Démographie : un « papy boom » en 2030 ?
Selon l'Institut de statistiques tchèque, l'évolution de la population devrait différer du reste de la vieille Europe. En effet, le baby boom des années 70 augure l'apparition d'une armée de vieillards dans les années 2030. Par Béatrice Cady.
Le phénomène de vieillissement de la population, problème récurrent dans tous les pays industrialisés, est tout aussi prégnant en République tchèque. De plus, le taux de natalité qui, après celui des Lettons, des Bulgares et des Espagnols, est l'un des plus bas d'Europe, ne permet pas le remplacement des générations et sera, à court terme, inférieur au taux de mortalité.
Les statisticiens décrivent trois variantes de développement de la population : la plus optimiste prévoit une diminution de 70 000 personnes et selon la plus pessimiste, le nombre d'habitants chuterait de 10 à 9 millions. L'hypothèse intermédiaire, et selon les statisticiens la plus probable, est que le nombre d'habitants baisse de 600 000 personnes d'ici à 2030.
Cette deuxième hypothèse implique également une restructuration de la pyramide des âges qui s'opérera principalement durant la deuxième moitié de la prochaine décennie, quand la génération d'après-guerre prendra sa retraite.
Actuellement, la pyramide des âges de la République tchèque ressemble à celle du reste de l'Europe : élargie à la base et étroite au sommet, avec une forte population active jeune. Cependant, dans les prochaines années, la pyramide sera sur une base encore moins stable qu'en Europe de l'Ouest, selon le statisticien Ales. Cette évolution s'explique par le fait que la Tchécoslovaquie, à la différence du reste de l'Europe, a connu un baby boom dans les années 70. D'ici 30 ou 40 ans, ces jeunes Tchèques, plus nombreux de leur génération que leurs voisins européens, formeront le gros du papy boom de 2030.
L'espérance de vie des hommes devrait atteindre 75 ans et celle des femmes 80 ans en 2030, ce qui correspond à la situation actuelle des pays industrialisés. Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'entrée dans l'Union européenne ne contribuera pas au dépeuplement de la République tchèque, tout au plus à la libre circulation de la population active. D'après l'exemple de pays récemment entrés dans l'U.E., la population active tend à ne s'installer pour travailler à l'étranger que de façon provisoire. Le problème majeur reste donc celui du taux de natalité, insuffisant à compenser le nombre de décès et le vieillissement de la population. Ainsi, la population tchèque, comme beaucoup d'autres dans les pays industrialisés, ne devrait son salut qu'à la fécondité des immigrants.