Le Premier ministre irlandais en visite à Prague

Bertie Ahern et Vladimir Spidla, photo: CTK

Le chef du gouvernement irlandais, Bertie Ahern, qui assure la présidence tournante de l'UE, est venu ce jeudi à Prague, où il a prononcé un discours à l'invitation du président du Sénat Petr Pithart, avant de se rendre au vernissage d'une exposition de photographies à la mairie de la Vieille-ville. Il a expliqué les raisons de sa venue en République tchèque à moins de 10 jours de l'élargissement au micro de Radio Prague.

Bertie Ahern et Vladimir Spidla,  photo: CTK
"Ce matin, à l'invitation du Sénat, j'ai pu prononcer un discours dans un des pays candidats pour expliquer le point de vue irlandais, nos engagements en tant que président de l'UE, et ce que nous espérons accomplir à l'avenir"

Cela a pris beaucoup de temps et demandé beaucoup de travail avant que l'Irlande intègre l'UE en 1973? Quels conseils pourriez-vous donner aux Tchèques?

"Les Irlandais, avant de rejoindre l'UE, ont vécu 50 ans d'indépendance et de souveraineté. Malheureusement, les gens ont du travailler très dur, nous n'avions pas d'espoir, une forte émigration, pas de croissance. Cela nous a pris une vingtaine d'années au sein de l'UE pour inverser la tendance, ce qui est une période relativement brève dans l'histoire du pays. Mon conseil, c'est de tout faire au bon rythme, et les avantages que possède le pays peuvent se développer encore plus dans l'UE. Les gens doivent être patients, cela n'arrive pas du jour au lendemain, mais les opportunités offertes par l'Union sont énormes. Les Tchèques doivent être conscients de leurs atouts, les développer, en se tournant vers l'avenir."

Vous souhaitez que la Constitution européenne soit adoptée avant la fin de la présidence irlandaise. Etes-vous optimiste?

"Nous allons faire de notre mieux, comme nous le faisons depuis le début de l'année. Je pense que nos travaux se sont bien déroulés jusqu'à présent, mais bien sûr, à la fin, ce sera une décision collective incluant tous les membres. Pour nous, cela demande encore beaucoup de travail et beaucoup de négociations en espérant qu'au final, il y aura de la part de tous la volonté d'arriver à un compromis, et ça nous ne pourrons le savoir que lors du conseil européen en juin."

Le petit déjeuner avec le Premier ministre irlandais,  photo: CTK
Dans son discours, le Premier ministre irlandais a souligné le fait qu'intégrer l'Union permettait d'une certaine manière à chaque pays de faire entendre sa voix sur la scène internationale, et de promouvoir sa culture hors de ses frontières. Miloslav Ransdorf, tête de liste communiste aux prochaines élections européennes, a interpellé le chef du gouvernement irlandais à ce sujet et au sujet de la protection des minorités, notamment de la minorité sorbe en Lusace allemande:

"Pour maintenir les cultures et les langues des pays européens, je pense que la diversité est la richesse principale de l'Europe."

Vous avez parlé de la minorité slave en Allemagne, en Lusace. Ce sujet vous touche particulièrement?

"Oui, à cause de l'arrogance du gouvernement régional allemand de Saxe, qui a décidé de réduire le nombre d'écoles, dans les villages. Les Sorbes sont affectés par le chômage et quitte la région en grand nombre. "

Pensez-vous que l'UE peut aider dans de tels cas?

"Je pense que l'UE doit aider. L'intérêt principal est de maintenir notre richesse commune. Cette lutte des Sorbes en Lusace a montré comment défendre les systèmes d'éducation, et a servi d'exemple même aux autres villages allemands. La situation en Lusace est très grave selon moi, au niveau social. Le taux de chômage s'élève à près de 24%, les jeunes quittent la région."

Y a-t-il des particularités régionales à protéger en République tchèque?

"Oui, par exemple la minorité polonaise (région de Cesky Tesin), qui est bien protégée et soutenue. Je pense que tout est fait pour développer l'identité culturelle de cette minorité. Ils ont des écoles, des théâtres, des possibilités de se rassembler, pratiquement tout."