Le Paris éternel de Robert Doisneau à l’Institut Français

Robert Doisneau

L’Institut français, à la Galerie 35, expose Robert Doisneau depuis le 7 décembre dernier, avec une collection prêtée par le Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône. C’est donc l’occasion pour le public tchèque et pour les amoureux de la photograhie d’aller admirer une cinquantaine de clichés de celui qui est probablement le plus célèbre photographe français.

Robert Doisneau
C’est tout l’univers de l’auteur du célèbre « baiser de l’hôtel de ville » que l’on retrouve dans cette exposition, avec des clichés de Paris pendant et après la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux années soixante-dix du XXe siècle. Doisneau photographiait les gens, des vedettes de cinéma aux ouvriers des usines Renault à Billancourt. L’exposition présente tout un éventail de portraits qui retrace les étapes de la vie, à commencer par des photos d’enfants qui jouent dans les décombres du Paris d’après-guerre, puis des photos de mariage et la vie quotidienne avec les vieux métiers, comme une tisseuse de laine, et enfin les pompes funèbres. Mais c’est surtout la vie parisienne qui est mise en valeur, avec des clichés pris dans le métro, dans les trains de banlieue, au marché aux puces cher au photographe puisqu’il y réalisa son premier reportage en 1932, et enfin dans les bistrots et dans les cabarets.

'Mademoiselle Anita'
C’est d’ailleurs une photo de « Mademoiselle Anita », prise au dancing de la Boule Rouge, rue de Lappe, en 1950, qui sert d’affiche pour l’exposition. Doisneau préparait un reportage sur les chanteurs des quartiers populaires et il est tombé sur cette Mademoiselle Anita. Il a commenté cette photo en disant qu’il a vu appraitre son aura, comme un « espèce de tube de néon qui s’allume autours de certaines personnes et les isole un instant. Il faut travailler vite pour saisir l’aura, car elle est très fragile ». Ludek Kanda, chargé de mission pour les arts visuels à l’Institut français, explique à son tour les raisons pour lesquelles il a choisi cette photo comme affiche de l’exposition:

'Le pigeon indiscrêt'
« Je trouve cette photo extraordinaire. Elle parle bien de Paris et de la vie en société dans une soirée de bal, de danse. Je trouve ça dans notre temps qui est quand même un peu triste, économique partout, comme une légèreté. » Est-ce qu’il y a une photo qui vous touche plus particulièrement ?

C’est la photo qui s’appelle le pigeon indiscrêt, parce que sur la tête d’un petit garçon qui est aux toilettes, il y a un pigeon qui est un peu indiscrèt ».

'Un regard oblique'
Effectivement, un pigeon observe malicieusement une rangée d’écoliers pendant qu’ils sont au pissoir. Les photos de Doisneau sont très souvent empruntes d’humour, comme le cliché intitulé « Un regard oblique » qui prend en photo, depuis l’intérieur d’une boutique d’Antiquités, un couple qui regarde la vitrine ; l’homme est cependant surpris en train d’observer un tableau de femme nue pendant que sa femme lui commente un tableau que l’on suppose moins impudique.

Le livre d’or de la Galerie est rempli de témoignages chaleureux et enthousiastes sur cette « Image d’une certaine France », selon l’intitulé de l’exposition, que présente Doisneau. Les clichés de Robert Doisneau rentreront en France le 7 février 2008 mais d’autres photos sur la capitale française, prises par le photographe tchèque Frantisek Dostal seront exposées à l’Institut prochainement.