5 en moyenne. La lutte contre la mendicité est cependant loin d'être terminée. Les agents en civil sont obligés de parcourir toujours les rues pour chasser les mendiants attirés par le centre. Sur le plan humain, la tâche de ces agents est souvent difficile. Ils doivent intervenir parfois contre les personnes exhibant leurs membres mutilés ou assises dans un fauteuil à roulettes. Ils laissent tranquilles seulement les personnes, handicapées ou non, qui possèdent l'autorisation de chanter ou jouer dans la rue. Ces petits artistes ambulants qui acceptent, eux aussi, des dons de passants, ne sont pas considérés comme mendiants.