Milan Rastislav Stefanik

Milan Rastislav ©tefánik

Le 21 juillet nous avons commémoré le 120e anniversaire de la naissance en 1880 de l'homme politique, militaire, diplomate et astronome d'origine slovaque, Milan Rastislav Stefanik, qui a contribué considérablement à la naissance du premier Etat commun des Tchèques et des Slovaques.

Milan Rastislav ©tefánik
La vie de Milan Rastislav Stefanik commença le 21 juillet 1880 à Kosariska en Slovaquie. Il fut le sixième enfant du pasteur évangélique Pavol Stefanik et sa femme Albertina. Après avoir terminé ses études secondaires, M.R.Stefanik alla, en 1899, à Prague où il commença à étudier le génie civil, comme le désirait son père, un homme autoritaire. Or l'obéissance céda bientôt à un fort intérêt personnel: le jeune Stefanik se fait inscrire à l'Université Charles, option astronomie. A Prague, il est à l'origine de la naissance de plusieurs cercles d'étudiants progressistes et coopère avec le journal Cas /Temps/ de Tomas Garrigue Masaryk où il analyse les problèmes de la Slovaquie, démasque les abus de la politique de magyarisation en Slovaquie et invite à la mutualité tchéco-slovaque...

Diplômé en astronomie, M.R. Stefanik ne put naturellement pas mettre en valeur ses connaissances en Autriche-Hongrie. C'est pourquoi il choisit Paris, comme point de départ de sa carrière professionnelle. Sur recommandation de Camille Flammarion, astronome et écrivain célèbre, il commença à travailler à l'observatoire astronomique de Meudon près de Paris, sous la direction de J.Jannsen, une des grandes personnalités du "monde des astres" de l'époque. Il se lança immédiatement dans un travail dont le bilan est: sept études dans les Comptes-rendus, publications périodiques de l'Académie française des Sciences; trois séjours de recherches au sommet du Mont blanc où Jannsen fit construire un petit observatoire; un prix de la Société astronomique française, etc. M.R.Stefanik fut un bon spécialiste, un pionnier des observations en haute montagne et dans l'hémisphère sud et à ce titre il fut décoré, entre autres, de la Croix de chevalier de la Légion d'honneur.

La noblesse de sa conduite, son charme personnel et son magnétisme extraordinaire, rehaussés de son élégance exquise, vouèrent Stefanik à être au centre de nombreux cercles culturels, scientifiques et mondains. Tel fut son rôle non seulement à Prague mais aussi dans la métropole française et dans le monde entier. F.X.Salda, grand esprit critique de la littérature tchèque l'a probablement défini le mieux:" A Paris, Stefanik mûrit et devint un gentleman, un homme d'une grande hauteur d'esprit et d'une culture noble intérieurement et extérieurement. S'il y avait quelque chose de provincial en lui, cela a disparu spontanément au contact du grand monde parisien auquel il a accédé, dès son installation". Ajoutons que dans ce monde il se fit de nombreux amis politiques influents qui allaient être des collaborateurs hors de pair lors de son importante mission à venir.

Lorsque retentirent les premiers coups de fusil de la première guerre mondiale, Stefanik entra à l'école d'aviation de Chartres où il fit une carrière vertigineuse lorsque, en 1918, sa casquette porte déjà des feuilles de chêne de général de brigade. Il commença à voler dans la formation de l'escadre MF 54 dans la dixième armée française qui devait empêcher les Allemands de faire une percée près d'Artois. Dès le début de décembre, M.R.Stefanik anima la société du salon de la publiciste Louise Weiss et de Claire Bois de Jouvenel, la "Slave française", où se réunissait la fine fleur culturelle et politique de France et des autres pays. C'est ici qu'il fit connaissance d'Edvard Benes. On peut dire que ce fut le jour où Stefanik entra dans la résistance tchèque à l'étranger.

La conception fondamentale de la résistance à l'étranger fut élaborée et présentée à l'opinion mondiale par T.G.Masaryk, en 1914, peu après son émigration en Suisse et en Angleterre. Elle supposait la constitution d'Etats nationaux sur les ruines de l'Empire austro-hongrois. Indépendamment de T.G. Masaryk, Stefanik aboutit à un projet semblable bien que moins détaillé. C'est pourquoi les deux parties considéraient une coopération mutuelle comme naturelle et bienvenue.

Dès le début de 1916, Stefanik devint membre du Conseil national tchécoslovaque, organe suprême de la résistance tchéco-slovaque à l'étranger. Ses activités ont été axées sur deux domaines notamment: la diplomatie, dans laquelle son rôle était de présenter et de propager l'idée de création de l'Etat tchécoslovaque, et le domaine militaire, soit la formation de l'armée tchécoslovaque indépendante à l'étranger. C'était en effet deux facteurs par lesquels les puissances de l'Entente conditionnaient la reconnaissance du nouvel Etat. Edvard Benes a le mieux exprimé l'importance des activités diplomatiques de Stefanik: « C'était surtout lui qui préparait l'accès de notre Conseil national aux milieux politiques de l'Entente, qui mettait nos collaborateurs en contact personnel avec les personnalités éminentes, qui posait les premières bases de nos activités diplomatiques et qui était notre premier et meilleur diplomate... » (fin de citattion).

La constitution de l'armée tchécoslovaque à l'étranger était la seconde sphère importante du travail de Stefanik. Il recruta notamment des prisonniers de guerre de l'Autriche-Hongrie, de nationalité tchèque et slovaque, concentrés en grand nombre en Russie et en Italie. Il prépara ainsi le terrain pour Tomas Garrigue Msaryk qui constitua ensuite les légions, en 1918. Le même an, une armée tchécoslovaque comptant plus de cent mille hommes combattait sur les fronts européens aux côtés des troupes de l'Entente. L'intervention de cette armée devenait plus tard l'un des arguments principaux permettant la reconnaissance de l'Etat tchécoslovaque par les gouvernements de l'Entente, en octobre 1918.

Le 4 mai 1919, Stefanik s'embarqua à bord d'un avion à l'aéroport de Campo Formido pour s'envoler pour la capitale slovaque Bratislava. Juste avant de se poser sur terre, l'avion s'effondra en flammes sous les yeux de la représentation politique slovaque, de la mère de Stefanik et de ses soeurs et frères... Il n'avait que 39 ans et pouvait encore beuacoup faire pour le nouvel Etat.

Auteur: Astrid Hofmanová
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