Lettres et vainqueurs du concours de Radio Prague
Bienvenue à toutes et à tous à l'écoute de ce courrier qui ne sera pas comme les autres, car dans ce courrier, j'ai l'honneur de proclamer les vainqueurs du grand concours de Radio Prague. Lettres et vainqueurs du concours de Radio Prague J'espère que vous êtes tous assis auprès de vos postes pour bien écouter les noms de ceux qui ont remporté l'un des dix prix et, surtout, bien entendu, le grand prix qui est un séjour pour deux personnes en Tchéquie. Avant de vous révéler le nom de l'heureux gagnant, un bref récapitulatif : au mois de mars dernier, Radio Prague a lancé son grand concours 2005. La question était la suivante : La bière tchèque, qu'est-ce que cela évoque pour vous ?
Jusqu'au 15 juin, date de clotûre, Radio Prague a reçu 729 réponses qui ont témoigné de votre connaissance de la bière tchèque que certains d'entre vous ont eu l'occasion de goûter lors d'un séjour dans notre pays, de la connaissance des origines de cette boisson tant populaire, des noms de personnalités et de tavernes qui l'ont rendu célèbre. Non je ne vais pas vous laisser attendre plus longtemps.
Le grand concours 2005 de Radio Prague a été remporté par Mme Agnès Simoni de Marseille. Nos félicitations, chère amie !
Félicitations une fois encore, Mme Agnès Simoni, nous sommes très heureux que ce soit une auditrice des émissions en français de Radio Prague qui a remporté ce concours. Nous sommes heureux aussi que sur 729 participations que Radio Prague a reçues, plus de 130 nous sont parvenues de la part de vous, auditeurs des émissions en langue française. Je rappellerais que le premier prix est un séjour d'une semaine en République tchèque pour deux personnes offert par l'hôtel Falkensteiner Maria Prag. Les billets d'avions sont offerts par les Lignes aériennes tchèques.
Mais il n'y a pas que le premier prix dans ce concours, des prix de valeur attendent les auteurs des neuf autres meilleures réponses. Voici leurs noms :
M. Jean-Michel Aubier de France
M. Christophe Guichard de France
M. Gérard Venet de France
M. Bernard Marthoud de France
M. Daniel Stepanovsky de France
M. Raul Alexis de Belgique
M. Maurice Yon de France
M. Sufian Ibn Ahmad de Jordanie
M. Bernard Leblicq de Belgique
Félicitations à vous également !
Et maitenant, après que nous connaissons les noms de tous les vainqueurs, le moment est venu de lire à l'antenne la réponse du grand vainqueur, Mme Agnès Simoni que voici :
« La première fois que j'entendis parler de la bière tchèque, ce fut par ma tante Miluska, demi-soeur de mon père. Elle évoque pour la petite française que j'étais un pays où les champs de houblon remplacent les vignes de ma Provence, un pays où hommes et femmes prennent un plaisir extrême à porter à leurs lèvres de grosses chopes de bière mousseuse. Quelle merveille que cette bière. Dans mon esprit de jeune adolescente, elle devint synonyme de liberté, d'indépendance. Car j'imaginais que ces mêmes femmes défendaient leurs idéaux et leurs droits de la même façon qu'elles empoignaient leur verre de bière. Des années plus tard, cette idée allait se renforcer grâce à un livre auquel j'allais vouer un véritable culte : « La chevelure sacrifiée » de Hrabal. L'héroïne me fascinait par son esprit frondeur et spontané, par sa joie de vivre, par son attirance sensuelle pour la bonne chair et surtout par la façon qu'elle avait de boire la bière, comme on se rafraîchait à une source, avidement, jusqu'à plus soif. Que je l'aimais cette héroïne. Et sa chevelure coupée, j'aurais voulu la brandir au monde entier, comme l'étendard d'une vie pleine de bonheurs simples et beaux. La bière tchèque devint aussi, pour moi, l'expression de ces bonheurs. »
« En poursuivant mes promenades au travers de la littérature » continue Mme Simoni, j'ai découvert ces cafés pragois qui distillent tout autant la bière que le génie national. Comme j'ai pu rêver de ces hospody, ces tavernes si spécifiques, de ces kavarna où l'on pouvait prendre la même table pendant des années, de tous ces lieux où les Tchèques refont le monde en dégustant leur bière préférée. Il me semblait même voir danser, dans les volutes de fumée, les ombres du Golem et du brave soldat Chveïk.
Quelques années plus tard, en poursuivant des études de langues et notamment de tchèque car mes rêves d'enfant étaient tenaces, je découvris d'autres facettes de la bière tchèque, moins romanesques mais tout aussi importantes. Tout d'abord, c'est la qualité de son houblon /considéré comme l'un des meilleurs d'Europe/ et le savoir faire de ses brasseurs qui font de la République tchèque /avec la Grande-Bretagne, la Belgique et l'Allemagne/ l'un des quatre pays plus grands producteurs de bière d'Europe. Il existe donc de nombreux centres de brassage dans le pays, la plupart se trouvant en Bohême. Quelques noms que je voudrais partager avec vous me reviennent à l'esprit, noms magiques qui ouvrent sur un monde aux couleurs de la convivialité et des plaisirs du palais : Staropramen /avec sa bière Smichov, grand classique/, la plus grande brasserie du pays fondée en 1869 /. U Fleku, la plus ancienne taverne-brasserie du monde, puisqu'elle date de 1499, véritable Paradis des connaisseurs de bière où l'on trouve une bière typique, ambrée, sans étiquette /car elle n'est mise en bouteille/. Pilsen qui appartient à l'un des trois angles du « triangle d'or » /les deux autres étant Munich et Vienne/, où la fabrication commerciale de la Lager remonte au début du XIXe siècle. La cité donna même son nom à la plus légère et la plus blonde des Lagers, connue dans le monde entier par ces mots sur l'étiquette blanche et or : Pilsner Urquell. Cette dernière, de nombreuses fois récompensée lors des foires et des expositions internationales, largement exportée, représente pour la République tchèque un apport non négligeable de devises et ce n'est pas la moindre de ses qualités, ce qu'il fallait souligner. Mes souvenirs seraient incomplets si je n'évoquais pas Ceské Budejovice et sa brasserie Budvar fondée en 1895 qui produit l'une des meilleures bières du monde, la bière Budweiser.
Jamais je n'oublierai ma première bière tchèque prise à une terrasse ombragée du centre de Prague. Attablée à une grande table de bois clair sur laquelle jouait le feuillage d'un arbre, j'ai découvert une chope qui me parut énorme posée sur un sous-verre en carton. Puis il y eut cette couleur de miel et d'ambre dans laquelle j'ai plongé mon regard, ce frisson de mousse sur mes lèvres, cette âpreté vite balayée par la soif apaisée et enfin ce goût surprenant pour l'étrangère que j'étais, inoubliable... Et puis il y avait autour de moi ces visages réjouis, jeunes et vieux, parfois venant de milieux différents, parfois même étrangers, alors, en levant ma chope de bière, j'ai compris que ce breuvage était un peu magique et qu'il nous rassemblait tous. J'ai même eu une petite pensée pour ses champagnes et ces grands vins français que mes compatriotes aiment tant et que seuls quelques privilégiés peuvent s'offrir. La bière tchèque, elle, fait l'unanimité. L'unité nationale. »
Mousse sur les lèvres,
Caresse légère,
Goût profond au palais,
La bière tchèque est comme un baiser.
Comment t'oublier
O toi qui me l'a fait aimer !