L'année Hugo en République tchèque
La vie de Docteur Jivago a été marquée d'une façon tragique par le totalitarisme. Et la vie de « son père », Boris Pasternak, aussi. En 1958, il s'est vu décerner le prix Nobel, mais il n'a pas pu le recevoir, ayant été exclu de l'Union des écrivains soviétiques...
La vie de Docteur Jivago a été marquée d'une façon tragique par le totalitarisme. Et la vie de « son père », Boris Pasternak, aussi. En 1958, il s'est vu décerner le prix Nobel, mais il n'a pas pu le recevoir, ayant été exclu de l'Union des écrivains soviétiques... Si cette récompense prestigieuse avait existé déjà au XIXe siècle, un nom français n'aurait certainement pas manqué sur la liste des lauréats... Eh oui, je pense à un romancier assidu, poète romantique, dramaturge talentueux et aussi homme politique humaniste et tolérant, dont on célèbre le bicentenaire en France, dans sa patrie, comme dans le reste du monde. Une opportunité, pour Radio Prague aussi, d'évoquer les traces de Victor Hugo en République tchèque. Car les Misérables, L'homme qui rit, Ruy Blas, ou encore les fameux personnages de Notre-Dame de Paris vivent et revivent dans les esprits des lecteurs tchèques. Certes, les reflets de l'oeuvre d'Hugo dans le milieu culturel tchèque, c'est un thème à traiter plutôt dans le magazine littéraire. Je n'ai pas l'intention de me plonger ni dans des analyses des traductions tchèques d'Hugo, ni dans des réflexions philosophiques sur son oeuvre. J'ai juste le temps de vous faire écouter quelques extraits de la comédie musicale les Misérables et de jeter un clin d'oeil sur la programmation de l'année Hugo en République tchèque. Commençons par les Misérables, comédie musicale montée, à Prague, en 1992. Son succès fracassant a encouragé les producteurs, compositeurs et chanteurs tchèques à tel point que dans les années qui ont suivi, une vague d'autres comédies musicales, réussies et moins réussies, a envahi la capitale : citons, par exemple, Jesus Christ Superstar, Hair, Evita, Roméo et Juliette et, tout récemment, Cléopâtre.
Comment donc les Tchèques et les Français, installés en République tchèque, vont-ils honorer Hugo ? L'Institut français de Prague a lancé un concours, ouvert aux lycéens, qui récompensera la meilleure traduction et la meilleure illustration d'un poème de Victor Hugo. Le Théâtre français de Prague et les élèves du Lycée français ont préparé, pour la mi-mars, une variation mimée, chantée et dansée. Son titre n'a pas besoin de commentaire : V. H. ou Cosette, Gavroche, Esmeralda et les autres. En avril prochain, on va inaugurer, à l'Institut français, une exposition, appelée Victor Hugo, l'homme des grandes causes, qui aborde les grands thèmes d'Hugo - homme politique : la nécessité de l'instruction, le droit des femmes, des enfants et des peuples, la lutte contre la misère etc. Cette exposition sera ensuite à voir à Liberec, en Bohême du nord et à Telc, en Moravie du sud. En mai, les artistes français présenteront dans un petit théâtre pragois de Mala Strana des chansons composées à partir des oeuvres d'Hugo par Georges Brassens, Serge Gainsbourg et Claude Nougaro. Mise en scène : Claude Confortès. Hugo et la justice, voilà le titre de la conférence pragoise de Robert Badinter, prévue pour le 21 mai prochain. En octobre, Prague va accueillir une autre figure importante de la vie culturelle et politique française : Jean-François Kahn, fondateur de l'Evénement du Jeudi et directeur de l'hebdomadaire Marianne. Il présentera aux lecteurs tchèques sa biographie de l'écrivain, Victor Hugo, un révolutionnaire. Côté cinéma, deux titres à retenir : Victor et le policier, un documentaire signé Axel Clévenot et... Les Misérables de Raymond Bernard, tournés en 1933 et considérés comme la plus belle des versions cinématographiques du célèbre roman. Finalement, une manifestation tout à fait sympathique qui relie l'art littéraire et... culinaire ! Les Alliances françaises de différentes villes tchèques en coopération avec les restaurants locaux proposeront un dîner avec menu d'époque, accompagné par des lectures et de la musique. Hélas, pour faire plaisir à leurs récepteurs gustatifs, les habitants de Plzen, Liberec, Pardubice, Brno et Ostrava devront attendre le mois d'octobre...