Les « svarcvaldky », une des merveilles de la Forêt Noire

Bienvenue à l'écoute de Culture sans frontières, placée, évidemment, sous le signe des fêtes de Noël. Je vous propose, tout d'abord, de visiter le Musée des arts et métiers de Prague, rue du 17 novembre, pour retrouver le fameux tic-tac du coucou de nos grand-mères... et plus encore.

« En 1975, je crois, j'ai acheté une première pendule ancienne, assez rudimentaire, ovale, à encadrement fraisé et une peinture sur verre. Je l'ai installée chez moi et ça ma beaucoup plu. Un peu plus tard, je suis tombé sur des pendules au mécanisme en bois, ce qui est aujourd'hui un fait rare. Le fait que ces pendules fonctionnent encore m'a impressionné. En plus, elles sont très jolies à voir. Voilà pourquoi j'ai commencé à les collectionner systématiquement, » dit Milos Klikar.

Sa collection de pendules murales compte aujourd'hui une centaine d'exemplaires, dont la majorité sont exposés jusqu'au 8 janvier au Musée des arts et métiers. Il s'agit d'un type de coucous bien précis : des « svarcvaldky », comme on les appelle en tchèque, donc des pendules de Schwarzwald, ou, si vous voulez, de la Forêt Noire, une région située au sud-ouest de l'Allemagne. Les débuts de la fabrication des pendules locale, réputée dès lors dans le monde entier, remontent au XVIIe siècle. Ces premiers coucous ont été, paraît-il, fabriqués par des gens des montagnes pauvres. L'été, ils travaillaient chez les fermiers et l'hiver, pour se faire un peu d'argent, ils s'adonnaient à la fabrication des pendules. Certaines sources historiques évoquent aussi des horlogers menacés par la fabrication industrielle des montres qui se sont dès lors réorientés vers les pendules artisanales sculptées. Ce sont donc leurs créations tout en bois, richement décorées par de petites sculptures et du verre peint, qui seront planétairement connues en tant que pendules de la Forêt Noire. Evidemment, le bois y était abondant et l'industrie de verre florissante.

Destinées à une clientèle riche, principalement aristocratique et religieuse (les paysans déterminaient l'heure à partir du Soleil ou de la sonnerie des cloches), les pendules de l'époque sont devenues des oeuvres d'art, enchantant aussi bien la vue que l'ouïe. Rien que dans la collection de Milos Klikar, on trouve des pendules décorées par des oiseaux qui chantent, par des portraits de gens dont les yeux clignotent au rythme du balancier, on y voit des animaux de la forêt, des scènes de chasse et de danse, des sculptures de soldat, de cordonnier ou de prêtre, toutes, bien sûr, en mouvement. Certains chefs-d'oeuvre, ressemblant plutôt à de véritables horloges qu'aux pendules du salon, indiquent, en plus de l'heure, le jour de la semaine, le mois, la position des planètes et les signes du zodiaque.

Les « svarcvaldky » ont été fabriquées dès la fin du XIXe siècle aussi en Bohême, notamment à Broumov et à Chomutov. A partir du XVIIIe siècle, elles ont été exportées dans tous les pays d'Europe centrale, ainsi qu'en Angleterre et en France, qui avait, quant à elle, aussi sa particularité. Milos Klikar :

« La Forêt Noire et la France sont deux régions qui étaient étroitement liées l'une à l'autre, surtout au niveau du commerce. Il n'y avait presque pas de frontière entre elles. La spécialité française, c'était les horloges comtoises en fer. Les horlogers allemands se sont tout de suite inspirés et ont emprunté des 'comtoises' des plaques en métal et vice-versa. »

Les pendules anciennes de la collection privée de Milos Klikar sont exposées au Musée des arts et métiers de Prague jusqu'au 8 janvier prochain. A noter que pour le mois de janvier, le Musée prépare une exposition susceptible d'attirer les foules : on y montrera les bijoux de Maria Callas.

Auteur: Magdalena Segertová
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