Le destin terrifiante du chevalier du château Tremsin

Le forêt à Třemšín, photo: Huhulenik, CC BY 3.0 Unported

L'histoire que je vais vous raconter s'est passée il y a bien longtemps. Si longtemps que même les arbres centenaires ne gardent aucun souvenir de l'histoire terrifiante du chevalier du château Tremsin.

Le forêt à Třemšín,  photo: Huhulenik,  CC BY 3.0 Unported
Le chevalier de Tremsin s'estimait assez riche pour pouvoir épouser une jeune fille de naissance modeste, dont il était éperdument amoureux. La future chevalière et ses parents se réjouissaient déjà des noces, prévues pour le mois de janvier, et du titre de noblesse.

Un soir, le maître de Tremsin avertit sa fiancée de son absence pour quelques jours et lui expliqua qu'il serait très pris par les préparatifs des noces. N'y voyant aucun inconvénient, la jeune fille acquiesça. Mais elle avait tout de même des doutes sur la véracité des paroles de son futur mari, doutes qu'elle ne réussit pas à dissiper. La belle fille s'en alla alors trouver dans la forêt la vieille sorcière que tout le monde craignait pour sa méchanceté, tout en la respectant pour la connaissance des remèdes à tous les maux. La sorcière fit entrer la future chevalière dans son taudis sombre et malodorant. Elle lui désigna une chaise croulante tout en disant : « Regardes la boule de cristal, chère enfant, et vois donc ce que fait ton grand amour ! » Dans un premier temps, la jeune fille ne vit qu'une image embrumée. Puis, petit à petit, le brouillard se dissipa et elle aperçut alors, stupéfaite, le chevalier s'arrêtant devant une grande maison aux armoiries de noblesse. A l'entrée, une belle dame vêtue d'une magnifique toilette et parée de bijoux, l'attendait. Le chevalier de Tremsin descendit de sa monture et l'embrassa. Furieuse, la jeune fille n'attendit pas la suite et la boule de cristal vola contre le mur en mille éclats. « Je veux me venger ! », criait la jeune fille d'une voix irascible et remplie de douleur. « Bien sûr, bien sûr, et je t'aiderai avec plaisir », rétorqua la sorcière qui n'aimait pas le chevalier car il voulait la chasser de la forêt, estimant sa présence malsaine. La sorcière tendit alors à la jeune fille une minuscule bouteille : « Lorsque ton bien-aimé reviendra, tu lui feras boire cette potion magique. Dès la première gorgée, tu penseras à ce en quoi tu aimerais le voir se transformer. Tu verras toi-même le résultat ! » Satisfaite, la jeune fille rentra à la maison et attendit le retour du chevalier.

Deux jours plus tard, le maître de Tremsin apparut sur son étalon alezan à la porte de la maison de sa fiancée. « Oh, que je suis heureuse, mon Seigneur, de vous revoir ! Vous devez être fatigué chéri, buvez seulement un rafraîchissement avant d'entrer », s'écria la jeune fille tout en tendant au chevalier une coupe remplie de vin et de la potion magique. Le chevalier porta la coupe à ses lèvres. « Transformes-toi en une infâme créature qui ferait peur à tout ce qui vit. Ta tête ressemblera à une motte de terre, tes yeux sortiront des orbites et ton corps ne sera que souche sèche et racines entremêlées ! » Aussitôt les paroles méchantes prononcées, le chevalier se transforma en une horrible créature qui ressemblait exactement à la description faite par la jeune fille. Le chevalier métamorphosé était d'une laideur particulière. Il s'enfuit en titubant et en poussant des cris rauques et effrayants. Il voulait rentrer au château de Tremsin, mais le châtelain ne le reconnut évidemment pas. Il le fit chasser par les gardes et les chiens. Le malheureux chevalier se dirigea vers la forêt où il vécut dans la solitude jusqu'à la fin de ses jours. Lorsque sa fiancée apprit la vérité, elle sombra dans la folie. Car la belle dame en question était la soeur du seigneur de Tremsin que ce dernier avait tout simplement visité pour l'inviter au mariage.

Le château Tremsin a été construit au XIVe siècle, dans la région de Pribram, en Bohême centrale. Il n'en reste que des ruines, mais encore aujourd'hui, on peut entendre, pendant les nuits froides du mois de janvier, les cris douloureux du malheureux chevalier trahi.