La discussion sur la Troisième résistance est indispensable

Mirek Topolánek et Milan Paumer, photo: CTK

Après avoir remis une distinction aux frères Mašín, la semaine dernière à Washington, le Premier ministre tchèque a remis, mardi, la même distinction à Milan Paumer, dernier membre du groupe de résistants au régime communiste. Quelle est la signification de ce geste pour les anciens résistants et pour la société ?

Milan Paumer,  photo: CTK
Le groupe de résistants contre le régime communiste qu’on a appelé le « groupe Mašín » est assez controversé en Tchéquie. Au sein de la société, on pourrait dire qu’une moitié le considère comme un groupe de héros, l’autre moitié le qualifie de groupe de meurtriers. Ce groupe avait décidé de nuire au régime communiste par tous les moyens et de partir pour Berlin-Ouest ensuite. Seuls les frères Mašín et Milan Paumer ont réussi, mais en laissant six morts sur leur chemin, des membres des forces de sécurité tchèques et est-allemandes et un civil. Milan Paumer, après avoir reçu la Plaquette du Premier ministre, a déclaré qu’il appréciait cette distinction, mais il a aussi ajouté qu’il était persuadé que la loi était du côté des résistants au communisme. On l’écoute :

« Je pense que, même aujourd’hui, il existe des lois qui tiennent compte de nos activités et je me l’explique de la manière suivante : le meurtre d’un tyran n’est pas un meurtre. Ce n’est pas nous qui avons inventé la lutte des classes, nous y avons seulement répondu. Ils étaient armés, nous nous sommes donc aussi armés et avons fait front à la situation. »

Mirek Topolánek et Milan Paumer,  photo: CTK
Comme lors de la remise de sa Plaquette aux frères Mašín, le Premier ministre a insisté sur la nécessité d’ouvrir la discussion sur la résistance anti-communiste. Qui étaient ces résistants, pourquoi ont-ils participé à cette résistance, de quelle manière ? Ce sont les questions qui se posent, d’après le chef du gouvernement, qui ajoute encore :

« Naturellement, il est indispensable de discuter de cette question, de comparer le nombre de victimes de la résistance avec le nombre de personnes qui sont mortes sur les fils barbelés électrifiés lors des tentatives de fuir le pays totalitaire, combien de personnes sont mortes dans les camps d’internement communistes, dans les camps de travail forcé, dans les mines d’uranium de Jachymov et autres. Je suis sûr que cette discussion est nécessaire, pour nous-mêmes, pour nos enfants et petits-enfants. Je suis heureux que Milan Paumer reçoive cette distinction et devienne l’un des symboles de cette discussion. »

Actuellement un projet de loi qui reconnaîtrait la Troisième résistance (dans les 15 000 résistants selon les études réalisées) est en cours d’examen par les commissions du Sénat, qui devrait l’adopter sans problème. A la Chambre des députés, cela sera plus difficile car l’opposition social-démocrate, mais surtout communiste, est contre. D’après les anciens prisonniers politiques, cette loi devrait exister depuis longtemps.