L'internet dans les écoles

La Tchéquie veut être à la pointe du progrès. Cela concerne, aussi, le domaine de l'enseignement, donc l'équipement des établissements scolaires. On parle beaucoup, ces derniers temps, du projet du gouvernement de permettre à toutes les écoles tchèques d'accéder à l'internet. C'est le sujet de cette rubrique.

En général, on parle du projet gouvernemental sous l'appellation de « l'internet dans les écoles ». Le porte-parole de celui-ci, Jiri Chvojka, déclare que ce n'est pas son nom exact. En réalité ce projet se nomme « Infrastructure ». En effet, sa principale partie, que le ministère de l'Education nationale achètera au fournisseur, est représentée par un réseau intranet scolaire. Cela veut donc dire qu'il s'agit, en premier lieu, d'un réseau de base auquel seront connectées toutes les écoles. Ce réseau leur permettra, aussi, de se connecter au web et à un portail scolaire. Ce portail sera le fournisseur, en dehors des services techniques fondamentaux, de toutes les applications nécessaires à l'enseignement, selon les critères de la politique d'information de l'Etat. Le réseau de base devrait être terminé, dans un horizon de 10 à vingt ans. Vous vous direz, pourquoi un si long délai ? Tout simplement parce que ce réseau doit présenter une robustesse suffisante pour assurer la communication de près de 6000 écoles concernées, en République tchèque. En fin de compte, le ministère de l'Education nationale paiera le fournisseur pour la garantie du bon fonctionnement illimité de toute l'infrastructure. Cela veut dire, la connexion de haute qualité, à double sens, entre la station finale (l'ordinateur de l'élève à l'école) et le réseau « cérébral invisible », avec l'accès au web. Il s'agit, vraiment, d'un projet de grande envergure et des plus ambitieux...

Ce projet, en raison de ses ambitions peut-être, suscite des réactions diverses. Certains sont pour, d'autres contre. En effet, il ne s'agit pas seulement de créer le réseau intranet, mais aussi d'équiper en ordinateurs et périphériques toutes les écoles concernées. Un problème est apparu, tout de suite. Il s'avère que bon nombre d'écoles se sont déjà équipées en informatique, par leurs propres moyens. Le projet « Infrastructure » compte, lui, sur le fait que le ministère de l'Education nationale serait le propriétaire de tous les moyens informatiques dont les écoles disposeront. Et voilà le problème : les écoles devraient payer pour l'utilisation de ces moyens techniques. Mais les directeurs des écoles qui disposent, déjà, de l'informatique demandent pourquoi ils devraient payer pour ce qu'ils ont acheté eux-mêmes ? Ils réagissent, ainsi, au plan qui compte sur l'équipement prioritaire, dans la première vague, des écoles - 3620 établissements - qui sont les moins équipées...

Un exemple de ce litige pour tous. Le 11ème arrondissement de la capitale, Prague, a investi, lors des travaux du génie civil, dans la création d'un réseau de câbles optiques. L'arrondissement possède donc, actuellement, un réseau informatique local de haute qualité, auquel toutes les écoles primaires et secondaires sont connectées, depuis le début de cette année. Les responsables se demandent donc, avec beaucoup de réalisme, d'ailleurs, pourquoi les établissements scolaires devraient payer, lors de la mise en service du réseau planifié par le projet « Infrastructure ». En fait, payer pour ce qu'ils possèdent déjà et ce qu'ils ont payé, une fois déjà ! Le porte-parole du projet, Jiri Chvojka, voit les choses d'une manière différente : des négociations sont en cours pour que le réseau optique soit intégré au projet « Infrastructure ». D'après lui, les établissements scolaires, grâce à un contrat de trois ans avec le fournisseur, bénéficieront du service d'entretien gratuit, quelle que soit la nature de la propriété du matériel informatique. En plus de cela, toutes les données seront enregistrées sur un ordinateur central, ce qui exclura leur perte éventuelle. Après cette période de trois ans, c'est le ministère de l'Education nationale qui deviendra propriétaire de tous les équipements. Il n'est pas dit, pourtant, si cela concerne aussi le matériel acheté, avant la réalisation du projet, par les écoles.

Un projet grandiose, vraiment, mais qui coûte très cher. En effet, dans l'informatique ce n'est pas toujours le matériel qui revient le plus cher, mais les logiciels. Rappelons que le roi de l'informatique, Bill Gates, lors de son récent passage à Prague, s'est intéressé, de très près, au projet de l'internet dans les écoles tchèques. Il a offert de fournir en logiciels, toutes les écoles concernées... près de 6 000 ! Bonne politique, car les fameuses Windows promises ne sont qu'un logiciel de base et Bill Gates est loin de jouer au Père Noël. Il compte bien sur le fait que le ministère de l'Education se fournira, ensuite, en logiciels Microsoft ! Enfin, une bonne action quand même, représentant dans les 10 millions d'euros.

Et les plus intéressés dans tout ce projet ? Les directeurs des écoles et, surtout, les élèves ? Tout ce petit monde en attend beaucoup, car l'internet représente, vraiment, la révolution de l'information. Beaucoup d'établissements scolaires ne sont que faiblement équipés, comme par exemple une école primaire d'Olomouc, en Moravie du nord, dont le directeur, Jan Handl affirme : « Actuellement, nous disposons d'une seule classe informatique : 12 ordinateurs pour 640 élèves. C'est très insuffisant et je pense que nous disposerons de plus d'ordinateurs et autre matériel. Posséder un ordinateur pour une classe est un non sens. C'est comme apprendre l'école à jouer au volley-ball avec un seul ballon ! » Dans les grandes villes, les écoliers et les étudiants ont plus d'occasions de se familiariser avec les nouvelles techniques. A la campagne, pas très souvent. Et pourtant, l'intérêt est énorme. A Albrechtice, petite commune de la Bohême du nord, l'école primaire ne possède qu'un seul ordinateur, en dehors de la classe informatique, à la disposition de tous les élèves, et pas des plus sophistiqués. Il se trouve dans la loge du gardien et est utilisé par les 372 élèves, bien avant la première sonnerie du matin. La majorité y prend connaissance de son courrier électronique ou écrit des mails. Le directeur déclare : « Je suis très souvent surpris parce que les écoliers me demandent ! » En effet, le PC est utilisé aussi pour la communication entre les élèves et la direction. Ce que les élèves apprennent dans la classe informatique, ils l'emploient ensuite sur leur ordinateur « public ». Une bonne initiative, car très peu d'écoliers peuvent utiliser un ordinateur, à la maison, dans une région plutôt agricole.

Conclusion : actuellement, 720 établissements scolaires tchèques ont été contactés par le fournisseur du projet « Infrastructure ». Quelques milliers le seront encore. Certains disent que ce projet coûte trop cher, que sa rentabilité est évasive. Les spécialistes, eux, sont clairs : sans la formation à l'informatique, dès le plus jeune âge, l'élève tchèque serait défavorisé, face à ses semblables du monde moderne du troisième millénaire. En plus, dans un domaine qui intéresse, fabuleusement, la jeune génération. Qu'en pensez-vous ? Quelle est la situation dans votre pays ? Nous attendons vos réactions et les présenterons, avec plaisir, sur les ondes et le site web de Radio Prague.