La puce électronique bientôt obligatoire pour lutter contre les « usines à chiots »
D’ici 2020, tous les chiens nés en République tchèque devront porter des puces. Il s’agit évidemment de puces électroniques dont l’implantation obligatoire est prévue par un nouvel amendement à la loi vétérinaire, texte qui a été approuvé ce mercredi par les sénateurs. Les législateurs veulent ainsi mettre fin aux « usines à chiots », ces élevages clandestins dans lesquels les animaux vivent dans des conditions déplorables.
Afin de lutter contre ces « usines à chiots », les législateurs ont décidé d’introduire dans la loi l’obligation d’identifier les chiens tchèques au moyen d’une puce électronique sous-cutanée, une pratique commune en France et dans d’autres pays de l’Europe de l’Ouest. Cette nouvelle règle, qui pourrait entrer en vigueur d’ici trois ans, est d’ailleurs déjà appliquée dans plusieurs villes du pays, dont Prague et Ostrava. Tout chiot né à partir de janvier 2020 devra donc être identifié au plus tard lors de la vaccination contre la rage, à savoir vers ses six mois. D’après le directeur de l’Administration vétérinaire tchèque, Zbyněk Semerád, cette identification aura plusieurs avantages :
« Les puces électroniques nous permettront de vérifier que chaque chien a été vacciné. Aujourd’hui, nous rencontrons beaucoup de cas d’éleveurs qui ont vingt ou trente chiens et qui possèdent un certificat de vaccination pour chaque animal. Mais ces certificats sont valables pendant trois ans et ne permettent pas d’identifier concrètement le chien vacciné. Ces éleveurs peuvent donc vendre leurs chiens et en reproduire d’autres, tout en possédant toujours trente certificats de vaccination valables. Les puces permettront de faire évoluer cette situation car chaque certificat sera octroyé à un chien en particulier. »
Les partisans de cette réglementation se félicitent et indiquent que les puces électroniques permettront de découvrir plus facilement si un chien est issu ou non des élevages incriminés. Une idée qui a ses partisans mais aussi ses détracteurs. Ces derniers soulignent notamment que les chiots sont vendus à leur nouveau propriétaire à l’âge d’environ huit semaines, donc bien avant l’âge prévu pour l’introduction obligatoire de la puce. C’est ce que confirme Lukáš Duchek, de l’hôpital vétérinaire Vetcentrum à Prague :« Deux changements pourraient améliorer la situation. Tout d’abord, il faut faire baisser l’âge légal de la pose de la puce électronique. Ensuite, il est nécessaire de mettre en place un registre national des chiens. Actuellement, il existe cinq registres privés et l’immatriculation des chiens n’est pas obligatoire. »
L’absence d’une banque de données nationale est d’ailleurs critiquée également par l’Union cynologique tchéco-morave. Zbyněk Semerád affirme que la création d’un tel registre fait actuellement l’objet de discussions. Mais selon lui, la question de l’âge auquel l’animal devrait être identifié n’est pas si essentielle :
« Bien entendu, cette mesure n’aidera pas les tout petits chiots. Mais ces derniers sont mis au monde par des chiens adultes qui seront désormais immatriculés. Aucune loi ne peut interdire aux éleveurs de reproduire leurs chiens. Mais cette identification nous permettra de mieux contrôler les élevages et, dans le cas de la découverte d’une ‘usine à chiots’, d’adopter les mesures nécessaires et d’infliger des sanctions. »
De son côté, le vice-président du Sénat, Jaroslav Kubera, du parti civique démocrate ODS, voit le problème ailleurs :
« Pourquoi ne pas introduire l’identification obligatoire aussi pour les chats ? Nous nous trouvons dans une situation étrange. Toutes les discussions sont centrées sur les chiens, et les chats peuvent aller où ils veulent, même par exemple dans les hôpitaux. Personne ne sait comment retrouver leurs propriétaires. Pourquoi les chats ne sont-ils donc pas marqués avec une puce ? »La norme, que doit désormais contresigner le président de la République, Miloš Zeman, fixe également le montant de l’amende qui pourra être infligée en cas de violation de la loi. Les particuliers dont le chien ne sera pas identifié pourront se voir contraindre de payer jusqu’à 20 000 couronnes (près de 770 euros), et jusqu’à 300 000 couronnes (11 500 euros) pour les éleveurs.