Fête nationale / TV Nova / Parti communiste / Prix Nobel de littérature / Milliardaires tchèques
La fête nationale du 28 octobre et le rachat de la télévision privée Nova par le groupe PPF sont les sujets qui ont dominé cette semaine les médias et qui sont également traités dans cette nouvelle revue de presse. Nous nous intéresserons ensuite à la question de savoir si le Parti communiste tchèque a fait son « autocritique ». Nous évoquerons aussi le prix Nobel de littérature à la lumière de la longue absence tchèque parmi les lauréats. Dernier sujet traité par cette nouvelle revue de presse : les attentes des milliardaires tchèques liées à la prochaine crise économique.
« Cette date est déterminante, car c’est à partir de là que la volonté libre des Tchèques qui a débouché sur la naissance de la république telle que nous la connaissons aujourd’hui, a pu être mise en valeur. Certes, on peut toujours considérer le 28 octobre comme une journée importante, car en 1918, les Tchèques se sont émancipés et politiquement établis. Toutefois, il ne s’agissait pas d’une libération de la dictature comme ce fut le cas en 1989. »
Le commentateur rappelle en outre que sous le régime communiste, le 28 octobre était célébré comme la journée de la nationalisation. Une raison de plus, estime-t-il, de transformer le 17 novembre en fête nationale officielle, qui serait l’occasion pour « le prochain président (de) ne pas omettre de décorer les véritables héros de notre époque ».
Les interrogations liées au rachat de la télévision Nova par le groupe PPF
Le 27 octobre redessine non seulement la carte médiatique locale, mais aussi celle politique. C’est ce que constate le commentateur de l’hebdomadaire Respekt en lien avec le rachat de Nova, la chaîne de télévision privée la plus suivie en Tchéquie, par le groupe PPF du milliardaire tchèque Petr Kellner, première fortune du pays :« Vers la fin des années 1990, la chaîne Nova, dirigée à l’époque par Vladimír Železný, s’est transformée en une arme politique. Il va de soi que le groupe PPF ne l’achète pas lui non plus tel un simple investissement économique. Il est en effet jusqu’à maintenant l’un des rares gros acteurs à ne pas posséder de média ou de parti politique en Tchéquie... Désormais, chaque politicien doit tenir compte du fait qu’il est risqué pour lui de contrarier les projets de PPF. Nova a une grande influence et on peut imaginer que ce dernier voudra en tirer profit. »
La rédactrice du site Mediaguru Martina Vojtěchovská confirme, elle aussi, toujours pour l’hebdomadaire Respekt, que cette transaction ouvre un nouvel espace d’influence tout en ajoutant :
« La situation d’aujourd’hui n’est pas la même que dans la deuxième moitié des années 1990 où la chaîne Nova dominait l’espace médiatique tchèque. Tout en demeurant importante, son influence, en comparaison avec la période écoulée, est quand même plus modeste. L’offre des médias est désormais beaucoup plus variée, une place de choix étant réservée à Internet et aux réseaux sociaux. »
Des relents néo-staliniens chez les communistes tchèques
Le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSČM) n’a pas l’intention de se présenter comme un parti ayant fait son autocritique suite à la chute du régime communiste. Un constat dressé dans une note publiée sur le site aktualne.cz en lien avec les déclarations de l’un des hauts représentants du parti selon lequel l’occupation de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie en août 1968 n’en était pas vraiment une. Selon lui, les personnes tuées lors de cette intervention militaire auraient été majoritairement victimes d’accidents de la route. La direction du parti quant à elle n’a pas pris ses distances par rapport à cette déclaration. Le commentateur a écrit à ce propos :« Le Parti communiste prétend regretter son passé totalitaire et les crimes du régime communiste. Il a pourtant montré à plusieurs reprises qu’il ne s’était pas débarrassé de ses instincts néo-staliniens. Au lieu de dénoncer fermement les déclarations provocatrices de certains de ses membres sur le passé récent, afin d’améliorer sa cote auprès du public, la direction du parti prend leur défense, comme elle l’a fait au sujet de l’occupation de la Tchécoslovaquie. Ainsi, le parti s’est défini plus clairement que jamais comme un successeur de la ligne post-stalinienne. »
Le commentateur remarque qu’à l’heure actuelle, il n’y a plus en Tchéquie qu’un noyau dur d’électeurs fidèles du Parti communiste, une importante partie de ses sympathisants ayant rejoint l’électorat du mouvement ANO d’Andrej Babiš ou celui des formations d’extrême droite :
« Il se peut que le Parti communiste de Bohême et de Moravie arrive d'ici quelques années à franchir la barre des 5% lui permettant d’être représenté au Parlement. Mais il est tout aussi probable qu’il ne pourra plus compter sur de nouveaux membres ou de nouveaux électeurs. Ainsi, il se dirige irrésistiblement vers les tréfonds de l’histoire, les mêmes qu’il destinait jadis à ses adversaires idéologiques. »
A quand un prix Nobel de littérature pour un auteur tchèque ?
Les Tchèques peuvent-ils espérer un jour un prix Nobel de littérature ?, s’interroge l’auteur d’une note publiée dans le quotidien Hospodářské noviny rappelant que le dernier lauréat tchèque était le poète Jaroslav Seifert en 1984. Selon lui, il est grand temps d’accepter que, très probablement, Milan Kundera ne l’obtiendra pas, se rangeant ainsi aux côtés d’autres grandes figures de la littérature mondiale comme James Joyce, Vladimir Nabokov, Graham Greene, Philip Roth, Umberto Eco... C’est du côté des jeunes talents qu’il faudra chercher, et cet espoir semble être justifié par la récente attribution du prix Nobel à deux auteurs d’Europe centrale, la Polonaise Olga Tokarczuk et l’Autrichien Peter Handke. Et de noter également :« L’attention et l’intérêt accordés aux lauréats du prix Nobel habituellement, c’est ce dont les écrivains tchèques ont grandement besoin, et pas seulement pour des raisons d’ordre matériel. On voit en effet que la popularité et le prestige de la grande littérature sont en baisse en Tchéquie. Existe-t-il alors parmi les écrivains tchèques quelqu’un qui puisse se faire remarquer en Suède? En apparence, la scène littéraire contemporaine locale n’offre pas de tels adeptes mais, comme on le sait, les académiciens suédois choisissent souvent des auteurs qui ne sont pas des célébrités reconnues. »
Dans la course au prix Nobel de littérature, seuls les auteurs dont les livres sont traduits en langues étrangères ont une chance de réussir, constate le chroniqueur du quotidien Hospodářské noviny. Et de citer, à titre d’exemple côté tchèque, Patrik Ouředník, Jáchym Topol, Radka Denemarková, Bianca Bellová ou Marek Šindelka. « Il faudra pourtant attendre un certain temps avant que les académiciens suédois ne tournent à nouveau leur regard vers l’Europe centrale », conclut-il.
Les milliardaires tchèques en attendant la prochaine crise
Les milliardaires tchèques commencent à se préparer à la prochaine crise économique : près d’un tiers d’entre eux l’attendent d’ici deux ans. C’est ce qui ressort d’une enquête effectuée par la banque J&T BANKA auprès de 165 personnes dont la fortune s’élève à plus d’un million de dollars. Le site echo24.cz a rapporté à ce propos :« Riches de l’expérience de la crise financière d’il y a dix ans, les milliardaires, dont la totalité à l’échelle nationale est évalué à 30 000, entendent faire des démarches pour se protéger et tirer même un certain profit de la décroissance de l’économie. C’est dans les domaines des technologies informatiques, les biotechnologies, l’économie de déchets ou les services sociaux qu’ils aperçoivent les opportunités les plus importantes. Et, traditionnellement, ce sont les terrains constructibles et l’immobilier qui représentent pour eux des investissements lucratifs. »
Le site echo24.cz indique qu’en Tchéquie, les grandes fortunes concernent quasi exclusivement les hommes : ils représentent 85% des personnes les plus riches du pays. L’âge moyen d’un milliardaire tchèque est de 53 ans.