Le réalisateur Jaromil Jires n'est plus...
Un personnage incontournable du cinéma tchèque, le réalisateur Jaromil Jires, est mort le 24 octobre, à l'âge de 66 ans inachevés. Jarka Gissubelova:
Jaromil Jires est décédé des suites des blessures de la tête lors d'un accident de voiture. Depuis deux ans, il était soigné à l'hôpital de Prague - Motol. Sans la croyance et l'espoir, rien ne va, disait-il. Ce sont elles qui le maintenaient en vie.
Diplômé opérateur, puis réalisateur, à l'Ecole supérieure de cinéma de Prague, il a débuté, en 1963, par Le Cri, un film marquant l'arrivée de la nouvelle vague du cinéma tchèque. En 1968, il a tourné La Plaisanterie, film d'une ironie amère, tiré du roman de Milan Kundera. Ne s'exprimant que rarement pour la presse tchèque depuis 1975, où il est établi en France, Milan Kundera a dit de son ami et collègue au quotidien Mlada fronta Dnes: J'ai appris le décès de Jaromil Jires, après de si longues souffrances. Autant de souvenirs des temps où nous avons travaillé ensemble... Il était d'une intelligence rare, un homme très modeste, discret, un ami fidèle. Je voudrais rendre hommage à sa vie et à ses films. Fin de citation. La fragilité, la sensibilité, le rêve poétique d'un monde, douloureux et gris à la surface, mais profondément humain, ont marqué les films de Jaromil Jires, que ce soit Valérie et une semaine des merveilles, L'éclipse partielle, Le Lion à la crinière blanche - hommage au compositeur Leos Janacek. Il est resté fidèle à sa réputation de poète du cinéma dans ses deux derniers films - Le Maître de la danse et Le Double rôle où il a essayé de transmettre les points d'interrogation qu'il se faisait sur l'existence de l'homme, l'éthique, le vieillissement, la mort... Lors de la dernière décennie, Jaromil Jires s'employait comme diplomate du cinéma, avec de nombreux liens francophones. Il représentait la République tchèque au fonds Eurimages, oeuvrait en faveur de la naissance d'un fonds de soutien du film tchèque, enseignait à la faculté... Il a obtenu des récompenses aux festivals d'Oberhausen, de Bergame, de Harare, et le prix pour l'oeuvre de toute sa vie au festival de Saint-Etienne. Depuis la fin des années 80, il a travaillé sur la réalisation d'un film sur le compositeur tchèque, Bohuslav Martinu. Cette coproduction tchéco-française est restée, hélas, inachevée.