Les fils de Teuhpu : « On fait aussi bien du jazz, du rock, du punk, du ska, du mambo, enfin tout ce qui nous passe par la tête »
Avec beaucoup d’enthousiasme et un esprit complètement déjanté, le groupe Les Fils de Teuhpu sont venus enflammer la soirée du Cross Club dans le quartier de Holešovice le 4 décembre dernier. ACV a rencontré ces musiciens, qui, d’une certaine façon, deviennent des habitués des concerts en République tchèque.
« Nous sommes Les Fils de Teuphu, nous existons depuis 1996, donc nous avons bientôt 12 ans.
-Moi [Poumtchak], je joue de la batterie.
-Moi j’ai douze ans d’âge mental, je m’appelle Benjamin et je joue du saxophone.
-Je suis Gésir, je joue du soubassophone-baryton, de la pelle et de la poubelle.
-Je suis Rodolphe et je joue de la trompette. »
Il y a aussi François, au trombone, et Kader à la guitare ou au banjo, ou au yukulélé, rajoute-t-il. Les Fils de Teuhpu, c’est donc un ensemble musical, avec beaucoup de cuivres et des instruments bizarres si possible, tels qu’une pelle électrique ou une contrebassine, qui est donc une sorte de contrebasse artisanale fabriquée à partir d’une poubelle, d’un bout de corde et d’un bâton. Le résultat est détonnant ; une musique très rythmée qui met au défi qui que ce soit de rester statique. Au delà des simples concerts, les Fils de Teuhpu s’amusent également à jouer sur des images de films. C’est ainsi qu’ils mettent en musique, dans une « escapade jouissive et sonore », selon leurs propres mots, deux films des années 1920 de Buster Keaton.
En tournée, ils restent néanmoins sur un format concert plus classique. Ce sont par ailleurs des habitués de la République tchèque, puisqu’ils y ont déjà joué à plusieurs reprises, à Prague ou dans des villes de province, soit en tant que Fils de Teuhpu, ou avec le groupe les Touffes Krétiennes, qui reviennent à Prague le 14 janvier prochain et qui compte parmi ses membres le batteur Poumtchak et le tromboniste François. On écoute leurs impressions :
« On aime bien venir ici, ça change. Ce n’est pas la même façon d’aborder les choses. Les gens ne sont tout simplement pas les mêmes, ils n’ont pas la même mentalité. On a fait pas mal de bars, ou plutôt des petits clubs. Et ce sont des lieux qui n’existent pas forcément en France. Il y en a pas mal en Allemagne et ici c’est à peu près la même chose. Mais c’est de toute façon assez dépaysant. On aime bien aller jouer ailleurs. »
Vous jouez ce soir au Cross Club qui est un club assez fréquenté en ce moment, où il y a beaucoup de jeunes, beaucoup d’étudiants, et qui est connu à Prague pour sa décoration particulière. Qu’est-ce que vous inspire cet endroit ?
« L’endroit est super, c’est magnifique, c’est un super bel endroit. On est content de jouer dans des endroits comme ça. C’est aussi le but du métier qu’on fait, de jouer dans des endroits uniques, sympathiques, extraordinaires. »
C’est donc une musique sans frontière que pratiquent les fils de Teuphu. Ils nous en donnent en quelque sorte la recette :
« Avec les Teuhpu, quand on arrive avec cette formule qui est plus ou moins une formule acoustique, avec des cuivres, et où on balance toutes les musiques dont on a envie avec toutes les influences que l’on veut – on fait aussi bien de la musique des Balkans, on fait aussi bien du jazz, du rock, du punk, du ska, du mambo, enfin tout ce qui nous passe par la tête, de l’afrobeat etc. – il se passe effectivement quelque chose. Les fils de Teuhpu, ce n’est pas un style de musique, c’est plein de styles de musique. Et il est vrai que les gens n’ont pas l’habitude d’entendre des groupes qui mélangent tout. Par conséquent, tout le monde peut s’y retrouver. »