Le racisme en République tchèque

La République tchèque au quotidien sera consacrée, cette fois-ci, à un fléau qui continue à toucher notre société contemporaine : le racisme. Malheureusement, en effet, avec le retour de la démocratie en République tchèque, après la Révolution de velours, en 1989, et la partition de la Tchécoslovaquie, la liberté est aussi revenue, avec ses bons et mauvais côtés. Le phénomène du racisme, lié au néonazisme n'est, certes, pas nouveau, mais il connaît une certaine recrudescence, ces derniers temps.

Les principaux acteurs d'actes racistes sont, surtout, les skinheads. D'un autre côté, le problème ne réside pas seulement dans les activités de divers mouvements du même genre. L'opinion critique, très souvent, et avec justesse, la position adoptée par les autorités judiciaires, qui affectent un certain laxisme face à des actes criminels à caractère raciste. Les victimes sont, le plus souvent, des Roms. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les statistiques, depuis 1990. Sur 17 victimes, 13 étaient d'origine rom. Comment est-il possible que les skinheads, surtout, puissent déployer leurs activités, en République tchèque ? Il s'agit d'un problème assez complexe. En effet, la loi interdit toutes les activités à caractère raciste. Les skinheads ou d'autres mouvements extrémistes ne sont pas des organisations faciles à poursuivre car, en général, elles ne sont pas enregistrées. Rudolf Zeman, chef de l'unité antiextrémiste de la police tchèque, est clair : il est très difficile d'infiltrer les mouvements extrémistes. Selon lui, la réalité est bien différente de ce qu'on peut voir au cinéma ou à la télévision. Il affirme : « Que pourrait faire un homme de mon unité, au milieu de 500 skins » ? Au maximum appeler des renforts, mais les preuves d'activités racistes, fascistes ou autres auraient disparu, le temps que ces renforts arrivent.

Vous vous direz qu'il serait possible d'utiliser les moyens techniques modernes, les petits magnétophones, les liaisons radio... L'expert en la matière, Rudolf Zeman, est clair, de nouveau : « Le témoignage d'un policier a beaucoup de poids, naturellement. Il peut affirmer que les participants à un concert on fait le salut hitlérien. Devant un tribunal, son témoignage ne fera pas le poids, face à celui de 700 autres participants au concert ». Une autre chose, encore, est très difficile : l'opinion demande, très souvent, pourquoi les résultats de l'infiltration des mouvements extrémistes par la police ne sont pas très visibles. La réponse de Rudolf Zeman est simple : un policier ne parvient que très difficilement à s'infiltrer dans les divers mouvements. Il est difficile pour lui de témoigner devant un tribunal pour un simple salut fasciste. Il serait découvert et la police ne disposerait plus des informations qu'il pouvait fournir, et concernant des activités beaucoup plus dangereuses. En plus de cela, comment démontrer à un extrémiste qu'il fait le salut nazi, la main levée, sur une photographie ? Devant un tribunal, il vous affirmera qu'il montrait seulement la hauteur de son fils, de son sapin de Noël ou autre chose du même genre.

Il existe, pourtant, un domaine où les résultats du travail de la police contre les extrémistes sont visibles : la vente et la distribution de matériaux divers à caractère raciste, néonazi ou ouvertement fasciste. Il s'agit, le plus souvent, d'enregistrements de groupes rocks, comme Justicia, de Slovaquie, ou de la compilation « Sieg Heil Viktoria », la « pseudomusique » de divers groupes skinheads.

Selon les forces de police, très souvent critiquées pour une approche assez « douce » à l'égard des manifestations des skinheads, il y a une très grande différence entre les skins et les anarchistes, par exemple. Les skinheads forment un mouvement très organisé, possédant une discipline digne d'une unité militaire. Les dirigeants connaissent très bien ce que leur permet ou interdit la loi. En fait, ils la respectent... Un succès de la police, aussi. On ne voit plus de skinhead, en général, avec des insignes fascistes, croix gammée ou autres. Leur organisation est allée encore plus loin : les divers mouvements se sont regroupés sous la bannière du Bloc national social, qui est même entré dans la politique. Il réunit les anciens casseurs, plus âgés, qui tentent de faire la morale aux plus jeunes, pour présenter une meilleure image du mouvement à l'opinion publique. Un danger certain que les autorités n'ignorent pas, mais la réponse des forces de l'ordre est claire, encore une fois : nous les avons obligés à respecter les lois...

A la lumière des attentats terroristes contre les Etats-Unis, on pourrait se demander pourquoi l'extrême droite tchèque a manifesté son soutien aux terroristes, lors d'une récente manifestation, dans une ville de Bohême du nord, Most. La réponse des spécialistes est simple : le néonazis et les terroristes ont le même ennemi. Lequel ? Et bien, il paraît, selon les néonazis naturellement, que les Etats-Unis et l'OTAN seraient l'instrument du complot mondial des Juifs ! Les mêmes spécialistes affirment, pourtant, que cette logique est perverse. Elle rassemble toujours des personnes semblables : celles qui admirent la violence primitive et sont attirées par son exhibition... à quelque prix que ce soit ! Comment nous avons pu en être les témoins, lors des attentats contre les tours de New-York. La réponse des autorités tchèques est claire : les mesures contre les mouvements extrémistes et leurs activités sont devenues beaucoup plus rigoureuses.