Les frères Masin seront décorés par leurs compatriotes au Canada
La polémique sur une éventuelle décoration des frères Masin, fervents opposants au régime communiste et auteurs de la plus célèbre évasion de la Tchécoslovaquie totalitaire, revient régulièrement à l'ordre du jour dans leur patrie. Début novembre 1953, les frères Ctirad et Josef Masin, ainsi que leur compagnons, ont réussi à s'enfuir à Berlin-Ouest, en tuant dans leur fuite six personnes. Les communistes, contre lesquels ils ont lutté dès l'arrivée de ceux-ci au pouvoir en 1948, se sont vengés sur leurs proches et amis : vingt personnes de leur entourage ont été condamnées à des peines de prison.
Il y a sept ans, les actes des fils du colonel Masin, exécuté, lui, par les nazis, ont été déclarés juridiquement proscrits. Installés aux Etats-Unis, ils ne sont pourtant jamais revenus dans leur pays. Ici, ils passent tantôt pour des héros aventuriers, tantôt pour des criminels. Toute initiative en vue de les réhabiliter et de les récompenser pour avoir fait face à la dictature communiste, la dernière datant de 2004, provoque un tollé. Il n'en est pas de même outre-Atlantique : en juin prochain, à Halifax, au Canada, les frères Masin recevront le Prix Masaryk, attribué, depuis 1985, par les émigrés tchèques et slovaques au Canada.
A part Ctirad et Josef Masin, trois autres membres de ce groupe de résistants anti-communistes seront récompensés : Milan Paumer, revenu, quant à lui, en République tchèque, après la chute du régime, et deux amis des Masin, capturés lors de la fameuse fuite et exécutés. Ces derniers, ainsi qu'un membre de la famille Masin, lui aussi condamné à mort, seront décorés in memoriam. "Personnellement, j'apprécie plus cette récompense-là, attribuée par nos compatriotes au Canada, qu'une éventuelle distinction de la part de l'Etat tchèque. Au Canada, ils savent reconnaître à sa juste valeur ce qu'on a fait. Ici, en République tchèque, il n'y a que les prisonniers politiques et les anciens combattants qui nous comprennent. Mais les autres...", a dit Milan Paumer à la presse tchèque. Il n'empêche que les frères Masin figurent, cette année aussi, sur la liste de candidats aux plus hautes distinctions d'Etat. Un débat houleux est attendu de nouveau au Sénat, chargé d'examiner la liste, avant de la passer au président de la République.