Un vieil opéra rajeuni
La Clemenza di Tito est un opéra de Mozart, qui malgré la gloire et le génie de son auteur, ne figure pas souvent au programme des théâtre lyriques. Il n'a pas peut-être la veine dramatique d'autres opéras de Mozart, mais il ne manque pas de style et de beauté musicale. Conçu pour Prague à l'occasion du couronnement de l'empereur Léopold II, l'opéra avait été donné pour la première fois en 1791 au Théâtre des Etats sous la direction de l'auteur. C'est le même théâtre qui abrite ces jours-ci quatre représentations de ce drame lyrique préparées par un ensemble international, en collaboration et avec les chanteurs qui étudient dans la majorité des cas à l'Ecole supérieure de musique et de théâtre de Hambourg. La mise en scène a été confiée à Wolfgang Christian Ansel, la scénographie à Daniel Dvorak et la direction d'orchestre à Jan Chalupecky. Ils ont cherché à actualiser cette histoire de l'empereur romain Titus qui, généreux et clément, pardonne ceux qui ont préparé un attentat contre lui. Sur la scène on voit quatre escaliers en forme de pyramide qui permettent les changements de décors rapides, les costumes situent l'action plutôt dans le temps moderne, la présence des comparses en uniformes donne au spectacle un climat vaguement totalitaire. Bien que l'orchestre manque d'éclat et de finesses, les chanteurs, en majorité jeunes et au physique agréable, surprennent par la beauté et la fraîcheur de leur voix. C'est la cantatrice bulgare Ioanna Tzoneva qui se présente dans le rôle extrêmement difficile de Vitellia. Sans être tout à fait à la hauteur des difficultés techniques accumulées par Mozart dans ce rôle, elle réussit à donner à son personnage une tension dramatique qui s'étend sur les autres chanteurs et finalement aussi sur tout le spectacle. Holger Marks qui a incarné Titus possède une voix malléable qui se plie bien aux fioritures mais qui manque un peu de force. La mise en scène souligne l'action par des attitudes et des gestes très stylés qui donnent au spectacle un caractère hiératique. En somme, un spectacle qui est une jolie contribution au programme culturel de Prague pendant les vacances et qui montre que l'Ecole supérieure de musique et de théâtre de Hambourg ne manque pas de talent prometteurs.