Les Tchèques et le Prix Nobel

Elfriede Jelinek, photo: CTK

L'attribution des Prix Nobel suscite, tous les ans, l'intérêt des médias et du public en Bohême et en Moravie. Il en est ainsi, cette année aussi, bien que les Tchèques ne figurent pas au palmarès.

Elfriede Jelinek,  photo: CTK
Dire que les Tchèques ne figurent pas au palmarès du Nobel 2004, ce n'est pas tout à fait exact. Les pointilleux feront remarquer que du sang tchèque coule dans les veines du Nobel de la Littérature, l'Autrichienne Elfriede Jelinek. En effet, son père était un juif tchèque qui avait échappé à la déportation, dans les sombres années de la Deuxième Guerre mondiale, parce qu'il travaillait dans une usine d'armement. En Tchéquie, Elfriede Jelinek est connue surtout par le biais de l'adaptation au cinéma de son roman La pianiste. En revanche, le Nobel de la Littérature en 1984, ce fut un véritable Tchèque qui le remporta. Il fut décerné au grand poète Jaroslav Seifert pour « une poésie qui, par sa fraîcheur, sa perception sensorielle et sa créativité, présente une image libératrice de l'invincibilité et la multiplicité de l'âme humaine ». Il faut remonter un peu plus loin dans le passé pour découvrir le second Tchèque à avoir reçu le Prix Nobel. En 1959, le Nobel de la Chimie fut décerné au grand savant Jaroslav Hejrovsky, pour sa découverte d'une nouvelle méthode d'analyse, la polarographie et l'invention du polarographe, un appareil qui permet une analyse très précise des matières chimiques. Depuis des années, les Tchèques, du moins certains, attendent un peu avec impatience le résultat du vote de l'Académie suédoise pour le Nobel de la Paix. Cette année aussi, car l'ancien Président tchèque, Vaclav Havel, était nominé pour la huitième fois. Bien qu'ayant été longtemps premier dans les estimations des bookmakers, les académiciens de Stockholm ont donné leur préférence à la Kényane Wangari Maathai.

Dans le domaine de la science, comme l'écrit sur les pages du quotidien national Lidové noviny la directrice de l'Institut de médecine expérimentale de l'Académie des sciences de la République tchèque, Eva Sykorova, il n'est pas si facile que cela de proposer des candidats. En effet, elle fait des propositions au Comité Nobel, tous les ans, en ce qui concerne la science. Mais vu les quarante années de régime totalitaire d'avant 1989, les savants tchèques expérimentés, en âge de devenir des Prix Nobel, sont bien défavorisés face à leur concurrents du reste du monde. En effet, la voie du Nobel est jalonnée d'autres distinctions, nationales et internationales, ce qui manque aux personnalités scientifiques tchèques d'aujourd'hui. Eva Sykorova reste optimiste, car les autorités tchèques commencent à faire beaucoup pour la science, en organisant des concours tels que La tête tchèque, par exemple, qui est patronnée par les ministères, le gouvernement, le Parlement et certaines personnalités. Le Prix national de ce concours sera décerné pour les meilleurs résultats dans le développement de la science et de la technique et fera, peut-être, découvrir un futur Prix Nobel tchèque.